Négociations Poutine
Plus stratège que son partenaire, Vladimir Poutine souffle le chaud et le froid avec Donald Trump. © GETTY

Négociations sur la fin de la guerre en Ukraine: le «un pas en avant, deux pas en arrière» de Poutine

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

A la faveur d’un entretien avec Donald Trump, le président russe accepte un cessez-le-feu sur les infrastructures mais exige l’arrêt de l’aide occidentale pour envisager un accord de paix.

L’entretien téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 18 mars n’inspirait que peu d’espoir quant à de réels progrès vers la fin de la guerre russo-ukrainienne, sachant que le président russe et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky avaient affiché des positions très divergentes sur la proposition de cessez-le-feu avancée par Washington le 11 mars à l’occasion d’une rencontre avec une délégation du gouvernement de Kiev en Arabie saoudite. Une avancée ténue a pourtant été enregistrée lors de la discussion de deux heures, mais elle a été rapidement douchée par une nouvelle exigence du président russe.

Le Kremlin l’a annoncé sans circonvolutions: «Le président Poutine a soutenu l’idée de Donald Trump d’une renonciation mutuelle de 30 jours des frappes sur les infrastructures énergétiques par la Russie et l’Ukraine et a donné un tel ordre à l’armée.» «Les dirigeants ont convenu que le mouvement vers la paix commencerait par un cessez-le-feu sur l’énergie et les infrastructures, ainsi que par des négociations techniques sur la mise en œuvre d’une trêve maritime en mer Noire, d’un cessez-le-feu total et d’une paix permanente», a communiqué de son côté la Maison-Blanche. La vision russe des résultats des discussions pas plus que celle, plus offensive, des Américains ne rencontre stricto sensu l’ambition de la proposition faite aux Ukrainiens, un cessez-le-feu complet. Mais elle ne l’exclut pas à terme. Et elle peut tout de même être considérée comme un pas dans un cheminement vers une trêve globale.

L’homme qui voulait faire la paix en 24 heures est en train d’apprendre la patience.

L’administration américaine en a déjà posé les jalons. Des négociations s’engageront immédiatement au Moyen-Orient pour parvenir à un cessez-le-feu en mer Noire, qui servirait au premier chef la Russie puisque ce sont ses bâtiments qui y sont exclusivement visés, alors que l’accord sur la protection des infrastructures énergétiques bénéficie principalement, mais pas uniquement, aux Ukrainiens. D’autres discussions devraient ensuite parachever les contours d’une trêve complète, aérienne et terrestre. Autant dire que le processus s’annonce long.

Que dire alors de celui pour aboutir à un accord de paix? Les commentaires du Kremlin ont douché le 18 mars l’éventuel enthousiasme né de la perspective de la mise en place d’un cessez-le-feu. Car non content d’avoir déjà obtenu le refus de considérer l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan, le président russe a réclamé à Donald Trump l’arrêt total de l’aide occidentale à Kiev. L’Ukraine serait donc empêchée de reconstituer ses forces éprouvées par trois ans de guerre quand aucun contrôle ne serait exercé à l’encontre de la Russie pour s’assurer qu’elle ne prépare pas une nouvelle attaque. Une perspective inconcevable pour les Ukrainiens et pour les Européens.

Si l’entretien entre Donald Trump et Vladimir Poutine a aussi été l’occasion d’esquisser le projet d’une «amélioration des relations bilatérales» qui permettrait «notamment de conclure d’énormes accords économiques et d’assurer la stabilité géopolitique une fois la paix rétablie», les étapes pour y parvenir apparaissent tellement semées d’embuches et lointaines que Donald Trump n’est pas près de faire des affaires incroyables à Moscou. L’homme qui voulait faire la paix en 24 heures est en train d’apprendre la patience.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire