Peter Mertens
L’Europe néolibérale ou le mépris du peuple
C’est une leçon du Brexit : l’Europe arrogante du grand capital nourrit le nationalisme et l’establishment européen n’a que mépris pour la » populace « . Si, aujourd’hui, nous ne changeons pas les fondements de l’Europe, nous laisserons ce continent aux mains des nationalistes. C’est d’une tout autre Europe que nous avons besoin, une Europe oeuvrant pour les 99 % et non pour le 1 %.
« C’est le moment de refonder et réinventer une autre Europe en écoutant les peuples », a déclaré Manuel Valls, le Premier ministre français, juste après l’annonce du résultat sur le Brexit. « Vous pourriez peut-être commencer par la France ? », lui a lancé quelqu’un. Effectivement, cela fait des mois que la France est secouée par l’opposition à la nouvelle « loi Travail », qui doit flexibiliser et déréguler la législation sur le travail. Même en plein Euro de foot, le dimanche 14 juin, 1,3 million de Français étaient à nouveau dans la rue. « Comment ce gouvernement peut-il continuer à ne pas écouter le peuple ? », s’interrogeait un manifestant. C’est donc un Premier ministre totalement sourd à la population, dont le gouvernement n’a plus la confiance que de 15 % des citoyens, qui vient donner une leçon de démocratie aux autres gouvernements. Bienvenue en Europe, Welcome in Europe.
L’establishment crache son mépris pour la « populace »
« Ceci est une révolte contre l’élite. La crise européenne recouvre une énorme crise du système démocratique », commentait l’auteur néerlandais Geert Mak au lendemain de l’annonce du résultat du référendum. Mak a raison, mais cette ritournelle n’a rien de neuf. Fin mai 2005, le New York Times titrait en grosses lettres : « Une émeute contre l’ordre établi ». Que se passait-il à l’époque ? Les populations française et néerlandaise venaient de rejeter la Constitution européenne par référendum. Et, à l’époque aussi, des politiciens à dix mille euros par mois se marchaient dessus pour se fendre en déclarations jurant à quel point ils avaient bien compris le signal. Jusqu’à ce que la tempête se calme et qu’ensuite, rien ne change. Deux ans plus tard, la Constitution néolibérale rejetée a tout simplement été imposée sous un autre nom : le « Traité de Lisbonne ». Avec à peine dix minutes d’explications à la commission compétente, Karel De Gucht a alors fait approuver (en avril 2008) ce traité par le Parlement belge. « Les référendums, c’est pour les démagogues et les dictateurs », lançait alors le super-démocrate Karel De Gucht, qui vient de répéter exactement les mêmes mots suite au Brexit.
Quand, en juin 2008, les Irlandais ont quand même organisé un référendum sur le Traité, l’Union européenne s’est à nouveau pris une claque en pleine figure. Pour les Irlandais, c’était « Nil », « non » dans la langue de l’Île d’émeraude. Et l’establishment de cracher son mépris pour cette « populace » qui ne veut pas comprendre que l’Union n’agit que pour le mieux, qui n’a pas compris le Traité, qui est d’ailleurs trop stupide pour piger quoi que ce soit. C’est sur ce dédain, sur cette déconsidération du peuple qu’avance l’Europe néolibérale. Ce que nous entendons depuis quelques jours sur les Britanniques n’a donc rien de nouveau.
