Le président sortant biélorusse Alexandre Loukachenko (au centre) est photographié dans un bureau de vote dans la capitale biélorusse, Minsk, le 26 janvier 2025. (Xinhua/Henadz Zhinkov)

Le président du Bélarus Alexandre Loukachenko réélu sans opposition pour un 7e mandat: «Aucune légitimité»

L’opposition muselée, Alexandre Loukachencko a obtenu 87,6 % des voix lors du scrutin présidentiel de ce dimanche et rempile à le tête du Bélarus qu’il dirige d’une main de fer depuis plus de 30 ans.

Le président du Bélarus Alexandre Loukachenko a été réélu dimanche pour cinq ans avec 87,6% des voix, selon un sondage officiel à la sortie des bureaux de vote, faute d’opposition tolérée dans cette ancienne république soviétique qu’il dirige d’une main de fer depuis 1994.

La cheffe de file de l’opposition Svetlana Tikhanovskaïa, forcée à l’exil et dont le mari est emprisonné dans le pays, a de son côté dénoncé depuis Varsovie « une farce », qualifiant le dirigeant de « criminel » et exigeant la libération de tous les prisonniers politiques.

L’UE et des ONG de défense des droits humains ont également qualifié cette élection de mise en scène, la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas estimant samedi que M. Loukachenko n’avait « aucune légitimité ». Dimanche, seuls quatre candidats triés sur le volet par le pouvoir ont fait office de faire-valoir. 

La cheffe de file de l’oppostion Sviatlana Tsikhanouskaya (au centre) participe à une marche pour les Biélorusses en Pologne (Credit Image: © Marek Antoni Iwanczuk/SOPA Images via ZUMA Press Wire)

https://www.levif.be/international/pourquoi-lopposition-au-belarus-vit-des-moments-difficiles/Au cours de son sixième mandat, Alexandre Loukachenko a totalement étouffé toute dissidence après les grandes manifestations qui avaient suivi la présidentielle de 2020.  Soutenu par Moscou, il avait alors réussi à consolider son pouvoir avec des arrestations, des violences et de longues peines de prison visant opposants, journalistes, employés d’ONG et simples manifestants. Selon l’ONU, plus de 300.000 Bélarusses, sur une population de neuf millions, ont fui leur pays pour des raisons politiques, notamment en Pologne voisine.

Petit frère de Poutine

Depuis 2020, Alexandre Loukachenko s’est rapproché de Vladimir Poutine –qu’il a qualifié dimanche de « grand frère »–, jusqu’à mettre à disposition son territoire pour envahir l’Ukraine en 2022. Interrogé sur d’éventuels regrets au vu de l’ampleur du bilan humain de l’invasion russe, il a répondu d’un ton ferme: « Je ne regrette rien ». Face à la répression, les Occidentaux ont imposé de lourdes sanctions au Bélarus, conduisant Alexandre Loukachenko à accélérer son rapprochement avec le Kremlin.

Illustration de cette alliance, l’armée russe a déployé au Bélarus à l’été 2023 des armes nucléaires tactiques, une menace pour Kiev mais également pour les membres de l’Otan bordant le pays (Lituanie, Lettonie, Pologne). M. Loukachenko a répété dimanche vouloir recevoir sur son sol les missiles balistiques russes à portée intermédiaire « Orechnik ». Les organisations de défense des droits humains estiment que le pays compte toujours plus de 1.200 prisonniers politiques détenus dans des conditions difficiles.

Le président russe Vladimir Poutine a d’ailleurs félicité son homologue bélarusse pour sa réélection, saluant son « autorité politique », selon le Kremlin. « Votre victoire convaincante aux élections témoigne clairement de votre grande autorité politique ainsi que du soutien incontestable de la population à la voie suivie par le Bélarus », peut-on lire dans un message de M. Poutine, publié sur le site du Kremlin.

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