L’état de santé des trois otages libérés le 8 février a suscité des questions en Israël sur la poursuite du processus. © GETTY

Guerre Israël-Hamas à Gaza: le sort des otages suspendu à la retenue de Trump

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Le mépris du président américain concernant le sort des Gazaouis ne facilite pas l’application de l’accord sur la libération des captifs. Le cynisme du Hamas non plus. Danger.

Perçu comme leur sauveur par les familles des otages israéliens du Hamas au moment de son entrée en fonction quasi concomitante avec l’accord pour la libération de 33 d’entre eux, Donald Trump va-t-il devenir le fossoyeur de leurs ultimes espoirs de retrouvailles? Les déclarations du président des Etats-Unis sur l’édification d’une riviera de luxe sur les côtes de la bande de Gaza, sur la déportation sans possibilité de retour des Gazaouis, et sur l’enfer promis au Hamas s’il ne libère pas tous ses captifs d’ici au samedi 15 février (alors que l’accord ne prévoit cette issue qu’au terme d’une deuxième phase de pourparlers) placent une hypothèque sur la poursuite des libérations. Comme un éléphant dans un Moyen-Orient de porcelaine…

Manifestant le 11 février leurs inquiétudes en bloquant la circulation sur l’autoroute reliant Tel-Aviv à Jérusalem, des proches des otages ont, dans un premier temps, dirigé leur vindicte contre le Premier ministre Benjamin Netanyahou. «Il est clair qu’il est mû par des considérations politiques et qu’il fait tout pour saboter l’accord», ont-ils soutenu en substance. Les relations entre les parties à l’accord se sont effectivement tendues depuis la libération de trois otages le 8 février. Mais la responsabilité de cette détérioration semble incomber à l’une et l’autre.

Benjamin Netanyahou et Donald Trump le 4 février à la Maison-Blanche: une entente absolue? © GETTY

Ohad Ben Ami, 56 ans, Eli Sharabi, 52 ans, Or Levy, 34 ans, sont apparus particulièrement affaiblis lors de leur élargissement par le groupe djihadiste à Deir al-Balah. Un état expliqué, selon les responsables médicaux et du ministère de la Santé, par une «détresse nutritionnelle» ou «une sévère malnutrition» pendant leur détention. La révélation de ces violences a suscité un choc en Israël, le président Isaac Herzog évoquant un «crime contre l’humanité». En réaction, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a ordonné une réduction de l’aide humanitaire acheminée dans la bande de Gaza, en infraction avec l’accord du 15 janvier. Le Hamas, qui avait déjà dénoncé un ralentissement de l’approvisionnement avant la libération des captifs le 8 février, a annoncé une suspension du processus, tout en restant ouvert à… un nouvel échange, tel que celui prévu dans l’accord pour le 15 février. Bref, une situation tendue certes mais que le retour, de part et d’autre, à la raison la plus élémentaire compte tenu des enjeux devrait pouvoir permettre de surmonter. Sauf interférence intempestive…

Les Israéliens et leurs alliés ne devraient pas ignorer que plus l’accord déploie ses effets, plus il est susceptible de susciter des tensions. A ce stade, seize des 33 otages concernés par la première phase de l’arrangement (les cinq otages thaïlandais libérés le 30 janvier n’en faisaient pas directement partie) ont été effectivement libérés; 17 doivent encore l’être. Mais parmi ces derniers, huit sont considérés comme décédés. Les prochaines échéances s’annoncent donc douloureuses pour les Israéliens. Sans compter les nouvelles négociations qui devront sceller le sort des 57 derniers captifs dans une deuxième phase. Le Hamas dispose donc encore d’un puissant moyen de pression sur Israël. Si Benjamin Netanyahou et Donald Trump veulent réellement leur libération, rien ne sert de mettre de l’huile sur le feu.

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