Pour l’Otan, les frappes des Etats-Unis et du Royaume-Uni au Yémen sont « défensives »
Les USA et le Royaume-Uni ont mené des frappes contre les rebelles Houthis au Yémen. Les bombardements ont visé des cibles dans la capitale Sanaa et dans le port d’Hudaydah, un bastion des Houthis dans la mer Rouge.
Le conflit Israël-Hamas se déplace au Yémen où les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont mené dans la nuit des frappes contre les rebelles Houthis, qui menacent depuis des semaines le trafic maritime international en mer Rouge en « solidarité » avec les Palestiniens de Gaza. Ces frappes ont ciblé des sites militaires dans plusieurs villes contrôlées par les Houthis, ce groupe rebelle membre de « l’axe de la résistance », regroupement de mouvements armés hostiles à Israël et établis par l’Iran qui comprend également le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais. La capitale Sanaa et la ville portuaire de Hodeida, où les correspondants de l’AFP ont dit avoir entendu plusieurs explosions, ainsi que Taëz et Saada ont été visées.
L’opération américano-britannique a été menée « avec succès » en réponse « directe aux attaques sans précédent des Houthis sur des navires internationaux en mer Rouge« , a affirmé le président américain Joe Biden, évoquant une action « défensive » soutenue pour protéger notamment le commerce international.
Un porte-parole des rebelles au Yémen, Mohamed Abdel Salam, a affirmé que les Houthis continueront de cibler les navires liés à Israël en mer Rouge, en dénonçant les frappes américano-britanniques « injustifiées » contre son mouvement. « Il n’y a aucune justification à cette agression contre le Yémen, puisqu’il n’y avait pas de menace sur la navigation internationale en mer Rouge (…), et la cible était et restera les navires israéliens ou ceux se dirigeant vers les ports de la Palestine occupée« , a-t-il écrit sur X (ex-Twitter).
Dans la foulée de la guerre Israël-Hamas, les Houthis ont multiplié depuis la mi-novembre les attaques par missiles et par drones en mer Rouge, poussant de nombreux armateurs à contourner la zone, ce qui fait grimper les coûts et les temps de transport entre l’Europe et l’Asie. En réponse, les Etats-Unis avaient déjà déployé des navires de guerre et mis en place en décembre une coalition internationale pour protéger le trafic maritime dans cette zone où transite 12% du commerce mondial.
Que le début ?
Mardi, 18 drones et trois missiles avaient été abattus par trois destroyers américains, un navire britannique et par des avions de combat déployés depuis le porte-avions américain Dwight D. Eisenhower. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, en tournée cette semaine au Moyen-Orient pour tenter de juguler l’escalade régionale en cours de la guerre Israël-Hamas, avait lancé un avertissement aux Houthis, tandis que le Conseil de sécurité de l’ONU avait exigé l’arrêt « immédiat » de leurs attaques.
Mais jeudi, les Houthis ont lancé un autre missile antinavire en mer Rouge. Et les rumeurs d’une intervention se sont emballées. Tôt vendredi, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont frappé des positions des Houthis, le président Biden prévenant d’ailleurs qu’il « n’hésiterait pas » à « ordonner d’autres mesures » si nécessaire. « Ces frappes ciblées sont un message clair (indiquant) que les Etats-Unis et nos partenaires ne toléreront pas les attaques sur nos troupes (et) ne permettront pas à des acteurs hostiles de mettre en danger la liberté de navigation à travers l’une des routes commerciales les plus importantes du monde », a ajouté le président américain.
Les Houthis, proches de l’Iran et qui contrôlent une grande partie du Yémen, ont mené depuis le 19 novembre 27 attaques de missiles et de drones près du détroit stratégique de Bab el-Mandeb séparant la péninsule arabique de l’Afrique, selon l’armée américaine. Ils disent cibler les navires commerciaux qu’ils soupçonnent d’être liés à Israël, affirmant agir en solidarité avec la bande de Gaza, théâtre d’une guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas qui gouverne ce territoire.
« Malgré les avertissements répétés de la communauté internationale, les Houthis ont continué de mener des attaques en mer Rouge (…) Nous avons donc pris des mesures limitées, nécessaires et proportionnées en état de légitime défense », a déclaré de son côté le Premier ministre britannique Rishi Sunak. Les frappes ont été menées à l’aide d’avions de combat et de missiles Tomahawk, ont indiqué plusi médias américains, Washington disant avoir bénéficié aussi du soutien de l’Australie, Bahreïn, le Canada et les Pays-Bas. De son côté, Londres a dit avoir déployé quatre avions de combat Typhoon FGR4 pour frapper avec des bombes guidées au laser les sites de Bani et Abbs, d’où les Houthis « lancent » des drones.
