On a donné la parole aux victimes du chef de guerre Joseph Kony (en images)
C’est l’homme le plus recherché d’Afrique : le chef de guerre Joseph Kony, à la tête de l’Armée de résistance du Seigneur. Ce groupe rebelle fanatisé est responsable de la mort de plus de cent mille personnes en Afrique centrale et de l’enlèvement de dizaines de milliers d’enfants. Paroles aux victimes.
Tristement célèbre pour une campagne d’enlèvements de civils en Afrique centrale, la Lord’s Resistance Army (LRA, Armée de résistance du Seigneur) du » messie sanguinaire » Joseph Kony est toujours présente dans la région frontalière entre la République démocratique du Congo et la République centrafricaine, où elle se finance grâce au braconnage, à l’extorsion et à l’exploitation minière illégale et bénéficie d’une impunité lié à l’absence d’Etat de droit.
Redoutée pour avoir défiguré ses victimes et enlevé des dizaines de milliers d’enfants afin de les utiliser comme enfants soldats et esclaves sexuels, la LRA est aujourd’hui affaiblie mais continue d’être active en menant ses attaques dans des villages reculés.
Les longues années de guerre en brousse, menées par ce groupe rebelle contre le gouvernement ougandais, qui visaient à instaurer une théocratie fondée sur les Dix commandements, ont tué près de cent mille personnes et contraint environ 1,2 million de villageois à être déplacés en Ouganda.
En 2005, la LRA s’est installée dans le nord-est du Congo avec un premier groupe, qui sera suivi par un plus grand nombre de soldats et par le chef lui-même. Après une attaque de l’armée ougandaise contre le camp de base de Kony en 2008, la LRA a lancé une série d’attaques contre la population du Haut-Uele. Le déploiement de forces de l’Union africaine appuyé par les Etats-Unis a permis l’arrestation de centaines de lieutenants de la LRA. Mais Joseph Kony court toujours. La Cour pénale internationale a lancé un mandat d’arrêt contre lui pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
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Jeanne Mihinitile, 21 ans, kidnappée en 2008 à 11 ans. A passé huit ans en brousse. Sa fille est l’enfant qu’elle a eue avec un commandant de la LRA à qui elle à été offerte. » Ils ont massacré des gens. Dans la brousse, nous mangions ce que nous trouvions. Lorsqu’on vous donne à un homme, vous n’avez pas à discuter. Notre activité principale était de piller. On n’avait pas le droit de poser des questions sinon c’était la mort. «
Joseph Weibisi Bangu, 23 ans, cultivateur. » J’ai été pris dans une embuscade au mois d’octobre 2018 lorsque je roulais à moto. Je transportais un enfant de 10 ans et une femme. Un LRA est sorti de la brousse et m’a tiré dessus pour nous dépouiller. J’ai été touché au bras et nous sommes tombés. L’enfant était blessé à la jambe. A l’hôpital de Niangara, on m’a demandé de l’argent avant de me soigner. Ensuite, les médecins m’ont dit qu’il fallait m’amputer. Ils m’ont à nouveau demandé de l’argent.
Chefs coutumiers aux cérémonies de reconnaissance des victimes de la LRA, en décembre dernier à Faradje, province du Haut-Uele.
Samuel Mingelevulu, 24 ans, enlevé à 17 ans. A passé deux ans en brousse. J’étais en 5e secondaire. Ils sont arrivés à l’école et nous ont ligotés puis nous ont emmenés en brousse. A des combattants, ils donnaient une fille et un garçon en disant : » Voici votre femme et votre fils, prenez soin d’eux parce que vous formez une famille maintenant. » Pour nous, les garçons, notre travail était l’agriculture. Si tu tentes de t’évader, on t’attache à un arbre et on oblige les autres à te frapper jusqu’à la mort. «
Des victimes de la LRA jouent leur propre rôle dans une pièce de théâtre montée pour les cérémonies de reconnaissance des victimes de la LRA.
Mgr Julien Andova Mbia, évêque d’Isiro-Niangara, dans l’église de Faradje.
Simon, 15 ans, incarne un soldat LRA dans la pièce de théâtre mentionnée plus haut.
Policier de la garde rapprochée du gouverneur du Haut-Uele à Faradje.
Marie Mbitile Adesa, 20 ans. A passé sept ans en brousse. Mutilée par la LRA.
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