L’accident de TGV reste inexpliqué
Les enquêteurs cherchent à expliquer l’accident d’une rame d’essai d’un Train à grande vitesse (TGV) qui a tué au moins 11 personnes samedi dans l’est de la France, de même que la présence d’enfants à bord, un sujet qui fait polémique.
En raison de cet accident, la mise en service de la ligne à grande vitesse (LGV) Paris-Strasbourg, qui devait intervenir en avril 2016, sera reportée, a affirmé à Paris Jacques Rapoport, numéro deux de la Société nationale des chemins de fer (SNCF).
Quatre mineurs, âgés de 10 à 15 ans, se trouvaient à bord du TGV d’essai qui a déraillé samedi dans l’est de la France, mais ils ne comptent pas parmi les 11 morts de la tragédie ni parmi les blessés graves, a annoncé lundi le magistrat chargé du dossier.
Au total, 53 personnes se trouvaient à bord de ce train: 11 sont décédées et 42 ont été blessées, mais « ce bilan n’est peut-être malheureusement pas définitif, car il y a encore quatre personnes dont le pronostic vital reste engagé », a précisé à la presse le procureur-adjoint de Strasbourg, Alexandre Chevrier.
« Il y avait un certain nombre d’invités dans le train à l’occasion de ce voyage-test. L’enquête devra déterminer les raisons de leur présence », a ajouté le magistrat. Parmi ces « invités », on compte « quatre mineurs, entre 10 et 15 ans », qui « fort heureusement n’ont été blessés que légèrement ». Ce week-end, le patron des chemins de fer français (SNCF), Guillaume Pepy, s’était publiquement étonné de la présence de ces enfants à bord de ce train qui effectuait un essai.
« Ca n’est pas une pratique que la SNCF reconnaît. On n’est pas dans une phase touristique ou dans une phase amicale. Un train de test est un train de test », avait-il dit à la radio France Info.
L’accident, le premier déraillement mortel dans l’histoire du TGV depuis sa mise en service en 1981, a eu lieu à Eckwersheim, à une vingtaine de kilomètres au nord de Strasbourg, lors d’un essai sur la ligne à grande vitesse qui doit être mise en service au printemps 2016 et doit mettre Strasbourg à 1H48 de Paris, contre 2H20 actuellement.
« On n’exclut absolument aucune cause » pour expliquer cet accident, mais « l’hypothèse d’un sabotage ou d’un acte criminel, d’un attentat (…) n’est pas privilégiée », a indiqué le parquet, qui s’apprête à ouvrir une information judiciaire pour « homicide et blessures involontaires ».
Le conducteur, un professionnel « très expérimenté » qui n’a été que « très légèrement blessé » dans l’accident, a affirmé aux enquêteurs « avoir parfaitement respecté la vitesse qui lui était assignée sur ce tronçon », c’est-à-dire 176 km/h, selon M. Chevrier. Cependant, seul l’examen des boîtes noires, « a priori tout à fait exploitables », permettra de vérifier ce point. La motrice a « percuté » le pont et « le train a ensuite déraillé avant de basculer sur le talus de la ligne ferroviaire », selon M. Chevrier. Deux points d’impacts ont été relevés sur ce pont métallique, dont un causé par la motrice. Un porte-parole de la SNCF a confirmé ce scénario, précisant que dans le choc, le train « a percuté des rambardes de protection » et s’est séparé en deux
Ce déraillement était « sans précédent » et constituait « un choc énorme » pour la SNCF, qui n’avait jamais connu de déraillement mortel dans l’histoire du TGV depuis sa mise en service en 1981. Les victimes faisaient partie d’une équipe de 49 techniciens et cheminots à bord de la rame, qui effectuait un essai sur la ligne à grande vitesse destinée à relier Paris à Strasbourg en 01H48, à partir d’avril 2016, contre 02H20 actuellement.
Les enquêtes « permettront d’éclairer (…) qui sont ces accompagnants, pourquoi étaient-ils à bord, dans quelles circonstances avaient-ils été admis à monter dans cette rame », avait-il déclaré quelques heures plus tôt sur la radio France Info. « Ca n’est pas une pratique que la SNCF reconnaît. On n’est pas dans une phase touristique ou dans une phase amicale. Un train de test est un train de test », avait-il reconnu. Pour une raison inexpliquée, le train est sorti de la voie et a chuté dans l’eau d’un canal. Il circulait à quelque 350 km/h, selon une source proche de l’enquête. Selon le syndicat Sud Rail, ce TGV effectuait des « essais de survitesse », avant de dérailler. Mais la SNCF « ne confirme pas que la vitesse du train soit la cause de l’accident », a répondu son porte-parole. Sur le site de l’accident, plusieurs camions-grues procédaient dimanche aux opérations de levage de la rame, qui a chuté près d’un pont enjambant un bras du canal de la Marne au Rhin, au nord-ouest de Strasbourg.
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