Les dessous de la délicate évacuation des Belges à Gaza : « Certains ne parviennent pas à rejoindre la frontière »
La situation des Belges à Gaza inquiète autant qu’elle intrigue. Leur nombre est évolutif, leurs profils très variés et leur sortie toujours aléatoire. Pour la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib (MR), c’est un nouveau challenge diplomatique (et logistique) à relever.
Les Affaires étrangères ont identifié et remis une liste de 84 Belges et ayants droit présents à Gaza, suivie d’une autre de 94 personnes. Un total de 178 Belges se trouvent donc actuellement sur le territoire contrôlé par le Hamas.
Parmi eux, une vingtaine ont déjà pu quitter le territoire. « Huit belges ont pu passer jeudi, dont un bébé hospitalisé, suivis de neuf autres », confirmait jeudi au Vif la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib. « C’est une bonne nouvelle pour l’ensemble des étrangers qui sont sur le territoire de Gaza, mais aussi pour l’évacuation des blessés », commente-t-elle.
Ainsi, la ministre MR insiste pour ne pas se focaliser sur le nombre officiel actuellement communiqué (178), car il est évolutif. En d’autres termes, les Affaires étrangères possèdent une liste plus large de Belges présents sur place, mais ne préfèrent pas la communiquer, la situation pouvant changer très rapidement. « Ce n’est pas étonnant, cela fait partie du processus et nous en avons l’habitude », glisse Hadja Lahbib.
Mercredi, 500 étrangers auraient dû sortir de Gaza, seuls 300 ont effectivement quitté le territoire. « La situation sur place reste très volatile, décrit Hadja Lahbib. On ne veut pas lancer de faux espoirs. C’est pourquoi on réalise les décomptes seulement lorsque les personnes sont sorties de Gaza. »
Belges à Gaza: qui sont-ils ?
Ces personnes, qui sont-elles, justement ? « En grande majorité des binationaux, avec ayants droit liés. Des cas de réfugiés reconnus en Belgique font également partie de la liste », précise la ministre des Affaires étrangères. « Il y a différents cas, mais tous ont été screenés par l’Office des étrangers et la Sûreté de l’Etat », assure-t-elle.
Le contexte d’alerte terroriste qui fait suite à l’attentat du 7 octobre à Bruxelles rajoute en effet une dose de tension pour les autorités belges qui, dès le lendemain du drame, ont pris les devants pour rentrer en contact avec tous les Belges en Israël, à Gaza ou en Cisjordanie.
Une fois en Egypte, quelle procédure ?
Les Belges qui parviennent à quitter Gaza le font via la seule porte de sortie internationale actuellement reconnue. Elle se situe à Rafah, ville égyptienne frontalière. Des équipes diplomatiques belges sont présentes sur place et accueillent les ressortissants. « La Belgique est prête pour la suite des évacuations, rassure Hadja Lahbib. Notre poste en Egypte, au Caire, est renforcé. Des membres de nos consulats et ambassades sont présents de l’autre côté du terminal de Rafah. Nous sommes également en contact étroit avec les autorités sur place ».
Une fois la frontière passée, la trajectoire que les Belges peuvent/doivent emprunter est loin d’être gravée dans le marbre. « Tout est défini au cas par cas. Cela dépend de la situation de chacun. Il n’est pas dit que tous voudront rentrer en Belgique. On attend un peu de voir comment cela va se passer et quel sera le nombre total », explique Hadja Lahbib.
« Les communications sont extrêmement difficiles avec le bande Gaza, ajoute-t-elle. Les personnes qui sortent sont celles qui auront réussi à rejoindre le terminal de Rafah. Car certaines n’y parviennent pas. Ce sont toutes des difficultés qui entravent la progression de la sortie des Belges. »
Aucun otage belge retenu par le Hamas
Hadja Lahbib assure qu’aucun otage belge n’est retenu par le Hamas actuellement. « Nous n’avons aucune information en ce sens », confirme-t-elle.
Enfin, la ministre libérale « n’exclut pas » de se rendre en Israël prochainement. « Je suis en contact avec les autorités israéliennes. Mais pour l’instant, une visite n’est pas au programme. »
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