L’archipel des Chagos, survivance du colonialisme
En 1971, le Royaume-Uni expulse plus d’un millier d’habitant de l’archipel des Chagos situé dans l’océan Indien. Aujourd’hui, il continue de l’occuper illégalement. L’auteur Philippe Sands retrace avec passion le récit de cette occupation.
« Tandis que la Grande-Bretagne critique l’occupation illégale de l’Ukraine par la Russie, elle continue d’occuper illégalement une partie de l’Afrique », proclame avec une colère retenue Philippe Sands dans La Dernière Colonie (1). Connu pour son magistral Retour à Lemberg (Albin Michel, 2017), l’écrivain et juriste franco-britannique s’attaque cette fois à l’injustice qui frappe l’archipel des Chagos, dans l’océan Indien, où Londres continue d’exercer sa souveraineté.
En 1965, le gouvernement Wilson sépare les 55 îles des Chagos de l’île Maurice, avant que celle-ci n’accède à l’indépendance en 1968. Raison secrète: offrir aux Etats-Unis une base militaire sur Diego Garcia, la plus grande île de l’archipel. Dans ce déni de l’intégrité territoriale, ni Maurice ni les 1 500 habitants des Chagos n’ont jamais été consultés. Pis, ceux-ci ont été expulsés et contraints à l’exil. Parmi eux, Liseby Elysé, à l’époque enceinte de son premier enfant, et qui ne cesse, depuis, de se battre pour retourner sur son île.
Représentant de Maurice devant la Cour internationale de justice, Philippe Sands retrace avec passion ce double combat, à la fois juridique et humain, pour que Londres respecte enfin les avis catégoriques de la Cour et les résolutions adoptées à l’écrasante majorité par l’Assemblée générale de l’ONU. Mais le pouvoir britannique campe sur ses positions, tandis que le socle de ses soutiens diplomatiques ne cesse de s’effriter. Une position devenue intenable.
(1) La Dernière Colonie, par Philippe Sands, Albin Michel, 231 p.
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