«L’union face à l’ennemi», les Russes resserrent les rangs avant l’offensive ukrainienne
Vladimir Poutine aplanit les différends entre l’armée et le groupe Wagner et accroît l’effort de guerre pour conquérir définitivement Bakhmout.
Comme un dernier encouragement avant l’épreuve. Le président russe Vladimir Poutine s’est rendu dans les régions de Kherson et de Louhansk, deux provinces ukrainiennes occupées par l’armée russe, depuis février 2022 pour la première, depuis avril 2014 pour la seconde, selon des images diffusées par le ministère russe de la Défense le 18 avril mais sans précision sur la date exacte de la visite. C’est le deuxième séjour du maître du Kremlin en territoire annexé depuis le début de «l’offensive militaire spéciale» déclenchée le 24 février 2022. Il s’était rendu le 20 mars dans la ville martyre de Marioupol, dans l’oblast de Donetsk, après un saut en Crimée. Les images de son inspection des troupes étaient à peine diffusées par Moscou que Volodymyr Zelensky arrivait à Avdiivka, localité de la région de Donetsk sous le feu des Russes depuis plusieurs semaines dans le cadre plus large de la bataille pour la conquête de Bakhmout.
Le général Mikhail Teplinsky a été rappelé dans le chaudron ukrainien après en avoir été éloigné en janvier.
Dans la guerre de la communication à laquelle donne lieu la confrontation en Ukraine, la Russie monte en gamme. Une pareille évolution, plus déterminante pour l’issue du conflit, prévaut dans l’organisation du front russe. Selon l’Institut pour l’étude de la guerre à Washington, le commandement des troupes aéroportées, le général Mikhail Teplinsky, a été rappelé dans le chaudron ukrainien après en avoir été éloigné en janvier. Il apparaît d’ailleurs sur une photo de la visite du président russe à Kherson.
Deux enseignements peuvent être tirés de cette «promotion». Grâce à l’expérience des troupes aéroportées, Vladimir Poutine voudrait définitivement sceller le sort de la ville de Bakhmout avant la célébration du Jour de la victoire qui marque, le 9 mai, le souvenir de la fin, côté russe, de la «Grande Guerre patriotique», la Seconde Guerre mondiale. Le retour en grâce de Mikhail Teplinsky, connu comme un proche d’Evgueni Prigojine, accréditerait la décision du Président russe d’octroyer désormais aux mercenaires du groupe Wagner les moyens de leur avancée finale sur la localité du Donbass. L’Institut pour l’étude de la guerre rapporte que le matériel réclamé par Evgueni Prigojine, longtemps ostracisé par la hiérarchie de l’armée, aurait été fourni à ses hommes. Une rencontre, le 22 février, entre le ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le patron de Wagner aurait scellé cette nouvelle entente, d’après des documents du Pentagone révélés par The New York Times.
En Russie, le climat est aussi à «l’union face à l’ennemi». L’illustre la condamnation à 25 ans de prison prononcée contre le militant politique Vladimir Kara-Mourza, qui avait exprimé son opposition à la guerre, pour «haute trahison»,«diffusion de fausses informations» sur l’armée russe et «travail illégal pour une organisation indésirable». Comme si la soumission de la justice au pouvoir n’était pas encore suffisante, la Douma a adopté un texte qui durcit les peines pour les prévenus reconnus coupables de «haute trahison», passible désormais de la perpétuité, ou de «crimes liés au terrorisme». Vladimir Kara-Mourza a affirmé être impatient de voir le jour «où ceux qui ont allumé et déclenché cette guerre, et non ceux qui ont essayé de l’arrêter, seront reconnus criminels». La résistance n’est pas morte en Russie.
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