Le défi de la « grande démission » : comment redonner du sens au travail ?
La «grande démission» de salariés, observée depuis la fin de la crise du Covid, met spectaculairement en évidence la question du sens dans le travail. Coralie Perez, socio- économiste, et Thomas Coutrot, statisticien et économiste, en posent les enjeux de manière très argumentée dans Redonner du sens au travail (1).
Ils soulignent d’abord que ce questionnement avait déjà émergé avant le bouleversement provoqué par la pandémie. Plusieurs évolutions y ont contribué, selon les auteurs. «La promesse consumériste n’est plus tenue ; la création de richesses bénéficie à une minorité qui monopolise le pouvoir.» «Le travail, loin de devenir plus intéressant et autonome, tend à s’appauvrir. […] Beaucoup ont l’impression de faire des choses inutiles ou même nuisibles.» Et «la crise écologique taraude de plus en plus les consciences.»
Thomas Coutrot et Coralie Perez rappellent les critères qui donnent du sens au travail: il doit être considéré comme utile aux autres, doit susciter la recherche de la réalisation bien faite et doit permettre de développer ses compétences. Or, le «management par le chiffre», dominant depuis trente ans, va à l’encontre de ces aspirations. Le scandale du groupe Orpea, en France, où des consignes étaient données aux employés sur le nombre maximal de langes à distribuer aux résidents des maisons de repos, en a fourni une sinistre illustration. Des avancées ont cependant aussi été réalisées au sein des entreprises grâce au développement, par exemple, de la responsabilité sociale et environnementale. Mais les progrès sont insuffisants, déplorent les auteurs qui en appellent à l’instauration d’une culture de la démocratie dans le monde du travail, y compris au sein des syndicats qui ont longtemps négligé cette question.
(1) Redonner du sens au travail. Une aspiration révolutionnaire, par Thomas Coutrot et Coralie Perez, Seuil, 160 p.
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