Hamas, Hezbollah: le démembrement continue en marge de pourparlers fragiles
Tsahal élimine méthodiquement les têtes pensantes terroristes. Quitte à compromettre les négociations en cours?
Le commandant de la région de Bint Jbeil pour le Hezbollah, Ahmed Jafar Maatouk, a été éliminé lors d’une frappe de l’armée de l’air israélienne. Le lendemain, son successeur ainsi que le responsable de l’artillerie du Hezbollah dans la région de Bint Jbeil ont également été « neutralisés ». « Ces trois terroristes ont dirigé et exécuté de nombreuses attaques depuis la région de Bint Jbeil, incluant le lancement de missiles antichars contre des civils israéliens et des troupes de Tsahal opérant dans le sud du Liban», annonçait l’armée israélienne au lendemain de la riposte de son aviation sur l’Iran.
Comme avec le Hamas, dont le leader Yahya Sinouar (tué le 17 octobre dernier) et son prédécesseur (Ismaël Haniyeh, tué à Téhéran cet été) ont été éliminés méthodiquement, Israël poursuit avec le Hezbollah sa stratégie de démembrement des organisations qui menacent ses frontières, que ce soit à Gaza ou au Liban (Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, a, lui, été tué à Beyrouth le 27 septembre dernier).
Retour en arrière
Une stratégie qui donne la mesure de l’état d’esprit actuel du pouvoir israélien. «On est remonté à la réflexion stratégique israélienne des années 1960 et 1970, quand l’Etat hébreu percevait le fait que sa situation géographique était problématique et qu’il fallait idéalement frapper le premier et procéder méthodiquement au nettoyage des menaces qui se trouvent à ses frontières. Même si cela crée les conditions d’une potentielle nouvelle génération de terroristes», explique Alain De Neve (CEDS), selon qui «les autorités se disent sciemment qu’il va falloir, temporairement et épisodiquement, selon un cycle variable, procéder à un « assainissement » considérable des organisations menaçantes.»
Quitte à torpiller sérieusement les négociations en cours. Des pourparlers entre Israël et le Hamas reprennent à Doha (Qatar), où se joue encore le sort de dizaines d’otages encore présumés vivants à Gaza (plus ou moins soixante personnes). Le Hamas espère sérieusement, de son côté, mettre fin à la guerre au terme d’un accord global, alors que le bilan humain est effroyablement lourd — au moins 43.000 morts et plus de 100.000 blessés à Gaza, plus de 2.600 morts au Liban…
Mais, quand bien même ces négociations-là aboutiraient, «il faudra énormément de temps pour un retour à des négociations qui aillent plus loin qu’un cessez-le-feu», conclut Alain De Neve, alors que les appels à la raison martelés par les alliés occidentaux d’Israël, notamment l’Union européenne, restent pour l’instant sans réponse.
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