Carte blanche

Israël: entre dérives flagrantes du gouvernement et discours décomplexé qui remet en cause l’existence de l’Etat hébreu (carte blanche)

Pour le collectif « D’accord de ne pas être d’accord », la situation se complexifie chaque jour à Gaza. « Nous croyons toujours qu’il est possible d’être d’accord tout en étant en désaccord, sans devenir des adversaires, et en reconnaissant avant tout le droit à l’existence de chacun. »

Le cauchemar se poursuit…

Gaza dépérit…

Israël retient toujours son souffle, attendant une attaque imminente de l’Iran qui ne se profile pas. …

Nous sommes tous aux aguets d’un accord entre toutes les parties qui tarde encore et toujours à arriver.

Après plus de 300 jours d’une guerre dévastatrice et épouvantable en pertes humaines, la situation se complexifie tous les jours d’avantage et l’immense mobilisation pluri-hebdomadaire en Israël appelant à la démission du premier ministre et de son gouvernement d’extrême droite ne faiblit pas. Elle ne fait que croître et est dorénavant soutenue par des figures éminentes des services de sécurité israélien, Mossad et Shin Beth confondus, ainsi que par le ministre de la Défense. Tous dénoncent les manquements et dérives flagrants du gouvernement ainsi que son obstination à compromettre les négociations en cours pour un accord, la libération des otages et laissant la situation se dégrader gravement en Cisjordanie.

Il existe également des voix à Gaza qui osent critiquer le Hamas et appellent à la fin des hostilités, sans plus de succès.

Nous nous interrogeons.

Il est totalement légitime de s’émouvoir de la situation catastrophique des civils à Gaza, de soutenir un cessez- le- feu et d’y mettre de la voix. Où sont les voix qui appuient aussi cet incroyable mouvement de contestation en Israël et qui relayent également la volonté de stopper la guerre du côté palestinien ? Où sont les voix qui appellent à la libération des otages, s’interrogent sur le sort et les traumas de tous les civils victimes de violences ou de déplacements en Israël comme à Gaza, même s’ils ne sont pas de la même ampleur ? Qui pour s’émouvoir du sort tragique des enfants druzes tués par un missile du Hezbollah ? Qui pour partager la crainte des civils libanais à voir s’embraser une fois encore leur pays ?

On assiste désormais de plus en plus à un discours décomplexé qui se répand un peu partout, chez nous comme ailleurs, remettant en question le simple droit à l’existence d’Israël. Des slogans, inaugurés par « De la rivière à la mer » scandés à travers le monde en solidarité avec le peuple palestinien et qui de facto appellent à l’anéantissement de l’Etat israélien jouent sur la culpabilisation des Européens suspects d’avoir fait payer injustement aux Palestiniens la tragédie nazie et induisent l’idée du caractère illégitime de la création de l’Etat hébreu. Ce raisonnement nous interpelle.

Les conséquences terribles de ce conflit soulèvent des questions profondes de sécurité, de droits humains. Sa portée dépasse le cadre régional. Il nous semble crucial de soutenir toutes pistes de solutions pour mettre un terme à cette guerre dévastatrice qui admettent l’immense complexité de la situation et qui reconnaissent le droit vers une coexistence de tous, sans doute plus froide que pacifique. Ne nous délestons pas de poursuivre les encouragements pour un dialogue prenant en compte les souffrances de toutes les parties impliquées, même si les chances de succès semblent aujourd’hui se réduire en miettes.

Il y a dix ans notre Collectif a vu le jour soucieux de promouvoir le dialogue ici plutôt que la confrontation menant à de stériles escalades. Nous croyons toujours qu’il est possible d’être d’accord tout en étant en désaccord, sans devenir des adversaires, et en reconnaissant avant tout le droit à l’existence de chacun. Nous nous sentons parfois fort seuls.

Agnès Bensimon, auteure, Michel Gheude, écrivain, et Danielle Perez, psychologue, membres co-fondateurs du collectif D’accord de ne pas être d’accord

*Le titre est de la rédaction du Vif.

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