Gérald Papy
Liban: il n’y a pas de fatalité
La nature accidentelle des explosions qui ont ravagé Beyrouth ne doit pas exonérer la classe politique de ses responsabilités. Pour assurer un avenir plus heureux aux Libanais.
Jusqu’à preuve du contraire, les explosions qui ont ravagé le port et la ville de Beyrouth le mardi 4 août faisant plus de 100 morts selon un bilan provisoire sont d’origine accidentelle. Le premier sentiment qu’elles inspirent pourrait conduire à penser que le Liban est décidément maudit des dieux et que la fatalité l’a encore frappé. Le pays du Cèdre est une victime majeure du conflit qui sévit depuis près de dix ans chez son voisin syrien, est lui-même le théâtre de confrontations de puissances régionales, Iran, Arabie saoudite, Israël, et a été particulièrement touché économiquement par la crise économique consécuitive à la pandémie de coronavirus.
Le premier ministre Hassan Diab, à la tête d’un gouvernement technique en raison de la crise politique entre les principales formations du pays, a promis que les responsabilités dans l’absence de contrôle et de surveillance du dépôt de nitrate d’ammonium et de produits dangereux à l’origine du drame seraient établies et que les fautifs seraient poursuivis. Mais cette poudrière au coeur du port menaçait la vie des Beyrouthins depuis six ans.
Dans ce délai, deux gouvernements de plein exercice, incluant les principales forces politiques nationales, ont exercé la gouvernance du pays. Et pour autant, rien n’a été fait pour déplacer ou réduire cet entrepôt. Avec les conséquences que l’on connaît aujourd’hui.
Il n’y a pas de fatalité au drame qui a endeuilli le Liban mardi. Il faut espèrer qu’il provoque aussi un électrochoc politique pour unir les Libanais et leurs forces politiques derrière un seul objectif : restaurer une vraie gouvernance pour le bien-être des Libanais.
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