« Prix fort »
« Notre pays fait face à une attaque massive par des navires américains et britanniques, des sous-marins et des avions », a réagi le vice-ministre des Affaires étrangères des Houthis, Hussein Al-Ezzi, cité par les médias du mouvement. « Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne doivent se préparer à payer un prix fort et supporter les lourdes conséquences de cette agression « , a-t-il menacé. Le chef des rebelles, Abdel Malek al-Houthi, avait déjà menacé de riposter à toute attaque américaine en mer Rouge par des opérations encore « plus importantes » que celle particulièrement lourde de mardi.
Les Houthis, qui contrôlent une grande partie du Yémen, disent cibler les navires commerciaux qu’ils soupçonnent d’être liés à Israël, affirmant agir en « solidarité » avec la bande de Gaza, théâtre d’une guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas qui gouverne ce territoire. Et dans la nuit, le ministère de la santé du Hamas a fait état de « nombreux » morts dans des frappes israéliennes sur Gaza où l’ONU a déploré jeudi les entraves des autorités israéliennes à l’acheminement de l’aide humanitaire.
Une « escalade » destructrice selon la Russie, l’Iran condamne
La porte-parole de la diplomatie russe a condamné les frappes, dénonçant une mesure menant à « l’escalade » et ayant des « objectifs destructeurs ». « Les frappes des États-Unis au Yémen sont un nouvel exemple de la déformation par les Anglo-Saxons des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et d’un mépris total du droit international au nom d’une escalade dans la région pour atteindre leurs objectifs destructeurs », a écrit sur Telegram Maria Zakharova. La Russie a également demandé la tenue d’une session extraordinaire du Conseil de sécurité des Nations unies.
La Chine a déclaré être « préoccupée » par l’escalade des tensions en mer Rouge. « La Chine est préoccupée par l’escalade des tensions en mer Rouge », a déclaré Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, et exhorte « les parties concernées à rester calmes et à faire preuve de retenue afin d’éviter une expansion du conflit ».
L’Iran a condamné les frappes, estimant qu’il s’agissait d’une « action arbitraire » et d’une « violation flagrante de la souveraineté » de ce pays. Dans un communiqué, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, a « condamné fermement les attaques militaires menées par les Etats-Unis et le Royaume-Uni contre plusieurs villes du Yémen », après la multiplication des attaques des rebelles Houthis soutenus par l’Iran contre des navires en mer Rouge.
Les frappes contre les Houthis conformes à la charte des Nations unies, selon la coalition
Les frappes sont conformes à la charte des Nations unies, selon une déclaration commune des pays membres de la coalition contre les Houthis. Elles ont été menées en réaction aux attaques « illégales, dangereuses et déstabilisantes » des rebelles contre des navires marchands en mer Rouge.
Ces frappes, menées par les États-Unis et le Royaume-Uni, étaient soutenues de façon logistique par les Pays-Bas, le Canada et Bahreïn. « Ces frappes de précisions ont pour objectif de limiter la capacité des Houthis à menacer le commerce mondial et la vie des marins sur l’une des principales routes maritimes du monde », précisent les gouvernements de 10 pays (Australie, Bahreïn, Canada, Danemark, Allemagne, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Corée du Sud, Royaume-Uni et États-Unis).
Le Hamas avertit: « Les frappes auront des répercussions sur la sécurité régionale »
Les frappes américano-britanniques contre les rebelles Houthis au Yémen auront « des répercussions sur la sécurité régionale« , a prévenu le mouvement islamiste palestinien Hamas dans un communiqué publié sur sa chaîne Telegram. « Nous condamnons vigoureusement la flagrante agression américano-britannique sur le Yémen. Nous les tenons pour responsables des répercussions sur la sécurité régionale », a averti le Hamas.
L’Otan qualifie les frappes contre les Houthis au Yémen de « défensives »
L’Otan a estimé que les frappes aériennes menées par les Etats-Unis et le Royaume-Uni contre les rebelles Houthis au Yémen étaient « défensives« , appelant ces derniers à mettre fin à leurs attaques. « Ces frappes visaient à préserver la liberté de navigation dans l’une des voies maritimes les plus importantes au monde », a indiqué Dylan White, porte-parole de l’Alliance. « Les attaques des Houthis doivent prendre fin« , a-t-il ajouté.