L’Europe brandit un doigt d’honneur aux jeunes générations
Il y a exactement un an, l’establishment européen humiliait les Grecs rebelles qui, par un référendum, demandaient la fin du dogme de l’austérité. Lors de ce référendum, plus de 85 % des jeunes entre 18 et 24 ans ont voté « non » ; mais on n’a entendu aucune voix évoquer ce « fossé des générations » entre l’Europe élitiste et la génération sacrifiée des jeunes en Grèce, au Portugal, en Espagne, en Irlande, en Italie. Oui, les jeunes sont pour la collaboration européenne. Mais ils ne sont pas pour l’orientation politique actuelle de l’Union européenne, dans laquelle plus d’un jeune sur cinq est sans emploi. Selon les chiffres officiels, ce sont ainsi 4,4 millions de jeunes qui sont quasiment rejetés de la société. Ce n’est pas un hasard si, en France, en Italie, en Espagne, la résistance sociale contre le marché du travail précaire imposé par l’Europe soit précisément portée par les jeunes. C’est pour cela que pas moins de 85 % des jeunes Grecs ont dit « non » au nouveau mémorandum européen. Mais leur voix a été complètement étouffée. « L’Union européenne est restée totalement sourde et a décidé de faire chuter un État membre européen qui n’a pas voulu marcher au pas des dogmes néolibéraux », écrivais-je l’an dernier dans une carte blanche. Avec le « diktat de Bruxelles », l’establishment européen a une fois pour toutes voulu montrer que ceux qui veulent une autre Europe, une Europe sociale, doivent se plier à la ligne dure des financiers de Francfort. Ce faisant, l’Union a brandi un grand doigt d’honneur aux jeunes générations du continent : vous pouvez avoir votre avis sur tout, mais c’est nous qui déterminons au bout du compte ce qu’il faut faire et la marche à suivre. Ce sont les mêmes euro-technocrates qui, aujourd’hui, n’ont que le terme de « jeunes générations » à la bouche. Jusqu’à quel point les mots peuvent-ils être creux ?
Toutes les tentatives pour calmer la colère aggravent encore la situation
Dans les villes du nord de l’Angleterre, les gens ont apporté leur propre stylo pour voter, parce qu’ils craignaient que le crayon puisse être gommé. La méfiance est à ce point. « Ce qui a enflammé la colère est suffisamment clair, a écrit The Guardian. Une énorme pénurie de logements, un marché de l’emploi d’une précarité inouïe, et le sentiment, trop souvent négligé, que des gens qui étaient autrefois certains de leur propre identité de mineurs ou sidérurgistes se sentent désormais humiliés et ignorés. Toutes les tentatives de la politique traditionnelle pour calmer cette colère ne font qu’aggraver la situation – les hommages faciles aux « familles qui travaillent dur », ou les figures de style sur la « mobilité sociale », suggérant que la seule chose que peut proposer Westminster à la classe ouvrière est une opportunité trompeuse et qu’ils ne seront plus jamais ouvriers. »
La colère pouvait s’exprimer dans deux directions : soit rallier le camp du « Leave » (quitter l’UE), soit celui du « Remain » (rester). Car il ne faut pas s’y tromper : dans le camp du « Remain » aussi, on pouvait entendre de virulentes citriques contre l’Union européenne. Entre autres, de la part du nouveau dirigeant de gauche du Labour, Jeremy Corbyn : « Dans d’importantes parties de la Grande-Bretagne règne un sentiment d’impuissance. Des communautés entières ont été abandonnées à leur sort, des emplois qualifiés et protégés ont disparu, des gens ont été abandonnés dans des emplois précaires et sous-payés. C’est surtout dans l’ancien coeur industriel que les gens ont voté pour le Brexit. Ils ont encaissé de plein fouet l’impact des mesures d’austérité et des fermetures des services publics locaux, en même temps que les plus riches bénéficiaient de nouveaux avantages fiscaux. Le choix du Parti conservateur de faire, une fois de plus, payer la crise aux régions les plus à la traîne a ouvert la porte à une campagne encore plus sale, basée sur la division. Ce sont les migrants, et non le gouvernement, qui ont été montrés du doigt comme étant responsables de la disparition des emplois et de la dérégulation du marché du travail. » Bref, ceux qui ont voté pour rester au sein de l’Union européenne ne sont pas pour autant d’accord avec la gestion politique choisie par cette Union.
Choisir entre la peste et le choléra
Il n’y avait donc pas qu’un seul camp du « Remain », mais au moins deux. D’une part, la City de Londres, avec ses banquiers et ses spéculateurs. De l’autre, des gens comme le dirigeant de gauche du Labour, Jeremy Corbyn, et d’autres qui veulent opter pour une Europe radicalement différente de cette Europe de la concurrence et des dogmes du marché. Mais, avec cette voix, il était quasiment impossible de faire le poids face au discours mélodramatique de l’ancien maire conservateur de Londres, Boris Johnson, qui promettait au peuple britannique une « libération historique des chaînes européennes ». Et donc, face à une puissante campagne de droite pour le Brexit, soutenue par les médias populaires britanniques, il y avait une voix peu déterminée de gauche, qui s’appuyait surtout sur une vague promesse que l’Europe pouvait être « autre ».
Dès le départ, le référendum semblait être un choix entre la peste et le choléra. Si la question avait porté sur l’approbation ou non de la politique actuelle de l’Union européenne, la réponse aurait été absolument différente. Qui peut croire que les Écossais seraient satisfaits de la politique européenne ? Et les Irlandais ? Ce sont eux qui, en 2008, ont dit « non » à une Constitution européenne réchauffée présentée sous la forme de Traité de Lisbonne.
Une Grande-Bretagne indépendante où les thatchériens décideront
« Le cours ultralibéral lancé par la Première ministre conservatrice Margaret Thatcher dans les années 1980 débouche aujourd’hui sur la société la plus inégalitaire du monde occidental. » Ce n’est pas moi qui le dis, mais le journal financier De Tijd, le weekend après le Brexit : « Perte de pouvoir d’achat, contrats zéro heure, plus d’un million de personnes qui doivent faire appel aux banques alimentaires : la cinquième économie du monde en l’an 2016, c’est aussi ça. »
Les Britanniques veulent du changement. Et il semble qu’une majorité ait voté pour une sortie de l’Union dans l’espoir de voir la Grande-Bretagne changer de cours. Dans l’espoir que des emplois soient créés, que l’on mette fin aux privatisations, que l’on octroie à nouveaux des moyens aux soins de santé publics, que les contrats à zéro heure disparaissent.
Les grands leaders de la campagne en faveur du Brexit ont exploité cette aspiration de façon perfide et hypocrite. Comme s’ils allaient changer de cap. Il faut pourtant dire que la campagne en faveur du « Leave » a été attisée par les porte-parole libéraux les plus extrémistes, comme l’ancien maire conservateur de Londres Boris Johnson et l’extrémiste Nigel Farage de l’UKIP. Pour ceux qui ont cru en cette « force du changement », le réveil va être très dur. Dans cette Grande-Bretagne « indépendante », ou dans ce qu’il en adviendra, ce seront les thatchériens les plus enragés qui auront tout à dire. Tel est le cynique résultat de ce référendum. Les nombreuses années de politique de démantèlement social, lancée par les Tories (conservateurs) et poursuivie par les sociaux-démocrates droitisés du New Labour, ont été lessivées en cours de campagne par des slogans démagogiques vantant l' »indépendance », la « démocratie » et la « liberté ». « Par ce référendum, Boris Johnson et les Tories veulent décrocher un mandat pour pouvoir à nouveau imposer un thatchérisme ultra-musclé : dérégulation du marché de l’emploi, salaires encore plus bas, encore moins de règlementations pour le Big Business. Si les Britanniques votent pour le Brexit, Johnson et Gove (politiciens conservateurs, NdlR) se tiennent prêts à prendre le contrôle du Parti conservateur et à transformer la Grande-Bretagne en une île de rêve pour le néolibéralisme », écrivait Paul Mason dans The Guardian.
