L’explosion de bipeurs au Liban fait plusieurs morts et environ 3.000 blessés: le Hezbollah accuse Israël
Certaines personnalités ont été touchées lors de cette explosion simultanée de bipeurs au Liban, dans des bastions du Hezbollah.
Des centaines de membres du Hezbollah ont été blessés mardi à travers le Liban par l’explosion simultanée de leurs bipeurs, qui a fait huit morts et près de 3.000 blessés. L’incident a été attribué à Israël par le mouvement islamiste libanais. Israël n’a pas commenté ces explosions, survenues dans plusieurs places fortes du Hezbollah, quelques heures après l’annonce par ce pays qu’il étendait les objectifs de la guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza à sa frontière nord avec le Liban.
Des explosions à travers tout le Liban
Le Hezbollah a affirmé qu’Israël était «entièrement responsable» de ces explosions et assuré qu’il allait «recevoir son juste châtiment» à la suite de «cette agression criminelle».
Parmi les morts figure une fillette de dix ans, tuée dans l’est du Liban par l’explosion du bipeur de son père, selon sa famille et une source proche du Hezbollah, ainsi que le fils d’un député du mouvement. L’ambassadeur d’Iran à Beyrouth, Mojtaba Amani, a été blessé, a annoncé la télévision iranienne. Un correspondant de l’AFP dans la Békaa a vu des blessés affluer en nombre vers les hôpitaux. Un autre dans la ville de Saïda, dans le sud du Liban, a signalé des dizaines d’ambulances arrivant jusqu’aux hôpitaux.
L’impact de ces explosions sur les communications du Hezbollah n’était pas clair dans l’immédiat. Une source proche du mouvement a indiqué à l’AFP que «les bipeurs qui ont explosé concernent une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1.000 appareils», qui semblent avoir été «piratés à la source».
«Action militaire»
Israël avait annoncé peu avant sa décision d’étendre les buts de la guerre jusqu’à la frontière israélo-libanaise, afin de permettre le retour des déplacés. Les principaux objectifs affichés jusqu’à présent de la guerre à Gaza étaient la destruction du Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans le territoire palestinien, et le retour des otages. «Le cabinet politique et de sécurité a mis à jour les buts de la guerre, afin d’y inclure le retour en toute sécurité des habitants du nord (d’Israël) chez eux», a déclaré mardi le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Lundi, lors d’une rencontre avec un émissaire américain, Amos Hochstein, le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, a averti qu’en l’absence de solution diplomatique, «le seul moyen restant pour garantir le retour des habitants du nord d’Israël dans leurs foyers» serait «une action militaire».
Dans ce contexte à hauts risques, le secrétaire d’Etat Antony Blinken est attendu mercredi en Egypte pour discuter d’une nouvelle proposition de compromis en vue d’un cessez-le-feu à Gaza et d’une libération des dizaines d’otages qui y sont retenus, selon le département d’Etat. Le Qatar a affirmé mardi que les efforts se poursuivaient pour tenter de parvenir à un cessez-le-feu.
«Zone tampon» au Liban?
Mardi, une frappe israélienne à Blida, à la frontière dans le sud du Liban, a fait trois morts selon les autorités libanaises, l’armée israélienne affirmant avoir tué des membres du Hezbollah. Le mouvement libanais a annoncé des tirs contre des positions militaires dans le nord d’Israël. L’armée israélienne a affirmé que plusieurs drones venant du Liban avaient été interceptés alors qu’ils tombaient dans une zone dégagée.
Pour Michael Horowitz, expert géopolitique pour Le Beck, une société de conseil en sécurité basée au Moyen-Orient, «sans cessez-le-feu à Gaza, il n’y aura pas d’accord sur la question de la frontière avec le Liban. Pour Israël cela veut dire qu’il faudra donc probablement se préparer à une solution militaire d’autant que la pression monte car des dizaines de milliers d’Israéliens restent déplacés».
«Il y a un consensus (en Israël) sur le fait qu’une guerre pour éliminer complètement le Hezbollah sera extrêmement difficile, coûteuse et dangereuse car elle peut mener à un embrasement régional. Le but d’une opération militaire serait donc plus limité, notamment celui de créer une zone tampon dans le sud du Liban», a-t-il ajouté.
Le 7 octobre 2023, des commandos du Hamas ont mené une attaque sans précédent sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les chiffres officiels qui inclut les otages tués en captivité.
Sur les 251 personnes enlevées pendant l’attaque, 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l’armée.
En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que l’Union européenne et les Etats-Unis.
Son armée a lancé une offensive qui a fait au moins 41.252 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, qui ne détaille pas les combattants et civils tués.
Le chef du Hamas, Yahya Sinouar, a assuré lundi que son mouvement était « préparé» à « mener une longue guerre d’usure» contre l’armée israélienne.
Mardi avant l’aube, des frappes aériennes israéliennes ont ciblé le territoire palestinien assiégé, faisant au moins sept morts dont trois dans une maison de la ville de Gaza, dans le nord, selon la Défense civile.
«Cette guerre a tout détruit, notre santé mentale et physique, notre avenir et nos rêves. Elle nous a séparés de nos proches, a détruit tout ce qu’il y avait de beau dans nos vies», s’est exclamée Alaa Halilo, une Palestinienne de 32 ans déplacée à Gaza-ville.