Nicaragua
Au Nicaragua, le pouvoir se concentre autour de la famille présidentielle. Daniel Ortega, le président, sa femme Rosario Murillo, vice-présidente, avec Maurice Facundo et Camilla, deux de leurs enfants. © belga

Nicaragua: l’alliance du président Ortega remporte un nouveau scrutin controversé

L’alliance dirigée par le parti du président socialiste Daniel Ortega a remporté à une immense majorité les 153 mairies en lice lors d’un scrutin controversé dimanche au Nicaragua, selon des résultats partiels publiés lundi par le Conseil suprême électoral (CSE).

L’alliance « Nicaragua Triunfa », dirigée par le Front sandiniste de libération nationale (FSLN), a remporté pour la première fois l’ensemble des municipalités, dont la capitale Managua, indique le CSE. « Nous avons conclu avec succès un exercice civique et souverain », a déclaré la présidente du CSE, Brenda Rocha, lors d’une conférence de presse. 

Plus de 3,7 millions de personnes âgées de plus de 16 ans étaient appelées à élire dimanche leur maire, adjoints et conseillers. Selon le CSE, le taux de participation a été de 57,09% et l’abstention de 42,91%. Mais l’observatoire indépendant Urnas Abiertas a estimé que l’abstention avait atteint 82,7%, selon un sondage avec un taux de confiance de 95%. 

Le Conseil suprême électoral a déclaré que les Sandinistes ont obtenu 73,70% (plus de 1,4 million de voix) des deux millions de votes qui ont été validés pendant la journée. Le FSLN a participé au scrutin aux côtés de quatre partis de droite que l’opposition qualifie de « collaborationnistes » et d’un parti indigène. 

Selon le bloc d’opposition « Unidad Nacional Azul y Blanco », dont la direction est en exil, Daniel Ortega a mené « cette farce municipale pour consolider son contrôle absolu » sur le pays. Lors de la période précédente (2017-2022), le FSLN avait remporté 141 municipalités et, ces dernières années, les conseillers de trois municipalités d’opposition ont été remplacés par des sandinistes.

La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a déploré vendredi « l’absence de conditions minimales » pour des « élections libres » au Nicaragua.

Le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) s’est dit « préoccupé » par les informations faisant état de la détention présumée d’au moins huit personnes pendant le processus électoral. 

M. Ortega, au pouvoir depuis 2007 et accusé par ses opposants d’autoritarisme et de népotisme, a remporté un quatrième mandat consécutif en 2021 lors d’un scrutin d’où étaient absents tous ses adversaires potentiels de poids, arrêtés ou contraints à l’exil.

De l’avis du dissident sandiniste et universitaire indépendant Oscar René Vargas, également en exil, Daniel Ortega, 76 ans, tente de convaincre ses détracteurs qu' »il est là pour rester au pouvoir » et promouvoir, peut-être, un dialogue, étant donné la crise que traverse le pays depuis les manifestations de l’opposition en 2018 réclamant son départ. 

Le gouvernement les a sévèrement réprimées, considérant les manifestations comme une tentative de coup d’Etat avec le soutien des Etats-Unis. Plus de 200 opposants sont en prison. 

Contenu partenaire