L’esclavage moderne touche encore 50 millions de personnes dans le monde, dont 3 millions d’enfants
Cinquante millions de personnes étaient réduites à un type d’esclavage moderne en 2021, a déploré lundi l’Organisation internationale du travail (OIT), soit 10 millions de plus qu’il y a cinq ans. Les femmes et les enfants restent particulièrement vulnérables.
Parmi ces esclaves modernes, 28 millions étaient soumis au travail forcé et 22 millions étaient piégées dans une union imposée.
Concernant le travail forcé, la grande majorité (86%) s’opère dans le secteur privé, note l’OIT. Les services, l’industrie manufacturière, la construction, l’agriculture (excepté la pêche) et le travail domestique constituent les cinq secteurs où évoluent la majorité des victimes adultes de l’économie privée. L’exploitation sexuelle commerciale forcée représente à elle seule un quart (23%) de l’ensemble du travail forcé. Les femmes et les filles en sont les premières victimes, représentant près de 80% de ces victimes. Le travail forcé touche également 3,3 millions d’enfants, dont plus de la moitié sont prostitués à des fins commerciales.
Les personnes migrantes aussi sont particulièrement vulnérables: elles courent trois fois plus le risque d’être soumises au travail forcé que les adultes non migrants. « Il est urgent de veiller à ce que toute migration soit sûre, ordonnée et régulière », souligne le directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), António Vitorino. La migration de travail a un effet largement positif sur les individus et les sociétés, rappelle l’OIT.
L’Europe, deuxième concernée
Proportionnellement à leur population, les États arabes réduisent le plus de personnes à l’esclavage (5,3 pour 1.000 personnes) ; suivis par l’Europe et l’Asie centrale (4,4 pour 1.000), les Amériques et la région Asie-Pacifique (3,5 pour 1.000) et l’Afrique (2,9 pour 1.000).
L’esclavage moderne est toutefois présent dans quasiment tous les pays, quelles que soient les situations ethniques, culturelles et religieuses. Plus de la moitié (52%) de tous les cas de travail forcé et un quart de tous les mariages forcés s’observent dans les pays à revenu moyen supérieur ou à revenu élevé.
Les unions imposées ont augmenté de 6,6 millions depuis les estimations mondiales de 2016, mais leur nombre réel est certainement bien plus important, relève l’OIT. En effet, ces statistiques n’incluent pas tous les mariages d’enfants. « Le mariage forcé est étroitement lié à des attitudes et pratiques patriarcales établies de longue date », pointe l’organisation. Proportionnellement, ces unions forcées sont les plus fréquentes dans les pays arabes (4,8 personnes sur 1.000), bien que 65% des mariages forcés sont recensés en Asie.
Contrer l’esclavage moderne
Pour contrer l’esclavage moderne, il est nécessaire d’appliquer et d’améliorer les lois et les inspections du travail, d’étendre la protection sociale, de porter l’âge légal du mariage à 18 ans sans exception ou encore d’apporter un soutien accru aux femmes, aux filles et aux personnes vulnérables, liste l’OIT.
« Nous savons ce qu’il faut faire, et nous savons que cela peut être fait. Les politiques (mais aussi) les syndicats, le patronat, la société civile et les gens ordinaires, nous avons tous un rôle à jouer », conclut le directeur général de l’OIT, Guy Ryder.
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