L’Iran a exécuté plus de 90 personnes cette année, selon deux ONG
Les autorités iraniennes ont exécuté au moins 94 personnes jusqu’ici en 2023, ont indiqué jeudi Amnesty International et l’ONG iranienne Centre Abdorrahman Boroumand, qui s’alarment d’une « hausse notable » comparé à la même période l’année dernière.
Les autorités ont exécuté au moins 94 personnes dans les seuls mois de janvier et de février », selon les informations recueillies par ces deux organisations de défense des droits humains, qui font aussi état dans leur communiqué « d’horrifiantes allégations de violence sexuelle et d’autres types de torture » pour obtenir des confessions forcées.
Elles notent aussi « une hausse notable » du nombre d’exécutions par rapport à la même période en 2022. Les deux ONG s’alarment également d’un « recours croissant à la peine de mort contre les minorités persécutées ».
« Depuis le début de l’année, les autorités iraniennes ont exécuté au moins une personne issue de la minorité arabe Ahwazi, 14 Kurdes et 13 Baloutches à la suite de procès inéquitables, et ont condamné au moins une dizaine d’autres à la peine de mort, marquant une effroyable escalade dans le recours à la peine de mort comme outil de répression contre les minorités ethniques », souligne le communiqué.
Certaines de ces personnes ont été condamnées dans des affaires liées aux manifestations et mouvement de protestation actuel en Iran, déclenché par la mort en septembre 2022 d’une jeune Kurde iranienne après son arrestation par la police des moeurs, qui lui reprochait d’avoir enfreint le code vestimentaire strict imposant le port du voile aux femmes en public.
« Les autorités iraniennes mènent ces exécutions à une échelle terrifiante. Leurs actions s’apparentent à une atteinte au droit à la vie et une tentative indécente pour non seulement réprimer encore davantage les minorités ethniques mais aussi propager la peur que toute opposition sera réprimée par une force brutale, que ce soit dans la rue ou dans les potences », souligne Roya Boroumand, directrice du Centre Abdorrahman Boroumand, basé aux Etats-Unis.
Dans les dernières semaines, au moins douze personnes issues des minorités Ahwazi et baloutche ont été condamnées à mort, indique le communiqué. Selon des militants, ils ont été torturés pour les acculer à des confessions forcées.
« Le monde doit agir maintenant pour faire pression sur les autorités iraniennes afin qu’elles appliquent un moratoire officiel sur les exécutions, qu’elles annulent les condamnations injustes et les condamnations à mort, et qu’elles annulent toutes les inculpations liées à une participation pacifique aux manifestations », a martelé Diana Eltahawy, directrice adjointe pour la région Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International.