Les droits humains bafoués au nom de la lutte contre le Covid
Le maintien de l’ordre abusif et le recours excessif aux forces de l’ordre pour faire appliquer les mesures prises en réponse à la pandémie de Covid-19 ont bafoué les droits humains et dans certains cas aggravé la crise sanitaire, déclare Amnesty International jeudi dans un communiqué.
L’organisation de défense des droits de l’Homme a recensé, dans un nouveau rapport intitulé « Covid-19 Crackdowns: Police Abuse and the Global Pandemic », des cas dans 60 pays où les organes chargés de l’application des lois ont bafoué les droits humains au nom de la lutte contre le coronavirus. Il s’agit entre autres de cas de personnes tuées ou grièvement blessées pour avoir enfreint les restrictions ou manifesté contre les conditions de détention, explique Amnesty.
Selon l’ONG, si certaines restrictions en matière de droits humains peuvent se justifier lors d’une pandémie pour protéger la santé publique ou répondre à des urgences sociales, de nombreux gouvernements ont largement dépassé des limites raisonnables et justifiées.
La synthèse d’Amnesty International passe en revue les lois, les politiques et les actes commis par les forces de police ou d’autres organismes exerçant des fonctions d’application des lois. Elle présente de nombreux exemples de mesures exagérées et d’abus de pouvoir justifiés à tort en invoquant la protection de la santé publique. Le rapport met également en lumière les arrestations massives et arbitraires par les forces de l’ordre, ainsi que les discriminations et les préjugés racistes dont a fait preuve la police lors de l’application des règlementations liées au Covid-19.
L’organisation pointe enfin les nombreux États qui se sont servis de la pandémie comme d’un prétexte pour adopter des lois et des politiques qui bafouent le droit international et faire reculer les garanties en matière de droits humains, notamment en limitant indûment les droits à la liberté de réunion pacifique et d’expression.
« Il est essentiel que les autorités du monde entier accordent la priorité aux meilleures pratiques de santé publique et non aux mesures coercitives qui se révèlent contre-productives », a déclaré la responsable du programme Police et droits humains d’Amnesty International Pays-Bas, Anja Bienert. « Les organes chargés de l’application des lois doivent donner des ordres clairs et des instructions précises à leur personnel pour placer les droits humains au coeur de toutes les attentions. »