Les vaccins contre le Covid-19 au coeur d’un G20 inédit, en mode virtuel
Un sommet virtuel pour des défis bien réels, à commencer par une pandémie qui tue en masse et secoue l’économie mondiale: les dirigeants du G20, réunis dans un format virtuel inédit, ont appelé à la solidarité face au Covid-19, en particulier pour l’accès aux vaccins.
« Nos peuples et nos économies souffrent encore de ce choc, mais nous ferons tout notre possible pour surmonter cette crise grâce à la coopération internationale », a déclaré le roi Salmane d’Arabie saoudite à l’ouverture de cette rencontre de deux jours, par écrans interposés.
Il est apparu au côté du prince héritier Mohammed ben Salmane, et entouré de vignettes montrant en direct les dirigeants des plus grandes puissances mondiales, une image devenue familière.
Non sans quelques instants insolites: le président français, Emmanuel Macron, plaisantant avec un interlocuteur hors champ, son homologue chinois, Xi Jinping, faisant appel à un assistant armé d’une télécommande…
Le président américain Donald Trump a quant à lui fait une brève apparition, essentiellement pour évoquer son propre bilan selon deux participants interrogés par l’AFP. Il s’est ensuite rendu à son golf proche de Washington.
Sans surprise, la pandémie a dominé les premiers échanges, à l’heure où la course aux vaccins s’accélère.
« Serons-nous prêts à garantir l’accès (aux vaccins) à l’échelle planétaire, et à éviter à tout prix le scénario d’un monde à deux vitesses, où seuls les plus riches pourraient se protéger du virus? », a demandé samedi le président français Emmanuel Macron, dans une adresse par visioconférence à ses homologues, qu’il a ensuite tweetée.
Face au Covid-19, qui a infecté plus de 55 millions de personnes et en a tué plus de 1,3 million à travers le monde, le président chinois a lui estimé que la réponse devait aussi être économique.
« Nous devons réduire les taxes et les barrières douanières et nous pencher sur la libéralisation des échanges d’équipements médicaux essentiels », a-t-il ainsi estimé.
Avant même que le G20 ne commence, le patron de l’ONU, Antonio Guterres, avait rappelé qu’il « manque 28 milliards, dont 4,2 avant la fin de l’année » pour financer l’ACT-Accelerator, un dispositif de l’Organisattion mondial de la santé devant garantir que les pays riches ne monopoliseront pas les traitements, tests ou vaccins.
« L’accès à la vaccination doit être possible et abordable pour chaque pays. Les fonds promis jusqu’à présent ne sont pas encore suffisants pour y parvenir. Je vous demande donc à tous de soutenir cette initiative importante. Cette aide à court terme est dans notre intérêt », a dit la chancelière Angela Merkel à ses homologues.
Dette et droits humains
Le G20 — qui regroupe notamment les Etats-Unis, la Chine, le Japon, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l’Inde, le Brésil, la Corée du Sud, la Russie, l’Australie, l’Indonésie et l’Arabie saoudite — représente les deux tiers de la population de la Terre, 80% du commerce mondial et plus de 85% de la richesse produite annuellement sur la planète.
Ce club des puissants doit aussi se pencher sur la dette des pays les moins avancés, dont plusieurs sont menacés de défaut de paiement.
Le G20 a adopté en avril un moratoire sur le paiement du service de la dette de six mois, qui court jusqu’en juin 2021. M. Guterres a demandé un « engagement ferme » pour que ce délai de grâce soit prolongé jusqu’à fin 2021.
L’ombre des atteintes aux droits humains en Arabie saoudite, royaume ultraconservateur, plane aussi sur le sommet, dont Ryad espérait faire une vitrine fastueuse. Notamment pour l’ambitieux programme de réformes économiques, censé réduire la dépendance à la manne pétrolière, orchestré par le prince héritier Mohammed ben Salmane.
Son ascension s’est accompagnée d’une répression accrue contre les voix dissidentes qui embarrasse les partenaires internationaux de Ryad, de l’assassinat du journaliste critique Jamal Khashoggi à la détention de militantes féministes comme Loujain al-Hathloul.
La soeur de cette dernière, Lina Al-Hathloul, avait ainsi déclaré à l’AFP, avant le sommet: « »La nouvelle Arabie saoudite de MBS, on n’y croit plus vraiment. Les vrais réformateurs de ce pays sont aujourd’hui derrière les barreaux et ne peuvent plus s’exprimer ». « Il faut que les leaders du monde soient notre voix », avait-elle espéré.
« Les investisseurs ne sont pas des journalistes, ils cherchent des pays où ils peuvent faire confiance à un gouvernement efficace », a répliqué samedi Khaled al-Faleh, ministre saoudien de l’Investissement, lors d’un point-presse.
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