Bucha.

Massacre à Boutcha: pourquoi certains crient à la mise en scène?

Les images de cadavres gisant sur le sol dans la ville de Boutcha font la une de tous les médias. Ce massacre, qualifié de crime de guerre par le président ukrainien Volodymyr Zelensky et dénoncé par de nombreux dirigeants internationaux, ne serait qu’une mise en scène selon la Russie. De nombreux internautes le pensent aussi. Quels sont leurs arguments? Le Vif fait le point.

Le conflit russo-ukrainien est rythmé par des fake news qui circulent facilement sur les réseaux sociaux. Cette guerre est devenue une guerre de l’information, dans laquelle tout est remis en doute. C’est à nouveau le cas depuis que des images de la région de Boutcha, véritable champ de bataille, sont apparues ce week-end. On y voit des dizaines de cadavres gisants sur le sol et des fosses communes. La communauté internationale n’a pas tardé à réagir, dénonçant ces atrocités. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a été formel: ce sont des crimes de guerre. Mais le Kremlin nie les faits. Selon son porte-parole Dimitri Peskov, les experts du ministère russe de la Défense ont découvert des signes de falsifications vidéo. Il assure que les images publiées par les autorités ukrainiennes sont fausses. Ces revendications en ont fait douter plus d’un, et de nombreux internautes se sont livrés à une bataille sur les réseaux sociaux: celle de trouver le moindre élément qui pourrait confirmer qu’il s’agit d’une mise en scène.

« On voit les cadavres bouger sur la vidéo »

Plusieurs vidéos ont circulé sur Twitter, Facebook ou encore Telegram. Mais celle qui a fait le plus de vues est filmée depuis l’intérieur d’une voiture qui roule dans les rues de Boutcha. On y voit des corps sans vie éparpillés sur le sol. Et certains y ont vu des indices attestant d’une parade.

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La première « preuve » que les images des autorités ukrainiennes seraient fausses est que le bras d’un des cadavres bouge sur la vidéo. En réalité, il ne s’agit que d’une tâche sur le rétroviseur, qui donne l’illusion d’un mouvement. Ce trompe-l’oeil est renforcé par la mauvaise qualité des images qui circulent. Cependant, sur la vidéo originale – postée sur le compte Twitter du ministère ukrainien de la Défense, ci-dessus – il est assez clair que le cadavre ne bouge pas, et la tâche sur le rétroviseur est bien distincte. Mais si certains doutent encore, des internautes ont pris le temps de ralentir la vidéo, voire même de la mettre en négatif, ce qui permet d’encore mieux distinguer l’illusion d’optique.

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Un autre moment dans la vidéo a été épinglé. À mesure que la voiture roule, on aperçoit un corps dans le rétroviseur, qui semblerait bouger. À nouveau, il s’agit d’une illusion d’optique. Ce passage mis au ralenti permet de voir que le miroir du rétroviseur distorsionne l’image reflétée.

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Le New York Times a également publié des images satellites de la société américaine Maxar Technologies qui démontrent que les corps visibles sur la vidéo sont en réalité là depuis le 19 mars. Ces captures contredisent la version des Russes selon laquelle les corps auraient été placés par les Ukrainiens après leur départ de Boutcha le 31 mars, afin de créer une mise en scène. Ces personnes ont bien été tuées lorsque la ville de Boutcha était sous le contrôle des russes. L’article démontre les concordances entre les vidéos tournées par les autorités ukrainiennes et les images satellites. Des formes similaires à la taille d’êtres humains apparaissent exactement aux mêmes endroits.

Images satellites de la ville de Bucha
Images satellites de la ville de Bucha© AFP PHOTO /Satellite image ©2022 Maxar Technologies

« Les images sont apparues plusieurs jours après le retrait des troupes russes »

Des interrogations autour de la chronologie des images ont aussi émergé. Certains se demandent pourquoi les images sont apparues si « tard » étant donné que les forces russes auraient quitté la région de Boutcha le 31 mars. Seulement, des images sont déjà apparues le 1er avril sur Telegram, similaires à celles publiées par le ministère de la défense ukrainienne. La région de Boutcha, occupée depuis le 25 février, n’a été libérée que le jeudi 31 mars. Peu de temps s’est donc écoulé entre le départ des Russes et la diffusion des images.

Depuis ce week-end, le massacre de Boutcha a aussi été corroboré par de nombreux journalistes qui ont pu pénétrer dans la ville, notamment ceux de l’AFP qui se sont rendus sur place le samedi 2 avril. Les témoignages des citoyens meurtris se multiplient aussi. Si tout porte à croire que les civils étaient délibérément visés selon l’ONU, les enquêtes qui ont d’ores et déjà été réclamées permettront de savoir ce qui s’est exactement passé.

Sarah Duchêne

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