Ouïghours: le rapport « ouvre la porte à de nouvelles démarches »
Le rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme au sujet de la région chinoise du Xinjiang (nord-ouest) « ouvre la porte à de nouvelles démarches afin de garantir le respect des obligations internationales en matière de droits humains », a estimé la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib, sans détailler quelles pourraient être ces nouvelles démarches.
La ministre s’exprimait en ouverture des journées diplomatiques qui durent toute la semaine à Bruxelles. Les ambassadeurs, consuls généraux et représentants permanents belges auprès d’institutions internationales se réunissent à cette occasion dans la capitale.
Interrogée par Colette Taquet, ambassadeur à Singapour, au sujet de la politique belge vis-à-vis de la Chine, la nouvelle ministre libérale est revenue sur le très attendu rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme consacré aux allégations de violations des droits de l’homme de la part du régime chinois à l’encontre des Ouïghours et d’autres minorités musulmanes vivant au Xinjiang. Le rapport a été publié in extremis, à quelques minutes de la fin du mandat de Michelle Bachelet à la tête du Haut-Commissariat, un timing qui suffit à démontrer la délicatesse du sujet.
Le rapport confirme les détentions arbitraires et parle de « violations graves des droits humains » découlant de la politique de contre-terrorisme et contre-« extrémisme » du gouvernement chinois.
« La Belgique prend ce rapport très au sérieux. Son contenu ne constitue par une surprise mais apporte un statut plus officiel aux récits crédibles des graves violations des droits humains commises au Xinjiang », indique lundi Hadja Lahbib. Le pays « se concerte avec ses partenaires sur le contenu du rapport et le suivi à apporter aux recommandations » qui en occupent les deux dernières pages. La ministre rappelle par ailleurs que des sanctions ont déjà été prises au niveau européen.
Alors que la Chine est un acteur incontournable sur la scène internationale, ses agissements aussi bien vis-à-vis des Ouïghours qu’en mer de Chine méridionale, par exemple, mettent ses partenaires occidentaux prônant le respect du droit international en situation délicate. « La vision stratégique de 2019 sur les relations UE-Chine reste le cadre dans lequel nous nous inscrivons, définissant la Chine à la fois comme un partenaire, un concurrent et un rival », résume Hadja Lahbib. Celle-ci prône une relation « constructive mais aussi critique », dans laquelle « nous communiquons à la Chine nos lignes rouges, sans pour autant utiliser la politique du mégaphone ».
Parallèlement, il reste des outils à améliorer, estime-t-elle. « Nous devons renforcer la boite à outils européenne pour mieux protéger nos valeurs et intérêts. Je pense notamment (…) au screening des investissements étrangers. Enfin, nous devons renforcer notre résilience et autonomie stratégique, ce qui passe par un renforcement de nos relations avec les (autres) pays de la région ».
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici