L’Europe inondée de bois russe sous sanction, la Belgique «proactive» contre la fraude
Une investigation de l’ONG britannique Earthsight démontre que du bois russe sous sanction afflue en Europe, nourrissant un commerce illégal et très lucratif.
L’importation de bois russe a beau être interdite dans l’Union européenne depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, le continent n’en continue pas moins d’être inondé, révèle ce jeudi l’ONG britannique Earthsight, au terme d’une investigation poussée. «Nos conclusions révèlent pour la première fois l’ampleur de la violation des sanctions», écrit l’ONG, qui a enquêté sur le commerce de contreplaqué de bouleau provenant de sept des dix plus grands exportateurs russes.» Du «contreplaqué toujours vendu dans l’UE», poursuit Earthsight dans son rapport, expliquant «que le contreplaqué russe est introduit clandestinement en masse dans de nombreux Etats membres de l’UE», ajoutant «que les efforts déployés par les autorités pour réprimer la situation ont été terriblement insuffisants. Depuis l’entrée en vigueur des sanctions, du bouleau taché de sang a été vendu illégalement en Europe pour une valeur de plus de 1,5 milliard d’euros.»
Concrètement, les enquêteurs d’Earthsight se sont fait passer pour des acheteurs durant une période de neuf mois, enregistrant à leur insu des commerçants et intermédiaires qui ont admis ces importations illégales mais très lucratives, et allant jusqu’à énumérer leurs techniques pour éviter d’être détectés.
Pour la seule Belgique, on parle de près de 5.000 m3 de bois commercialisés illégalement, soit une valeur au détail de 14,8 millions d’euros.
La Belgique concernée aussi
Au moins 500.000 m3 de bois sous sanction ont ainsi afflué de Russie via des pays tiers et vers l’UE depuis l’imposition des sanctions en juillet 2022. Pour la seule Belgique, on parle de près de 5.000 m3 de bois, équivalent à 142 camions, commercialisés illégalement, pour une valeur au détail de 14,8 millions d’euros.
Toutefois, la Belgique, fait valoir Earthsight, est plutôt proactive en matière de lutte contre ce commerce illégal, l’ONG notant que la Belgique et les Pays-Bas ont réussi à éliminer pratiquement leurs importations directes de contreplaqué de bouleau à haut risque… Hélas, «entre-temps, les importations vers (ou via) la Tchéquie et la Slovénie ont augmenté. Avec le commerce sans frontières en Europe, il est trop facile pour les acheteurs de faire leurs achats en transit», déplore Earthsight, qui appelle à beaucoup plus de vigilance et de fermeté dans la lutte contre ce trafic de «bois ensanglanté».
«Les autorités lituaniennes, néerlandaises, lettones et belges, en étroite collaboration avec les douanes, ont toutes pris des mesures en vertu de la loi contre les importations de bois en provenance de Russie ou du Bélarus. Les sanctions que les autorités peuvent imposer en cas de violation du règlement européen sur le bois (RBUE) sont cependant souvent faibles et ne reflètent pas la gravité de la contrebande de bois ensanglanté», conclut l’ONG, incitant les autorités douanières de tous les Etats membres «à faire respecter le règlement, retenir toutes les expéditions de contreplaqué de bouleau et ne pas les mettre en libre circulation tant que les contrôles du RBUE ne sont pas terminés. Les données commerciales sur les importations de contreplaqué de bouleau doivent être surveillées en permanence, afin que de nouvelles filières de blanchiment soient identifiées le plus tôt possible.»
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