La Turquie, théâtre de multiples coups d’état
La Turquie, théâtre d’une tentative de coup d’état dans la nuit de vendredi à samedi, est un pays musulman membre de l’Otan depuis 1952 et candidat à l’Union européenne (UE). Elle est dirigée depuis 2002 par des islamo-conservateurs. C’est le 5ème coup d’état qui secoue le pays depuis 1960.
Entre Europe et Asie
A cheval entre l’Asie et l’Europe, baignée par les mers Noire, de Marmara, Egée et Méditerranée, la Turquie (783.562 km2, à 97% en Asie mineure) est frontalière notamment de la Syrie en guerre et de la Grèce.
Ce pays musulman majoritairement sunnite accueille 2,7 millions de réfugiés syriens pour une population de 78 millions d’habitants.
Il occupe une position-clé dans la crise des migrants que connaît l’UE, à laquelle il est candidat à l’adhésion depuis 2005.
Membre de l’Otan, il est également bien situé pour le combat contre le groupe Etat islamique (EI) que mène la coalition internationale menée par Washington mais a attendu près d’un an, jusqu’en juillet 2015, pour participer aux bombardements aériens en Syrie et ouvrir ses bases aux avions américains de la coalition antijihadiste.
A l’instar de l’Arabie saoudite, il critique l’intervention russe en Syrie lancée en octobre, qui a donné lieu à plusieurs incidents aériens à sa frontière.
Ses forces armées comptent 510.600 hommes (International Institute for Strategic Studies, 2016).
La capitale Ankara rassemble environ 5 millions d’habitants mais sa principale ville est Istanbul, l’ancienne Constantinople, avec plus de 15 millions d’habitants.
Une vie politique agitée
Après la chute de l’Empire ottoman durant la Première Guerre mondiale, Mustafa Kemal Atatürk proclame le 29 octobre 1923 la République turque, qu’il dirige jusqu’à sa mort en 1938.
Le multipartisme est introduit en 1946, mais la vie politique est marquée par trois coups d’Etat militaires suivis de dures répressions (1960, 1971 et 1980).
L’AKP au pouvoir
En 2002, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) remporte les élections législatives. Recep Tayyip Erdogan devient Premier ministre un an plus tard.
En août 2014, M. Erdogan est élu président dès le premier tour d’un scrutin disputé pour la première fois au suffrage universel.
Troubles
Depuis juillet 2015, le pays subit de graves violences, avec la reprise du conflit kurde sur fond de guerre en Syrie et une série d’attentats sanglants.
Ankara a lancé une « guerre contre le terrorisme », affirmant viser simultanément le groupe Etat islamique (EI) et la guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), avec lequel une trêve de près de trois ans a volé en éclats. Le conflit kurde a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.
Croissance ralentie
Après une décennie faste, l’économie turque a réduit la voilure depuis 2012: la croissance a ralenti, l’inflation et les déficits publics restent élevés et le chômage est important (plus de 10%).
Dates-clés de la Turquie depuis la proclamation de la République.
1923: Proclamation de la République turque par Mustafa Kemal (qui prendra le nom d’Atatürk en 1934), élu président.
1924: Abolition du califat et vote des premières lois laïques.
1945: La Turquie, neutre durant la guerre, se range du côté des Alliés.
1950: Premières élections libres, quatre ans après l’instauration du multipartisme.
1952: Adhésion à l’Alliance atlantique.
1960: Coup d’Etat militaire, le Premier ministre Adnan Menderes est condamné et exécuté.
1971: Nouveau coup d’Etat militaire, chute de Süleyman Demirel.
1974: Intervention à Chypre et occupation du nord de l’île. La « République turque de Chypre du Nord » (RTCN), reconnue seulement par Ankara, est proclamée en 1983.
1980: Troisième coup d’Etat militaire. Le Parlement est dissous, les partis politiques interdits.
1984: Début de l’insurrection du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui revendique l’indépendance du Sud-Est majoritairement kurde (plus de 40.000 morts).
1990-1991: La Turquie se range aux côtés de la coalition internationale qui repousse l’Irak hors du Koweit.
1996: L’islamiste Necmettin Erbakan devient Premier ministre, mais quitte le pouvoir un an plus tard sous pression des militaires. Son parti, le Refah, est dissous en 1998.
1999: Arrestation au Kenya par un commando turc du chef du PKK Abdullah Öcalan.
2002: Réformes démocratiques pour satisfaire des exigences de l’Union européenne (UE), dont l’abolition de la peine de mort.
Le 3 novembre, l’AKP, issu de la mouvance islamiste, gagne les élections législatives.
2003: Recep Tayyip Erdogan, chef de l’AKP, est nommé Premier ministre.
Pendant l’offensive américaine en Irak, Ankara refuse le déploiement de troupes sur son sol mais en autorise le survol.
En novembre, des attentats contre des synagogues et des intérêts britanniques à Istanbul, revendiqués par une cellule d’Al-Qaïda, font 63 morts.
2005: Ouverture des négociations d’adhésion avec l’UE.
2007: Crise politique en avril/mai après le boycott de l’élection présidentielle par l’opposition pro-laïque. L’annulation du scrutin entraîne des législatives anticipées remportées en juillet par l’AKP.
Le 28 août, le Parlement élit président Abdullah Gül (AKP), premier responsable issu de la mouvance islamiste à accéder à la magistrature suprême.
2010: Crise avec Israël après la mort de dix Turcs dans l’assaut de commandos israéliens dans les eaux internationales contre une flottille apportant de l’aide humanitaire à Gaza.
2012: Le conflit s’envenime entre l’armée et le régime avec l’arrestation de l’ex-chef d’état-major Ilker Basbug, suivie de condamnations de centaines de militaires pour complot.
2013: En mai-juin, contestation sans précédent d’Erdogan et manifestations massives dans tout le pays.
2014: Erdogan est élu président en août lors d’un scrutin tenu pour la première fois au suffrage universel direct.
2015: Ankara se rallie avec réticences à la coalition internationale menée par Washington contre les jihadistes de l’Etat islamique (EI) en Syrie.
Le 10 octobre, Ankara est frappée par l’attentat le plus meurtrier de son histoire, attribué à l’EI, qui fait 103 morts. Le pays sera frappé par une série d’attaques meurtrières.
2016: La Turquie annonce la normalisation de ses relations avec Israël ainsi qu’avec la Russie.
Le 15 juillet, un groupe de putschistes de l’armée affirme avoir pris le pouvoir. Des violences et des victimes sont signalées dans la nuit à Ankara et Istanbul.
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