L’inquiétant système de Facebook qui détermine les « personnes que vous connaissez peut-être »
L’algorithme qu’utilise Facebook pour vous proposer d’agrandir votre réseau en vous suggérant des contacts suscite beaucoup de fantasmes. Et effraie.
Grands adeptes de Facebook, vous avez très certainement déjà vu apparaître des dizaines de profils dans la section « Personnes que vous connaissez peut-être ». Pour la plupart, les noms des gens qui vous sont proposés ne vous sont pas inconnus. Mais vous vous êtes peut-être déjà demandé comment ces profils étaient sélectionnés. Pour déterminer quels profils apparaîtront dans cette rubrique, Facebook utilise un algorithme très pointu et qui agite de nombreux fantasmes.
En tant qu’utilisateur régulier, il n’est pas rare de tomber sur une suggestion légèrement improbable. Soit celle d’une connaissance très lointaine, soit quelqu’un que vous aviez rencontré dans une soirée quelconque, ou encore un ancien camarade de classe, voire même un « match » Tinder, avec qui vous n’aviez partagé aucune de vos coordonnées. Pour les uns, cette fonctionnalité permet de retomber, par exemple, sur des membres de sa famille qui habitent à l’autre bout du monde. Pour d’autres, cette option se montre intrusive et embarrassante. Et de se demander comment Facebook accède à nos données privées pour ainsi les exploiter.
De manière officielle, pour effectuer sa liste de « personnes que vous connaissez peut-être », le réseau social se base principalement sur les informations personnelles que vous avez vous-même publiées, c’est-à-dire votre réseau. En clair, si vous avez mentionné votre lieu de travail, il est logiquement probable de retrouver des suggestions de profils de vos collègues, proches ou éloignés.
Autre paramètre logique : les amis en commun. Au plus vous avez d’amis en commun avec le profil en question, au plus Facebook va déduire que vous vous connaissez certainement. L’exemple typique reste les personnes qui sont dans votre classe, ou qui, plus largement, sont dans votre école.
Ce que vous ne savez peut-être pas, et c’est plus subtil encore, c’est que si vous recherchez quelqu’un sans pour autant l’ajouter, Facebook s’en souviendra et vous le suggérera dans sa liste déjà bien fournie des « personnes que vous connaissez peut-être ». Rien n’est avéré, mais certaines personnes estiment que l’inverse existe aussi : ceux qui ont tapé votre nom apparaîtront aussi dans vos suggestions. Une rumeur encore à l’heure actuelle.
Enfin, si vous utilisez Facebook avec votre mobile, et l’autorisez à accéder à vos contacts, il vous proposera automatiquement des profils avec qui vous n’êtes pas encore ami.
Un algorithme-espion ?
De plus en plus de débats et de discussions s’organisent sur les forums et les spéculations pour savoir à quelles informations Facebook a accès pour vous proposer d’agrandir votre réseau vont bon train. Comme l’expose un article de la journaliste Kashmir Hill sur le site Gizmodo, les gens rivalisent d’anecdotes tout à fait étonnantes, et clairement intrigantes.
Par exemple, un homme explique avoir fait un don de sperme à un couple infertile pour l’aider à avoir un enfant, et le profil de celui-ci lui a été suggéré des années après, sans être amis avec ses parents.
Plus interpellant encore, une femme explique qu’elle a entrevu dans la fonctionnalité « personnes que vous connaissez peut-être », la maîtresse avec qui était partie son père quand elle n’avait que 6 ans, soit 40 ans plus tôt.
À première vue, ces situations semblent inexplicables. Sauf si on a connaissance d’un certain « compte de l’ombre », attaché à notre compte Facebook officiel.
Comme l’affirme un article de L’Obs, « il existerait un « profil fantôme » de chacun d’entre nous, pré-rempli et automatiquement activé dès notre inscription ». Le témoignage d’un utilisateur de Reddit viendrait confirmer cette théorie. Il explique avoir créé un compte faux compte Facebook anonyme avec une adresse mail jamais utilisée, et a quand même vu atterrir des connaissances personnelles dans ses suggestions.
L’article publié sur le site de L’Obs expose aussi des exemples étonnants. Par exemple, une personne la rédaction a vu apparaître la suggestion d’un ancien flirt dont elle n’avait pas enregistré le numéro dans son téléphone. Aussi, un autre collègue s’est vu proposer un ancien ami qu’il n’avait plus vu depuis dix ans, et qui venait justement de lui envoyer un mail. Enfin, un autre membre de la rédaction a vu apparaître la suggestion de sa femme de ménage, dont elle possède le numéro, mais avec qui elle n’a jamais eu d’interaction en ligne.
La journaliste Kashmir Hill est certaine de l’existence ce « compte fantôme » : « Derrière le profil Facebook que vous avez vous-même créé se cache un second compte basé sur les messages privés et les smartphones d’autres utilisateurs. Dès lors, plusieurs informations que vous n’avez pas divulguées formellement à Facebook sont tout de même associeés à votre compte grâce à un algorithme très performant.
Le puissant réseau social américain n’a pas confirmé ou infirmé la possible existence de ce « compte fantôme ». Un porte-parole prend d’ailleurs soin d’éviter le terme, estimant que cette expression ne reflète pas la réalité des techniques de listing. Facebook explique qu’il y aurait des raisons rationnelles aux anecdotes énoncées plus haut. Selon eux, « un réseau plus large (comme une ville) pourrait avoir été à l’origine de la mise en relation des personnes », et ce de manière fortuite.
Facebook rappelle diplomatiquement aux utilisateurs de faire attention aux informations présentes dans leur téléphone, car au moment où vous acceptez les conditions générales du réseau, vous autorisez ce dernier à exploiter toutes les données personnelles auxquelles il a accès.
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