Le 23 octobre, scène d'horreur à l'intérieur d'un camion frigorifique près de Londres : 39 Vietnamiens, dont un adolescent, sont retrouvés morts. © DR

Le procès de l’affaire du camion charnier s’ouvre cette semaine à Londres

Le Vif

Près d’un an après l’effroyable découverte de 39 migrants vietnamiens morts dans un camion frigorifique en Angleterre, quatre hommes sont jugés à partir de cette semaine à Londres, lors du premier procès au Royaume-Uni dans cette affaire.

Les deux principaux suspects, le chauffeur du camion dans lequel les corps avaient été retrouvés et un Nord-Irlandais soupçonné d’avoir organisé le mouvement des chauffeurs participant au trafic, ont quant à eux plaidé coupable et feront l’objet d’une audience ultérieure pour déterminer leur peine.

Les quatre hommes dont le procès s’ouvre à la cour criminelle de l’Old Bailey à Londres, âgés de 23 à 43 ans, sont poursuivis pour homicides involontaires ou pour aide à l’immigration clandestine, ce qu’ils contestent. Le procès pourrait durer jusqu’à six semaines.

Après la sélection lundi des 22 personnes parmi lesquelles seront choisis les jurés, l’audience sur le fond du dossier doit s’ouvrir mercredi.

Le 23 octobre 2019, les corps de 31 hommes et de huit femmes, dont deux adolescents de 15 ans, avaient été découverts à bord d’un conteneur dans la zone industrielle de Grays, à l’est de Londres. Le conteneur provenait du port belge de Zeebruges. Les victimes sont mortes d’asphyxie et d’hypothermie.

Parmi elles, Pham Thi Tra My, 26 ans, avait envoyé un SMS glaçant à ses proches, quelques heures avant la découverte des corps: « Maman, papa, je vous aime très fort. Je meurs, je ne peux plus respirer ».

Nombre des victimes de ce drame étaient originaires d’une région pauvre du centre du Vietnam, où les familles s’endettent à hauteur de milliers de dollars pour envoyer l’un des leurs au Royaume-Uni, via des filières clandestines, dans l’espoir qu’ils y trouvent des emplois rémunérateurs.

Semi-esclavage

Le drame a mis en lumière les dangers de l’immigration clandestine, avec des trafiquants sans scrupules qui profitent de la vulnérabilité des candidats, ces derniers finissant souvent dans des bars à ongles ou des fermes à cannabis illégales au Royaume-Uni, réduits à un état de semi-esclavage.

Sept personnes ont été condamnées le 15 septembre au Vietnam pour leur rôle dans le trafic, les premières sanctions pénales prononcées dans cette affaire.

Un tribunal de la province de Ha Tinh (centre) a prononcé contre quatre Vietnamiens âgés de 26 à 36 ans des peines allant de deux ans et demi à sept ans et demi de détention. Ils ont été reconnus coupables d’avoir participé à différents degrés à « l’organisation du trafic illicite de migrants ». Trois autres ont été condamnés à des peines de prison avec sursis.

Des enquêtes ont également été ouvertes en France et en Belgique, 13 suspects ont été inculpés dans chacun des deux pays. Ils avaient été interpellés lors d’une vaste opération de police internationale, coordonnée par l’organisme de coopération judiciaire Eurojust.

Le gouvernement britannique, qui a fait du contrôle de l’immigration après le Brexit un cheval de bataille, est depuis récemment confronté à un nombre record de tentatives de traversée de la Manche depuis la France, dans des embarcations souvent sommaires, par le biais de passeurs.

Dimanche, la ministre de l’Intérieur Priti Patel a annoncé une refonte en profondeur du système de demande d’asile au Royaume-Uni, sans en préciser les modalités.

Des propositions telles que retenir les demandeurs sur de vieux ferrys voire sur des plateformes désaffectées en mer du Nord ou sur des îles britanniques au milieu de l’Atlantique ont été évoquées par la presse.

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