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Les voitures autonomes, une aubaine pour les vendeurs d’alcool

L’industrie américaine de l’alcool s’associe aux lobbys pour la commercialisation des véhicules sans chauffeur : ils mèneraient à plus de sûreté au volant, mais aussi à des bénéfices non négligeables pour le secteur de l’alcool.

Ces dernières semaines, plusieurs groupes d’alcooliers « ont donné leur appui aux coalitions de lobbying qui visent à mettre les véhicules autonomes sur la route le plus vite possible », rapporte le Washington Post.

L’un d’entre eux, le Wine and Spirits Wholesalers of America, représente près de 400 compagnies liées au secteur. Cette association de grossistes vient d’apporter son soutien à la Coalition for future mobility. Jusqu’alors principalement composé de compagnies actives dans l’automobile et les technologies, le groupe fait pression en faveur du développement de cette technologie.

« La même semaine, la Foundation for Advancing Alcohol Responsibility (une organisation à but non lucratif qui lutte contre la consommation d’alcool chez les mineurs et l’alcool au volant) soutenait un projet de loi visant à accélérer la commercialisation des véhicules autonomes« , poursuite le Washington Post. « Parmi les membres de la fondation on retrouve Diageo, Pernod Ricard Bacardi et Constellation : quatre des plus importants producteurs de bières et de liqueurs au monde ».

Les producteurs et vendeurs de boissons alcoolisées s’associent à ce lobbying, car « les voitures sans chauffeurs pourraient révolutionner la façon dont les Américains boivent », souligne le quotidien américain.

La sécurité sur la route…

Ces organisations se disent souvent sensibles aux problèmes liés à l’alcool au volant. Et les voitures autonomes pourraient avoir un impact important vis-à-vis de la sécurité routière. « Les experts disent qu’il existe des preuves que de vraies voitures autonomes réduiraient la conduite en état d’ébriété », peut-on lire dans le Post. « Celles-ci diffèrent significativement des voitures semi-autonomes actuellement sur le marché, qui nécessitent une participation active d’un conducteur humain ».

Pour les brasseurs et distilleurs, investir dans cette technologie permettra donc de réduire les risques d’alcool au volant, et partant, les accidents qui en résultent. Mais les alcooliers devraient aussi personnellement profiter de l’essor des voitures autonomes : elles pourraient augmenter drastiquement les ventes de boissons alcoolisées.

Et $250 milliards supplémentaires pour le secteur

Si les consommateurs d’alcool ne devaient plus reprendre le volant pour rentrer chez eux après une soirée, ils boiraient en plus grande quantité. C’est en tous cas l’idée que défend la banque américaine Morgan Stanley. D’après une étude réalisée par celle-ci, cette augmentation pourrait booster les ventes d’alcool jusqu’à 250 milliards de dollars.

Il suffirait d’un verre de plus par mois par consommateur pour que le marché explose de $31 milliards. Dans l’hypothèse de Morgan Stanley, avec les voitures autonomes les consommateurs pourraient boire deux verres de plus par semaine, faisant grimper les ventes de 250 milliards.

Plus de bénéfices, moins de coûts

En outre, les producteurs et détaillants d’alcool pourraient profiter d’une autre façon de cette commercialisation de nouveaux véhicules : elle entrainerait une diminution de la consommation à domicile, et parallèlement une augmentation de la consommation dans les restaurants et les bars, là où ils retirent des marges plus importantes.

Enfin, la mise sur le marché des camions de livraison autonomes entrainerait pour les groupes une réduction des coûts liés au transport. Et cette innovation semble, d’après les experts, plus plausible d’arriver avant les voitures sans conducteur pour les particuliers.

Mobilité et alcool : des secteurs inextricablement liés

Plusieurs études ont déjà démontré l’impact de la mobilité sur la consommation d’alcool. Qu’il s’agisse des services tels que Uber ou des extensions des horaires de métro, on constate que ces alternatives à la conduite engendrent une baisse des accidents liés à la consommation de boissons alcoolisées.

« En même temps, d’autres arrestations liées à l’alcool ont augmenté dans ces régions », constate pour le journal américain Brad Greenwood, chercheur à l’université du Minnesota sur les effets des innovations technologiques. « C’est purement spéculatif, mais sur base de ce que l’on sait, je pense bien que l’alcoolémie au volant va diminuer avec les véhicules autonomes. Mais je pense aussi que certaines personnes vont boire plus ». Un effet qui pourrait être d’autant plus significatif dans les zones rurales, présume le chercheur.

Cette innovation pourrait avoir des répercussions bien plus larges que celles qui concernent l’alcool au volant, avertit le chercheur en technologies. « Je ne vois pas le changement se produire rapidement, mais la façon dont les choses vont se dérouler sur le long terme, ce sera fascinant ».

Oriane Renette.

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