Noire Caraïbe: plongée au coeur de la culture unique des Garifunas (En images)
Les Garifunas, issus du métissage des indigènes arawaks et d’anciens esclaves venus d’Afrique, peuplent depuis le xviiie siècle la côte courant du Belize au Nicaragua. Au Guatemala, ils ont fondé La Buga, future Livingston. Aujourd’hui encore, leur culture unique est bien vivante. Par Patxi Beltzaiz.
Située à l’embouchure du Rio Dulce, au fin fond de la baie d’Amatique, Livingston ne peut être gagnée que par bateau. Ici, en terre garifuna, le Guatemala n’entre pas en résonance avec les peuples mayas mais avec l’Afrique. Juan Carlos Sanchez retrace avec fierté l’histoire de ses ancêtres. Partis d’Afrique occidentale vers 1655, deux galions chargés d’esclaves firent naufrage dans les Caraïbes, sur l’île de San Vincent, peuplée d’Amérindiens arawaks. Africains et indigènes se combattirent pour ensuite se mêler, donnant naissance au peuple garifuna. Au fil de l’histoire, leur odyssée les a amenés à s’installer tout le long des côtes centro-américaines.
L’histoire de Livingston débute en 1802 lorsque Marcos Sanchez Diaz, à la tête d’un groupe de Garifunas et de » Noirs français « , fonde la ville de La Buga. Trente ans plus tard, elle sera rebaptisée de son nom actuel, en l’honneur du juriste nord-américain qui inspira le Code pénal guatémaltèque. Jusqu’à ce jour, Livingston a préservé sa culture unique. Si la Semaine sainte y est célébrée comme dans l’ensemble du pays, en réalité elle cohabite ici avec les croyances et les traditions garifuna. Aux processions catholiques succèdent ainsi des joutes dansées sur la plage au rythme de la punta, la musique traditionnelle.
Comme sur l’ensemble du continent sud-américain, l’émigration vers les Etats-Unis est aujourd’hui très forte. Cependant, une cohésion familiale et rituelle transnationale a toujours été préservée. Si l’influence nord- américaine est indéniable à Livingston, on peut malgré tout constater qu’elle ne supplante pas pour autant la culture ancestrale. Aujourd’hui, les musiciens de punta portent une casquette de base-ball mais n’ont pas délaissé leurs tambours traditionnels.
Pour de nombreux Garifunas de Livingston, l’économie informelle reste le seul moyen de subsistance. Ainsi, ce vendeur de rue parcourt les plages à vélo pour vendre de la nourriture.
Après avoir remonté le rio Dulce en bateau, on débarque à Livingston. L’entrée de la ville est une succession de pontons qui s’étirent sur la rive nord du fleuve.
A l’occasion de la Semaine sainte, de véritables joutes dansées s’organisent sur les plages, au son de la punta, la musique traditionnelle des Garifunas.
Pour les processions de la Semaine sainte : robe blanche et ailes d’ange. Un catholicisme teinté de croyances anciennes mais vivaces.
De nombreux Garifunas ont dû émigrer aux Etats-Unis pour des raisons économiques. Aujourd’hui, l’influence nord-américaine est notable.
Au soleil couchant, les vautours viennent se nourrir sur la plage.
Un seul bateau part tous les jours à l’aube pour rejoindre le port de Puerto Barrios, un peu plus au sud-est de la baie d’Amatique.
Comme un symbole de l’ascendance nord-américaine croissante, la carcasse d’une glacière Coca-Cola abandonnée sur la rive du rio Dulce, à quelques centaines de mètres des hôtels les plus éloignés du centre.
Sur les hauteurs de Livingston, les maisons sont faites de bois et de tôles, tandis qu’au large croise un yacht.
Trois jeunes filles apprêtées déambulent sur la rue principale pendant la Semaine sainte. De nombreuses familles ont amélioré leur train de vie en émigrant aux Etats-Unis et aiment à le faire savoir.
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