Le Pen pour « un rapprochement stratégique entre Otan et Russie »
Partisane d’un « rapprochement stratégique » de l’Otan et la Russie après la guerre en Ukraine, Marine Le Pen s’est défendue mercredi de toute complaisance envers Moscou en présentant ses priorités de politique étrangère, objet de différences majeures avec celles de son adversaire Emmanuel Macron.
« C’est l’intérêt de la France et de l’Europe, mais aussi je crois des États-Unis qui n’ont (…) aucun intérêt à voir émerger une étroite union sino-russe« , a estimé la candidate d’extrême droite à la présidentielle française, qui affrontera le président sortant au second tour de scrutin, le 24 avril. Régulièrement attaquée par le président-candidat sur sa « complaisance » à l’égard de la Russie de Vladimir Poutine, Mme Le Pen a nié toute « soumission à Moscou », lors d’une conférence de presse brièvement troublée par des militants brandissant notamment une photo d’elle avec le président russe, entourée d’un coeur.
La candidate du Rassemblement National (RN) a réitéré que si elle était élue dans 11 jours, la France sortirait du commandement intégré de l’OTAN, qu’elle avait réintégré en 2009 sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Sur la Russie, « le procès qui m’est fait est particulièrement injuste », « je n’ai défendu que l’intérêt de la France », a-t-elle affirmé, en revendiquant des « similitudes » avec Emmanuel Macron, quand il recevait le président russe en France après son élection de 2017 et souhaitait « ré-arrimer la Russie à l’Europe ». Mme Le Pen avait été la seule candidate reçue par Vladimir Poutine avant la présidentielle et son parti continue de rembourser un prêt de 9 millions d’euros à un créancier russe.
« Je suis totalement indépendante de tout lien, de toute puissance, de tout cabinet de toute nationalité. J’ai effectué un prêt à une banque tchéco-russe car je n’ai jamais réussi à en obtenir en France ni en Europe », a martelé la candidate d’extrême droite.
Si elle a condamné l’invasion russe de l’Ukraine et s’est dite favorable à l’accueil de réfugiés de ce pays en France, Mme Le Pen reste hostile aux sanctions économiques contre Moscou, au nom de la protection du pouvoir d’achat des Français. Favorable à la transmission de « renseignements » aux Ukrainiens, elle s’est dite mercredi « plus réservée sur la livraison d’armes directe », car « la ligne entre l’aide et la co-belligérance est mince ».
Répondant par ailleurs à Emmanuel Macron qui l’accuse de vouloir sortir de l’Union européenne sans « oser le dire », Mme Le Pen a réfuté « toute ambiguité ». « Nous sommes évidemment européens, c’est la forme de l’organisation qui nous fait diverger », a-t-elle dit, prônant la transformation de l’UE « en une alliance des nations européennes », « une organisation respectueuse des nations libres et souveraines », et non « une Europe qui menace et qui fait du chantage ».
Marine Le Pen a aussi assuré qu’elle ne sortirait « pas de l’accord de Paris » sur le climat si elle est élue le 24 avril, soulignant cependant que la crise climatique « ne constitue pas la priorité » de sa politique étrangère. « Je ne sortirai pas de l’accord de Paris. Je suis en effet favorable aux orientations de cet accord, puisque je souhaite abandonner le plus possible d’énergies fossiles au profit du nucléaire civil », a-t-elle affirmé.
– Sondages favorables à Macron –
Emmanuel Macron qui, au contraire, a fait de l’Europe le pilier central de sa diplomatie depuis cinq ans, a estimé mardi soir à Strasbourg (est) que cette élection était aussi « un référendum sur l’Europe ». Le nationalisme mène à « une alliance de nations qui veulent se faire la guerre » en Europe, a-t-il dit.
Selon trois enquêtes publiées mercredi, le président sortant creuse l’écart avec sa rivale au second tour, crédité de 53 à 55% des voix contre 45 à 47% pour Mme Le Pen. Les projections effectuées après le premier tour prévoyaient des résultats plus serrés. Les deux adversaires sont sur le terrain sans relâche depuis le début de la semaine, s’affrontant à distance avant le point d’orgue de la campagne d’entre deux tours, un débat télévisé qui les opposera le 20 avril.
Ils cherchent chacun à élargir leur base électorale, en allant notamment chercher les électeurs du leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième au premier tour avec près de 22% des voix. Ce dernier, qui avait estimé au soir du premier tour que « pas une voix » ne devait aller à Mme Le Pen, sans pour autant appeler à voter M. Macron, a lancé mercredi une consultation des quelque 310.000 soutiens de son mouvement, pour décider s’il fallait appeler à l’abstention, le vote blanc ou le vote Macron. La consultation, dont le résultat sera public, s’achève samedi.