Paul Watson
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L’écologiste Paul Watson a demandé l’asile politique à la France

Paul Watson compte sur l’aide de la France pour échapper à une extradition vers le Japon où il serait probablement condamné à une lourde peine.

Détenu au Groenland depuis trois mois et sous le coup d’une demande d’extradition du Japon pour une affaire remontant à 14 ans, le militant écologiste Paul Watson a demandé «l’asile politique» à la France, a annoncé mercredi Sea Shepherd France.

La France invitée dans le conflit opposant Paul Watson au Japon

Cette demande a été formulée dans une lettre au chef de l’Etat français «il y a quelques jours», a déclaré lors d’une conférence de presse à Paris Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, fervent soutien du militant écologiste de 73 ans. Paul Watson «a écrit une lettre en prison qui s’adresse à Emmanuel Macron», «et que j’ai fait passer au président où Paul demande l’asile politique à La France», a déclaré Mme Essemlali lors de cette conférence de presse où soutiens et avocats de Paul Watson ont sonné la charge contre les poursuites et la procédure d’extradition dont il fait l’objet.

Opposant farouche à la chasse à la baleine, l’Américano-canadien de 73 ans, fondateur de Sea Shepherd et de la fondation en faveur des océans qui porte son nom, avait été arrêté alors qu’il était en route avec son navire, le John Paul DeJoria, pour intercepter un nouveau navire-usine baleinier nippon. Le Japon, qui réclame son extradition, a relancé une demande émise en 2012 via une notice rouge d’Interpol. Il l’accuse d’être co-responsable de dommages et blessures à bord d’un navire baleinier nippon deux ans plus tôt dans le cadre d’une campagne menée par Sea Shepherd.

«Prétexte»

Lors de la conférence de presse, l’un des membres de l’équipe de défense de Paul Watson, l’avocat français François Zimeray, a estimé en visioconférence que les accusations portées contre Paul Watson n’étaient «que des prétextes» car il a «dénoncé le caractère illégal» de la pêche à la baleine japonaise et «fait perdre» aux Japonais «la face aux yeux du monde». Le militant «n’aura jamais de procès équitable» s’il est extradé, a accusé l’avocat, partageant sa conviction que «s’il est incarcéré au Japon, il n’en sortira pas vivant».

L’équipe de défense de Paul Watson envisage en outre de poursuivre l’Etat du Danemark dont dépend la procédure groenlandaise, a ajouté un autre de ses avocats, Jean Tamalet, dénonçant la «situation de déni total des droits humains les plus élémentaires» du militant. Un ancien compagnon de route de Paul Watson, Peter Bethune, qui avait été condamné à deux ans de prison avec sursis après avoir plaidé coupable à contrecœur dans cette affaire où son bateau avait été quasi détruit dans une collision avec un baleinier, a quant à lui jugé que ce serait «une erreur judiciaire totale d’extrader Paul Watson». En début de mois, la justice groenlandaise a prolongé jusqu’au 23 octobre sa détention.

«La police du Groenland a récemment envoyé, suite à son enquête sur l’affaire, un avis au procureur général, qui va lui aussi donner un avis. Une fois que le ministère de la Justice aura reçu les déclarations du directeur du ministère public et de la police du Groenland, il prendra une décision dans cette affaire», a indiqué mercredi le ministère danois de la Justice à l’AFP.

Les autorités japonaises se sont très peu exprimées sur l’affaire. En septembre, Hideki Tokoro, président de l’entreprise baleinière Kyodo Senpaku, avait déclaré à l’AFP que Paul Watson devait être jugé au Japon en raison des «actions terroristes» de son organisation.

Dans les années 2000 puis 2010, Sea Shepherd a joué au chat et à la souris dans l’Antarctique avec des navires japonais qui pêchaient des centaines de baleines chaque année. Le Japon est, avec la Norvège et l’Islande, l’un des trois derniers pays au monde à pratiquer la chasse commerciale à la baleine.

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