Le génocide au Rwanda vécu par des enfants
Dans Sans ciel ni terre (La Découverte, 312 p.), Hélène Dumas, chargée de recherche au CNRS, en France, exhume, traduit, révèle et analyse les textes de 105 orphelins du génocide des Tutsis au Rwanda (avril-juillet 1994, un million de morts) rédigés en 2006 pour l’Association des veuves du génocide d’avril (Avega).
Avec la simplicité et la sincérité de l’enfance, ces 62 filles et 43 garçons racontent leur vie avant, pendant et après le génocide. On les suit d’abord dans leurs premiers pas insouciants et dans leur accession à l’école qui, abruptement, leur apprend la discrimination identitaire (la politique des quotas leur fait découvrir qu’ils sont tutsi et les expose aux brimades des professeurs et élèves hutus revanchards).
On les observe impuissants ensuite face à la montée de la violence, dès octobre 1990, après l’offensive militaire des rebelles tutsis venus d’Ouganda, à partir du 6 avril 1994 surtout, quand l’assassinat du président Juvénal Habyarimana donne le signal de l’extermination systématique des Tutsis. La description de l’attaque de l’église de Kabarondo par les bandes de tueurs est un témoignage unique de la barbarie à laquelle ce projet a donné lieu.
Enfin, on les retrouve survivants, dépourvus de toute famille, exterminée, et de tous biens, détruits, et, qui plus est, nargués par les assassins des leurs, pas encore confondus ou jugés. Cet ouvrage est un document exceptionnel par la vision de l’intérieur même du génocide qu’il donne et par le témoigne des interactions sociales entre tueur et victime qu’il offre, le premier pouvant fêter la naissance d’un enfant de la famille de son voisin un jour et la massacrer la semaine suivante.
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