Opération tourbières dans la forêt congolaise (En images)
Une équipe scientifique a récemment mis au jour une nouvelle aire de tourbières dans la forêt congolaise. Cette banale zone marécageuse, en apparence, constitue à la fois une aubaine pour les populations locales et une menace potentielle pour la planète entière si elle en venait à relâcher, dans l’atmosphère, les gigantesques quantités de carbone qui s’y sont accumulées depuis des milliers d’années. Par Caroline Thirion/Divergence Images.
La forêt du bassin du Congo, » deuxième poumon de la planète » après l’Amazonie, n’a jamais aussi bien porté son surnom… La découverte récente, par images satellite, d’une zone de tourbières à cheval sur les deux Congo constitue un nouvel enjeu global climatique de taille.
La tourbe contenue dans ces zones humides renfermerait une quantité estimée à 30,6 milliards de tonnes de carbone piégées sous la terre, sur une surface aussi vaste que l’Angleterre. Soit l’équivalent de ce que les Etats-Unis ont émis comme rejets carbone depuis vingt ans. Une équipe de scientifiques des universités de Leeds (Royaume-Uni) et Kisangani (République démocratique du Congo) a lancé en juin dernier une expédition avec l’aide de Greenpeace.
Son but : étudier cette nouvelle zone, et sensibiliser les populations locales – pour lesquelles les tourbières sont sources de revenus et de subsistance -, les autorités congolaises et la communauté internationale, à la préservation de ces importants » puits de carbone « .
Si ces zones humides étaient asséchées et relâchaient ces grandes quantités de gaz dans l’atmosphère, cela provoquerait, outre des dégâts à une biodiversité remarquable, une catastrophe environnementale majeure impactant encore davantage le processus de réchauffement climatique. Comme cela s’est déjà produit en Indonésie et en Russie.
Des campements de pêcheurs sont aménagés le long de la rivière Ruki par les villageois locaux, qui profitent ainsi des tourbières, riches en poissons, insectes et plantes.
Au camp de pêche de Mpeka installé sur la rivière Ruki, le chef du village fait bouillir l’écorce d’arbres de la forêt qu’il utilisera comme remède traditionnel.
Les tourbières constituent une source importante de revenus et de subsistance pour les communautés autochtones. Elles y pratiquent la pêche artisanale, la chasse et la cueillette depuis des siècles.
La docteure Greta Dargie et son équipe de scientifiques de l’université de Leeds, accompagnée du professeur Corneille Ewango, de l’université de Kisangani, embarquent pour une expédition de trois mois au sein de la forêt tropicale congolaise. Leur projet : étudier une nouvelle zone de tourbières du bassin du Congo, sur un affluent de la rivière Ruki, dans la province de l’Equateur.
Pour se déplacer sur l’eau, les pêcheurs utilisent des pirogues
Greta Dargie analyse un échantillon de tourbe. Objectif : calculer la profondeur, et estimer la densité du carbone contenu sous terre. La couleur brun foncé et la substance indiquent que l’échantillon contient des matières organiques fortement décomposées, ce qui signifie que la densité de carbone est élevée.
Nick Girkin (université de Leeds) calcule les niveaux de gaz (dioxyde d’azote, gaz méthane et dioxyde de carbone) que les arbres des tourbières peuvent absorber et stocker. Ces gaz à effet de serre polluants, qui sont produits par l’industrie mondiale, contribueraient directement aux changements climatiques s’ils étaient rejetés dans l’atmosphère.
Pour se déplacer sur l’eau, les pêcheurs utilisent des pirogues.
Les tourbières du Congo abritent aussi une incroyable biodiversité d’insectes. Cet écosystème fragile est jusqu’à présent intact et protégé car il est en permanence inondé et difficilement accessible.
Les scientifiques tracent un transect (une ligne, virtuelle ou physique) depuis l’embouchure de la rivière, à travers la forêt, jusqu’à la zone des tourbières où ils vont prélever des échantillons. Ils étudient également l’environnement écologique et identifient les espèces d’arbres qui entourent les tourbières de cette forêt.
L’agriculture industrielle, l’exploitation forestière et pétrolière font partie des principales causes de la dégradation de la forêt du bassin du Congo. Les tourbières et leur rôle crucial dans la régulation du climat mondial sont menacés.
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