L’Équateur demande à la Belgique d’extrader l’ancien président Rafael Correa
L’Équateur a demandé à la Belgique d’extrader son ancien président Rafael Correa. Ce dernier doit purger une peine de prison dans son pays d’origine, a indiqué le tribunal équatorien dans un communiqué.
M. Correa est marié à une Belge et vit à Bruxelles depuis des années. Selon son avocat Christophe Marchand, il bénéficie de l’asile politique en Belgique, a déclaré samedi l’avocat à l’agence de presse allemande DPA.
Correa a été président de ce pays d’Amérique du Sud pendant dix ans. Il y a deux ans, il a été condamné par défaut à huit ans de prison pour corruption. Il aurait été au courant de pots-de-vin versés par des entreprises de construction à des hommes politiques et à des fonctionnaires. Il aurait même été indirectement responsable du réseau de corruption. M. Correa a démenti ces accusations et pointe du doigt ses successeurs, qui, selon lui, mènent une campagne politique à son encontre.
Pendant son mandat, Rafael Correa a apporté la stabilité politique et le progrès social. Grâce à l’exploitation étatique des ressources naturelles telles que le pétrole, de nombreux Équatoriens ont pu sortir de la pauvreté et avoir accès à l’éducation. En tant que président, M. Correa a également développé les infrastructures de l’Équateur. Les critiques, cependant, le présentent comme autoritaire.
Asile obtenu en Belgique
Alors qu’une nouvelle demande d’extradition est en cours d’émission contre l’ancien président équatorien Rafael Correa, selon une déclaration du président de la Cour nationale de justice d’Équateur Ivan Saquicela à la chaîne de télévision Teleamazonas, l’intéressé vient d’obtenir son asile en Belgique. La décision est tombée le 15 mars dernier et elle est désormais définitive, étant donné que le délai d’appel d’un mois est expiré, a indiqué samedi son avocat Me Christophe Marchand.
Après l’échéance de son mandat présidentiel en 2017, Rafael Correa a déménagé en Belgique, d’où est originaire sa femme.
Par la suite, une trentaine d’affaires pénales ont été ouvertes contre lui, selon Me Marchand, qui y voit une persécution politique anti-Correistes poursuivie par l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire. Deux de ces dossiers ont abouti à des mandats d’arrêt. Il s’agit de l’affaire Balda, qui concerne une accusation d’enlèvement et de séquestration d’un citoyen équatorien en Colombie, et d’une affaire de corruption. Dans le cadre de cette dernière enquête, un mandat d’arrêt international a été émis en 2018 contre Rafael Correa et l’Équateur a bien un traité d’extradition avec la Belgique. « On a stoppé ce mandat au niveau d’Interpol en défendant que cela faisait partie d’une persécution politique et Interpol a annulé sa notice rouge », a expliqué Me Marchand. « Parallèlement à cela, on a introduit une demande d’asile. »
Toujours dans le cadre de cette affaire de corruption, Rafael Correa a été condamné en 2020 par défaut à huit ans de prison. Ivan Saquicela a signé jeudi une nouvelle demande d’extradition. La Cour nationale de justice d’Équateur doit ensuite transmettre la demande au ministère des Affaires étrangères. Me Marchand va réitérer sa démarche auprès de la Commission de Contrôle des Fichiers (CCF) d’Interpol, si la notice n’est pas automatiquement annulée. « On a déjà eu une quinzaine de dossiers de ce type au niveau d’Interpol qui ont été stoppés car liés à la « purge des Corréistes » menée via le système judiciaire qui a perdu son indépendance », a remarqué Christophe Marchand.
De plus, la Belgique a dorénavant accordé l’asile politique à Rafael Correa. « On est très satisfaits de la décision du Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides, que je sais être, de par mes 25 ans d’expérience, très difficile à obtenir. Elle est le fruit d’un travail minutieux et approfondi pour prouver la persécution politique ».