Le gouvernement belge, mais aussi Emmanuel Macron et Angela Merkel (et donc Jean-Claude Juncker) se rangent lentement à l’idée de centres hors-UE où l’on pourra trier les migrants purement économiques des véritables demandeurs d’asile persécutés dans leur pays pour leur opinion politique et pour qui le droit d’asile n’est pas négociable.
D’une part, la rencontre informelle prévue dimanche 24 juin tente d’obtenir un consensus pour que le migrant soit renvoyé dans le pays de l’UE dans lequel il est entré. Ceci pourrait apaiser la crise que vit actuellement le gouvernement allemand entre le ministre CSU de l’Intérieur Horst Seehofer qui veut appliquer ce règlement sans concertation et Angela Merkel qui joue son poste de chancelière.
Comme Charles Michel, Angela Merkel et Emmanuel Macron ont évoqué « la possibilité de mécanismes pour bloquer la venue des migrants économiques dans les pays de transit vers l’UE comme la Libye ». La présidence Macron a téléphoné au Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj. La France et la Libye « ont décidé de renforcer leur coopération pour mieux maîtriser les flux migratoires et lutter contre les filières de traite des êtres humains ».
Ces fameux spots qui pourraient s’établir en Tunisie, en Libye voire même en aval du Sahara sous contrôle de l’ONU (et pas de l’UE ce qui allégerait notre fardeau) constituent une solution de bon sens qui réduira fortement le nombre de noyades en mer et les rencontres fatales avec les négriers de chair humaine. C’est aussi éviter que nos forces de l’ordre, peu motivées, ne soient obligées de renvoyer dans leurs pays les centaines de milliers de déboutés de l’asile, sachant que c’est une tâche difficile, humainement parlant et alors que près de 90% se circulent aujourd’hui avec un ordre de quitter le territoire en signe de talisman.
Le chaos a été évité de justesse et la cohésion sociale est sauve.
Une nouvelle fois, l’Union européenne n’a pas suivi l’adage « gouverner c’est prévoir » et alimentera encore l’euroscepticisme régnant.
Il a fallu, pour que l’UE se rende à l’évidence, que des centaines de milliers de migrants accostent, de leur propre gré ou repêchés en mer, en Italie et en Grèce ; que ces deux pays se débrouillent en l’absence totale de solidarité inter-européenne, que leurs peuples se rebellent en votant massivement pour des partis anti-systèmes et que les représentants de ces partis exigent du trio Merkel/Macron/Juncker un changement de politique à 180°. A cet égard, il faut oser reconnaître une bonne fois pour toute que la vague presque inextinguible de « populisme » qui frappe près de la moitié de l’Europe est la conséquence directe de l’absence de politique européenne face à ces très importants flux migratoires.
Petit à petit, les autorités européennes s’affranchissent d’un agenda trans-frontiériste dicté par certaines ONG dont les relations ambiguës avec les passeurs ont fait les choux gras de la presse et qui jouent à fond sur le chantage émotionnel, sans jamais devoir assumer les conséquences de leurs actes.
Mais pour que l’entreprise réussisse, il faudra toutefois marcher sur les oeufs des traités internationaux et surmonter la jurisprudence de nos deux Cours suprêmes qui interprètent des textes progressistes à l’aune de juges qui le sont encore plus (en atteste l’arrêt Hirsi qui fit défense à l’Italie de ramener à leur port d’origine les clandestins interceptés en mer). Il est temps à cet égard de rendre les nominations de ces juges suprêmes plus transparentes comme c’est le cas aux Etats-Unis.
Bref, on s’achemine tout doucement vers des solutions pragmatiques et en même temps respectueuse des droits de l’homme dont notre continent est l’héritier et qu’il ne pourrait galvauder. En définitive, cette approche se révèlera beaucoup plus humaine que la situation complètement chaotique que nous avons connue depuis 2014.
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