Le patron de Telegram interpellé en France: Pavel Durov entendu pour douze infractions en lien avec « la criminalité organisée »
Pavel Durov, patron de la messagerie Telegram, est entendu pour des infractions relevant de la « criminalité organisée ». Il a été arrêté en France, en provenance de Bakou. Telegram assure se conformer au lois européennes.
Le patron de la messagerie Telegram Pavel Durov est entendu dans le cadre d’investigations lancées pour des infractions relevant de la « criminalité organisée », dont le refus de communiquer les informations nécessaires aux interceptions autorisées par la loi et association de malfaiteurs, a précisé lundi la procureure de Paris.
L’information judiciaire, ouverte le 8 juillet après une enquête préliminaire de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), porte au total sur douze infractions, détaillées dans un communiqué de Laure Beccuau.
Sont également visées, entre autres, la complicité d’administration d’une plateforme en ligne pour permettre une transaction illicite en bande organisée, de détention et de diffusion de l’image d’un mineur présentant un caractère pédopornographique, d’infraction à la législation sur les stupéfiants, d’escroquerie en bande organisée ainsi que le blanchiment de crimes ou de délit en bande organisée et la fourniture de prestations de cryptologie visant à assurer des fonctions de confidentialité sans déclaration conforme.
Les juges d’instruction chargés de ce dossier ont confié les investigations au centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N) et l’office national anti-fraude (Onaf), est-il rappelé.
Garde à vue prolongée
La garde à vue de Pavel Durov a été prolongée dimanche soir par un des magistrats instructeurs « et peut durer 96 heures », soit jusqu’à mercredi, « compte tenu de la procédure applicable aux infractions relevant du régime de la criminalité organisée », précise Laure Beccuau.
Accompagné de son garde du corps et de son assistante qui le suivent en permanence, le milliardaire franco-russe âgé de 39 ans a été interpellé samedi soir à l’aéroport de Paris-Le Bourget, au nord de Paris. Le fondateur de Telegram arrivait de Bakou et devait passer au moins la soirée à Paris où il avait prévu de dîner.
Telegram, la messagerie en ligne lancée en 2013 par Pavel Durov et son frère Nikolaï, sur laquelle les communications peuvent être chiffrées de bout en bout et dont le siège social se trouve à Dubaï, s’est notamment engagée à ne jamais dévoiler d’informations sur ses utilisateurs.
« Il est absurde de dire qu’une plateforme ou son patron sont responsables des abus » relevés sur ladite plateforme, a assuré dimanche soir Telegram sur son propre canal, assurant se conformer aux lois européennes.
« En rien une décision politique »
La garde à vue du patron franco-russe « n’est en rien une décision politique », a assuré lundi le président français Emmanuel Macron, après une arrestation qui a suscité de nombreuses réactions.
« L’arrestation du président de Telegram sur le territoire français a eu lieu dans le cadre d’une enquête judiciaire en cours. Ce n’est en rien une décision politique. Il revient aux juges de statuer », a écrit M. Macron sur X.
La justice française reproche à M. Durov de ne pas agir contre les utilisations délictuelles de sa messagerie par ses abonnés, notamment par absence de modération et de collaboration avec les enquêteurs.
Dénonçant de « fausses informations » mises en avant après l’arrestation, M. Macron a assuré que « la France (était) plus que tout attachée à la liberté d’expression et de communication, à l’innovation et à l’esprit d’entreprise. Elle le restera ».
« Dans un État de droit, sur les réseaux sociaux comme dans la vie réelle, les libertés sont exercées dans un cadre établi par la loi pour protéger les citoyens et respecter leurs droits fondamentaux. C’est à la justice, en totale indépendance, qu’il revient de faire respecter la loi », a-t-il insisté.