Des indépendantistes catalans le 11 septembre dernier, lors de la Fête nationale de la Catalogne ("Diada Nacional de Catalunya") © REUTERS/Albert Gea

L’indépendance de la Catalogne face aux urnes

Laurence D'Hondt Journaliste

Ce 27 septembre, des élections législatives sont convoquées en Catalogne qui se transforment en référendum pour ou contre l’indépendance. Un scrutin serré qui pourrait conduire à une rupture entre Madrid et Barcelone.

« Nous sommes un peuple avec une culture, un territoire, une langue, une organisation politique. Nous voulons l’indépendance parce que nous ne supportons plus l’arrogance du pouvoir à Madrid qui nie l’expression de notre volonté », explique Montserrat Mindan, la maire de la station balnéaire de Roses en Catalogne, membre du parti indépendantiste, Convergènca Democràtica de Catalunya qui dirige actuellement le Parlement catalan.

Ce dimanche, la population de la « communauté autonome » de Catalogne est appelée aux urnes pour se prononcer à l’occasion d’élections régionales sur l’indépendance de la Catalogne. Après avoir en vain demandé à Madrid la tenue d’un référendum sur cette question, comme les Ecossais l’ont obtenu de Londres, la Catalogne utilise ainsi sa dernière cartouche légale. Si le président de l’Assemblée catalane, Artur Mas obtient une majorité parlementaire indépendantiste, il tentera une dernière fois de faire accepter un référendum à Madrid et en cas de refus, présentera une déclaration unilatérale d’indépendance avec la mise en place d’une Constitution et des structures d’un Etat indépendant. « Nous avons préparé cette indépendance depuis trois ans », assure la maire de Roses qui n’hésite plus à poser dans son bureau entre le drapeau catalan et celui de sa ville, « mon père a vécu dans la peur de l’oppression espagnole, mais nos fils en sont délivrés ».

Les derniers sondages placent unionistes et indépendantistes au coude à coude. Les indépendantistes se sont rassemblés autour d’une seule liste pour le oui, la Junts pel Si, tandis que les unionistes sont éclatés en trois partis dont la liste Ciudadanos qui milite en Catalogne pour l’unité de l’Espagne et dénonce le projet indépendantiste comme une impasse désuète. Depuis des semaines, la bataille médiatique est à son comble. Madrid qui ne décolère pas de voir les Catalans transformer un vote régional en une forme de référendum, pousse à la peur que pourrait susciter l’avenir de la Catalogne en dehors de l’Espagne: elle assure que la Catalogne indépendante s’enfoncera dans un no man’s land économique et politique et n’obtiendra aucune reconnaissance internationale.

L’arrogance de Madrid et l’intransigeance des indépendantistes ne cessent de se nourrir mutuellement, approfondissant la rupture politique entre les indépendantistes et les unionistes. « Les indépendantistes ont un profil transversal: ils peuvent être de toute origine socio-économique ou de toute sensibilité politique, mais tous les Catalans ne sont pas séparatistes », explique Lluis Casadella, membre de l’association culturelle Omnium. Quel que soit le résultat des élections du 27 septembre, la détermination pacifique du peuple catalan qui n’a jamais cédé à la tentation de poser des bombes pour exprimer sa volonté politique, ne manquera pas d’interpeller voire d’inquiéter les pays européens dont certaines régions caressent aussi des rêves d’indépendance… « Mais est-ce une raison pour refuser à un peuple son choix, comme cela a été possible pour les pays d’ex-Union soviétique? », conclut un militant. Pour lui, l’Europe démocratique se jouera dimanche à Barcelone.

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