Les exilés nucléaires des îles Bikini
Près de 70 ans après avoir été évacués pour cause d’essais nucléaires américains, les natifs de l’atoll de Bikini, dans le Pacifique, sont menacés par la montée des eaux et réclament à Washington de l’aide pour être relocalisés.
Depuis des décennies, les habitants de l’atoll de Bikini vivent sur Ejit et Kili, autres îles de l’archipel des Marshall. Kili en particulier est inhospitalière et ne dispose pas de lagon dans lequel ses 800 habitants pourraient pêcher ou de mouillage sûr pour leurs embarcations. Depuis quatre ans, le réchauffement climatique provoque des inondations régulières dans ces îles.
Le Conseil de Bikini demande en conséquence aux Etats-Unis d’aider au relogement des habitants exilés depuis le début des essais nucléaires en 1946. Les Etats-Unis ont réalisé 24 essais nucléaires sur l’atoll dans les années 1950. Ils y ont notamment procédé en mars 1954 au tir Castle Bravo, considéré comme mille fois plus puissant que la bombe atomique lâchée sur Hiroshima.
« Nous n’avons peut-être aucune autre option que d’être relocalisés », a déclaré le maire de Bikini Nishma Jamore. « Le changement climatique est réel. Nous le ressentons et l’expérimentons. Nous n’aurons pas d’autre choix à l’avenir ». Le maire s’exprimait après l’adoption jeudi par le Conseil de Bikini de deux résolutions demandant au Fond de relocalisation mis en place par les Etats-Unis en 1982, d’aider les habitants à s’établir en dehors des îles Marshall, minuscule nation dans le Pacifique ouest. Nombre des habitants veulent aller aux Etats-Unis mais le règlement du Fond interdit toute dépense en dehors des îles Marshall.
L’une des résolutions relève que la relocalisation à Kili « continue d’avoir de graves conséquences psychologiques » pour les habitants. Kili et Ejit ont « été envahies par des hautes vagues au cours des cinq derniers mois, ce qui a contaminé les puits sur les deux îles », ajoute le texte. Les natifs de l’atoll estiment que les Etats-Unis sont moralement responsables de leur bien-être et Washington est accusé de ne pas avoir fait d’efforts pour assainir le site. « Ils doivent vraiment nettoyer Bikini », a déclaré le conseiller Lani Kramer. « Même si on n’y retourne pas, ils doivent nettoyer ».
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