
Millionnaires dans l’espace: le vrai prix du rêve
Depuis 2021, et les premiers vols touristiques de SpaceX, les missions spatiales privées prennent de l’ampleur. Mais leur coût exorbitant tant financier qu’environnemental soulève de nombreuses interrogations
Ce lundi 14 avril 2025, la compagnie Blue Origin, fondée par Jeff Bezos, a envoyé dans l’espace six personnalités féminines. Parmi elles, la chanteuse Katy Perry, la productrice hollywoodienne Kerianne Flynn, la co-animatrice de CBS Mornings Gayle King, la militante Amanda Nguyen, également chercheuse en bioastronautique, l’ancienne ingénieure de la NASA Aisha Bowe et Lauren Sánchez, compagne de Jeff Bezos.
Ce bref saut dans l’espace s’inscrit dans une dynamique déjà bien rodée. Le premier touriste spatial, l’homme d’affaires américain Dennis Tito, avait payé environ 20 millions de dollars en 2001 pour rejoindre la Station spatiale internationale (ISS) à bord d’une capsule russe. Depuis, le tourisme spatial a pris un nouvel essor, accéléré par la rivalité entre les milliardaires Jeff Bezos, Elon Musk et Richard Branson.
C’est en 2021, avec la mission Inspiration4 de SpaceX, que les vols privés en orbite ont franchi un cap historique. Depuis, les trois grandes entreprises du secteur ont intensifié leurs offres, à destination exclusive des ultra-riches. Chez Blue Origin et Virgin Galactic, les billets pour un vol suborbital se négocient entre 250.000 et 500.000 dollars. De quoi s’offrir quelques minutes d’apesanteur à une centaine de kilomètres d’altitude.
Chez SpaceX, les prix sont tout autre, jusqu’à 55 millions de dollars pour un vol orbital de plusieurs jours. Une différence de tarif qui s’explique par la nature même des missions. Contrairement aux vols suborbitaux, qui durent entre 11 et 90 minutes et n’atteignent pas la vitesse nécessaire pour se maintenir en orbite, les missions de SpaceX permettent à leurs passagers de tourner autour de la Terre pendant plusieurs jours, à bord d’un vaisseau similaire à ceux utilisés pour la Station spatiale international.
L’espace, un nouveau gouffre écologique
Depuis son premier vol touristique en 2021, Blue Origin a envoyé 43 personnes dans l’espace. Un chiffre encore marginal, mais qui pose déjà la question de l’impact environnemental de cette activité.
Selon les données du World Inequality Report, un vol de 11 minutes émet environ 75 tonnes de CO₂ par passager. Et en tenant compte des émissions indirectes, ce chiffre grimpe à 250 voire 1.000 tonnes par personne. A titre de comparaison, un milliard d’humains parmi les plus pauvres n’émettent pas plus de 75 tonnes sur l’ensemble de leur vie.
L’émission de CO₂ n’est pas la seule bombe écologique que représentent ces voyages spatiaux. D’après une étude publiée dans Earth’s Future, la production de carbone noir, aussi appelé suie de carbone, par l’industrie du tourisme spatial est 500 fois plus importante que celle de l’ensemble de l’industrie de l’aviation.
Des alternatives plus douces?
Certaines startups tentent d’offrir une expérience plus accessible et moins polluante. C’est le cas de Space Perspective et World View, qui proposent des vols à bord de capsules suspendues à des ballons stratosphériques. Le vol, qui dure plusieurs heures, permet de contempler la courbure terrestre depuis environ 30 kilomètres d’altitude. Cependant, le prix du ticket d’entrée est annoncé à 45.000 euros, un low cost qui reste donc cher.
Ces projets promettent un tourisme spatial plus «lent» et moins carboné mais il ne s’agit pas vraiment d’aller dans l’espace, au sens strict du terme.
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