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Le chanteur R. Kelly reconnu coupable de pédopornographie

Le Vif

R. Kelly, star déchue du R&B déjà condamnée à 30 ans de prison en juin pour des crimes sexuels commis sur des jeunes femmes parfois adolescentes, a été reconnu coupable de pédopornographie mercredi à Chicago.

Robert Sylvester Kelly, 55 ans, a été condamné pour production de pédopornographie et détournement de mineur. Le chanteur, mondialement connu pour son tube « I Believe I Can Fly » et ses 75 millions de disques vendus, a en revanche été acquitté par un jury fédéral pour d’autres chefs d’inculpation d’obstruction à la justice.

Lui et deux anciens associés – également acquittés mercredi – étaient accusés d’avoir perturbé le cours de son procès pour pédopornographie en 2008, au cours duquel le jury l’avait déclaré non coupable. Il leur était reproché d’avoir à la fois menacé et corrompu une victime, qui n’avait alors pas témoigné. Aujourd’hui âgée de 37 ans, elle s’est cette fois exprimée.

Des extraits de vidéos montrant des violences sexuelles commises par R. Kelly sur des jeunes filles, dont l’une n’avait que 14 ans, ont été diffusés pendant le procès. Le jury composé de 12 personnes a mis environ 11 heures pour parvenir à ce verdict, qui pourrait venir ajouter une lourde peine de prison aux 30 ans de réclusion auxquels R. Kelly a déjà été condamné. Sa peine, qui sera fixée ultérieurement, pourrait aller « de dix à 90 ans de prison« , a précisé le bureau du procureur dans un communiqué.

Le verdict « oblige Robert Kelly à rendre des comptes pour les violences sexuelles commises sur une adolescente de 14 ans », a déclaré le procureur John Lausch. « Les souffrances infligées par M. Kelly à ses victimes sont immenses », a-t-il ajouté, saluant la « force, la détermination et le courage » de celles qui ont témoigné lors du procès.

Système

L’artiste avait déjà été reconnu coupable en septembre 2021 à New York d’avoir piloté pendant trois décennies un « système » d’exploitation sexuelle de jeunes, dont des adolescentes. Ce procès avait été considéré comme une étape majeure du mouvement #MeToo: c’était la première fois que la majorité des plaignantes étaient des femmes noires et qu’elles accusaient un artiste noir. Pendant des décennies, le succès de R. Kelly avait été terni par des soupçons de violences sexuelles, objet de rumeurs persistantes. Il était longtemps parvenu à les faire taire avec des accords financiers prévoyant des clauses de confidentialité.

Dès 2017, deux femmes, Kenyette Barnes et Oronike Odeleye, avaient lancé un appel au boycott de ses chansons, en partageant le hashtag « Mute R. Kelly » (« Faites taire R. Kelly »). En janvier 2019, la série documentaire « Surviving R. Kelly » avait enfoncé le clou. Plusieurs victimes y décrivaient le chanteur comme manipulateur, violent et obsédé par les très jeunes filles. Lors du procès à New York, les victimes avaient décrit les tactiques utilisées par le chanteur pour attirer de très jeunes femmes en se servant de sa célébrité, et avec la complicité de son entourage. Beaucoup d’entre elles avaient rencontré la star à des concerts, après lesquels on leur glissait un petit papier indiquant les coordonnées de R. Kelly. Il ferait quelque chose pour leur carrière musicale, leur promettait-on.

Au lieu de cela, elles se faisaient « endoctriner » dans le milieu « sordide » de R. Kelly, étaient forcées à des rapports sexuels et maintenues dans ce « système » par des « mesures coercitives », selon l’accusation. Le chanteur était parvenu à se hisser jusqu’au sommet de l’industrie musicale malgré sa vie personnelle tumultueuse, et notamment son mariage – ensuite annulé – avec sa protégée de 15 ans, la chanteuse Aaliyah. R. Kelly avait écrit et produit le premier album de l’artiste décédée en 2001, « Age Ain’t Nothin’ But A Number » (« L’âge n’est rien d’autre qu’un chiffre »).

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