La N-VA : pour les référendums lorsque ça l’arrange
Le discours de Boris Johnson rappelle la « force du changement » prêchée dans notre pays par Bart De Wever. Ce n’est pas un hasard si le maire de Londres Boris Johnson et le bourgmestre d’Anvers Bart De Wever sont copains comme cul et chemise. Dans leur vision politique, certainement : s’en prendre au statu quo, réclamer le changement et utiliser cette « force-du-changement » pour casser les rapports de force existants et les faire pencher en faveur des plus riches. Bart De Wever a défendu Boris Johnson contre vents et marées. Pourtant, le maire de Londres a été l’un des partisans les plus tonitruants de la campagne pour le Brexit. Interrogé sur le référendum britannique le jour de l’annonce du résultat, De Wever a répondu : « J’espère que tout le monde se rend compte que faire partie d’un ensemble bien plus grand comporte toujours malgré tout plus d’avantages que d’inconvénients. » Voilà. L’homme qui veut faire de la scission d’un petit pays comme la Belgique l’oeuvre de sa vie dit désormais qu' »un plus grand ensemble » apporte plus d’avantages qu’un petit.
Mais cela ne signifie pas que De Wever désire un référendum dans notre pays : « Personnellement, je ne suis pas non plus un grand partisan des référendums en tant qu’outils démocratiques, a-t-il déclaré, parce qu’on ne doit pas poser à la population des questions aussi compliquées sous forme de « oui/non ». Les gens vont alors voter avec leurs sentiments, et ce n’est jamais une bonne chose. » Sauf pour… l’Écosse. Le bourgmestre d’Anvers ne s’oppose pas à ce que les Écossais organisent une nouvelle consultation populaire, pour rester au sein de l’Union européenne. De Wever est en outre convaincu que les Écossais « vont gagner ». Un référendum écossais, « en tout cas, constituerait un précédent intéressant pour nous », a-t-il ajouté. Donc, les Britanniques, non, mais les Écossais, oui. La N-VA n’est pour les référendums que lorsque ça lui convient bien. En ce sens, la N-VA ne diffère en rien de l’establishment européen : la démocratie quand ça l’arrange, sinon rien (il suffit de se rappeler les Irlandais en 2008 ou les Danois en 2005).
La Sainte-Alliance entre démocratie chrétienne et social-démocratie règne sur l’Europe
Entre-temps, on ne compte plus les nouvelles « saintes prêtresses » dans la démocratie chrétienne et la social-démocratie européennes. À chaque crise, on en voit de plus en plus venir expliquer à quel point l’Europe est un beau conte de fées, que viennent lamentablement gâcher les Britanniques ou autres populistes du moment. Elles-mêmes ne portent bien sûr aucune responsabilité. Il faut simplement « plus de la même chose », clament ces prêtresses de la Sainte-Alliance. Plus de concurrence, plus d’économies, plus de dumping social. Or, non, la grande coalition européenne des démocrates-chrétiens et des sociaux-démocrates n’offre aucune alternative à la politique antisociale de Cameron. Pendant que la population britannique souffre du dumping social et des bas salaires, la Commission européenne attaque le salaire minimum pour les camionneurs instauré en France et en Allemagne. Pendant que la population britannique fustige chaque jour la déliquescence de leur chemin de fer privatisé, l’Union européenne impose son troisième paquet de libéralisation ferroviaire. Et pendant que les multinationales ne paient quasiment pas d’impôts, le commissaire européen Pierre Moscovici privilégie une approche « non-contraignante » pour les paradis fiscaux.
