L’ex-ministre mozambicain des Finances accusé de corruption extradé vers son pays
L’Afrique du Sud a annoncé mardi sa décision d’extrader vers le Mozambique l’ex-ministre mozambicain des Finances Manuel Chang, arrêté fin 2018 sur son territoire dans le cadre d’un vaste scandale de corruption qui défraie la chronique dans son pays.
« J’ai décidé que l’accusé, M. Manuel Chang, serait extradé au Mozambique pour y être jugé pour les crimes pour lesquels il est poursuivi », a annoncé dans un communiqué le ministre de la Justice, Michael Masutha.
M. Chang est poursuivi pour les mêmes faits au Mozambique et aux Etats-Unis, qui avaient aussi réclamé à Pretoria son extradition sur leur territoire.
« J’ai noté que la requête des Etats-Unis d’Amérique avait été soumise quelques semaines avant celle du Mozambique. Toutefois (…) je suis persuadé que les intérêts de la justice seront mieux servis en accédant à la requête de la République du Mozambique », a déclaré M. Masutha.
L’ex-ministre, 63 ans, a été arrêté à l’aéroport international de Johannesburg en décembre dernier sur requête de la justice américaine pour son implication présumée dans une affaire de prêts frauduleux de 2 milliards de dollars (1,76 milliard d’euros).
Manuel Chang est accusé d’avoir perçu plusieurs millions de dollars de pots-de-vin en marge de cette affaire.
Son pays d’origine et les Etats-Unis se disputaient depuis le droit de le juger pour les mêmes faits.
« Importante dette »
La ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Lindiwe Sisulu, avait publiquement fait savoir sa préférence pour le Mozambique. « Nous autoriserons le Mozambique à avoir son ancien ministre (…), nous estimons que c’est la chose la plus simple à faire pour tous », avait-elle dit plus tôt cette année à un média local.
Les Etats-Unis avaient eux aussi fait savoir qu’ils comptaient bien récupérer l’ancien ministre.
« Les Etats-Unis attendent de l’Afrique du Sud qu’elle extrade M. Chang », a déclaré le sous-secrétaire d’Etat américain Tibor Nagy à la presse. « Nous avons signé un traité d’extradition avec l’Afrique du Sud, nous comptons bien sur (cette extradition) », a-t-il insisté.
Dans sa décision, le ministre sud-africain de la Justice a dit avoir pris en compte, entre autres, la citoyenneté de M. Chang, le fait que les crimes pour lesquels il est poursuivi aient été commis pendant qu’il était ministre ainsi que « l’importante dette pour le Mozambique provoquée par les faits qui lui sont reprochés ».
M. Chang est soupçonné d’avoir autorisé, sans en avertir le Parlement de son pays et les bailleurs de fonds internationaux, pour 2 milliards de dollars d’emprunts à des entreprises publiques de son pays. Un audit indépendant a révélé qu’un quart de ces sommes avaient été détournées.
La justice mozambicaine a arrêté récemment plusieurs suspects liés à ce scandale, dont le fils de l’ex-président Armando Guebuza et des agents des services de renseignement.
Ce scandale dit de la « dette cachée » a plongé le Mozambique dans une grave crise financière. Il embarrasse son actuel président Filipe Nyusi, ministre de la Défense à l’époque des faits et candidat à un nouveau mandat à la tête du pays lors des élections d’octobre.
L’opposition et des ONG refusent que le pays rembourse un centime de cette « dette cachée » aux banques.
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