Les eurocrates ne veulent pas du Brexit, mais ils ne veulent pas non plus de changement de cap pour le projet européen. Plus fort encore : pour eux, c’est une raison de plus pour continuer dans le même sens. La commissaire européenne Marianne Thyssen (CD&V) et l’eurodéputée Kathleen Van Brempt (sp.a) peuvent bien se répandre en déclarations sur « l’Europe sociale », c’est quand même la Sainte-Alliance de leurs partis, respectivement démocrate-chrétien et social-démocrate, qui a imposé le traité budgétaire où sont édictées toutes les mesures d’austérité essentielles. Dans notre pays, cet absurde traité budgétaire a été approuvé en catimini au Parlement avec l’appui du CD&V, du sp.a et du PS (en mai 2012). La Sainte-Alliance impose le cap à suivre. Elle place la gestion sociale et économique dans toute l’Europe sous la curatelle « d’experts » directement issus des grands groupes financiers et économiques. Elle attribue à la Commission Européenne des compétences qui, sans aucun contrôle démocratique, interviennent profondément dans le pouvoir de décision souverain des États nationaux. Si l’on veut un changement social en Europe, il faudra rompre avec cette politique d’austérité de la Sainte-Alliance.
Si l’Europe veut survivre, il faudra en changer les fondements
« La concurrence et la chasse au profit dans le libre marché sont la base de l’Union Européenne. Elles sont gravées dans les textes de base de l’Union. Elles pourrissent et étouffent tout avais-je écrit dans mon livre Comment osent-ils ?, en 2011. Nous ne devons pas rhabiller de neuf cette construction de la concurrence ou donner une nouvelle couche de peinture aux déséquilibres de cet édifice. Nous avons besoin d’une nouvelle base, d’autres fondations. La collaboration et la solidarité doivent remplacer la concurrence et l’inégalité. Cela suppose une tout autre Europe. »
Si l’Europe veut survivre, ses fondements devront changer. L’alternative, c’est que toute l’Union vole en éclats, et que les tensions nationalistes du début du 20e siècle ressurgissent en ce début de 21e siècle.
Si nous voulons une autre Europe, il faudra alors qu’il y ait de la participation et de la transparence. Et que ça ne reste pas que des mots, mais que ça se transforme en actes. Il faudra alors proposer les solutions essentielles par des référendums, au lieu de systématiquement nier les résultats des consultations populaires. Le Traité de Lisbonne et le Saint-Traité budgétaire (le TSCG ou Pacte budgétaire) devront être rediscutés. Pour les remplacer par une nouvelle convention européenne aux principes progressistes.
Nous avons besoin d’un projet mobilisateur
Plutôt que de dumping social, nous avons besoin d’un revenu minimum européen élevé. Plutôt que de privatisations et de libéralisations, nous avons besoin de nouveaux investissements dans les infrastructures publiques et dans les services. Plutôt que de paradis fiscaux et de concurrence fiscale, nous avons besoin d’une taxe européenne sur la fortune pour activer l’argent dormant des multimillionnaires. Oui, nous devons profiter de cette crise pour remettre en cause les traités existants. Il doit être possible d’accorder des transferts de solidarité, de développer des monopoles publics, d’intervenir politiquement par la Banque Centrale Européenne pour permettre enfin une relance économique qui rompe le carcan du Traité budgétaire.
« L’image de l’Europe en tant que géant bienveillant et protecteur a volé en éclats. L’Europe d’aujourd’hui est celle de créanciers, non celle de débiteurs. C’est l’Europe du 1 %, des élites et des banques, dont les machineries de lobbys sont tellement plus puissantes que le Grec ordinaire », écrivait l’éditorialiste Yves Desmet il y a exactement un an. Si, aujourd’hui, nous ne changeons pas les fondements de l’Europe, nous laisserons ce continent aux mains de nationalistes blancs, blonds et bornés comme Le Pen en France, Geert Wilders au Pays-Bas et Donald Trump aux États-Unis. Face aux mensonges du conservatisme international, nous n’avons pas besoin d’une Sainte-Alliance qui défend un impossible statu quo dans l’Europe actuelle. Nous avons besoin d’un projet mobilisateur pour l’égalité et la justice sociale, qui parte de la lutte des 99 % contre les 1 %. Ce mouvement grandit, tombe mais se relève et continue de grandir.
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