Dorota Sadowska, curator of the "Mom, I don't want war!" open air exhibition, stands in front of children's drawings of war on display in Warsaw, Poland, on August 24, 2022. - The new exhibition of child art from post-war Poland and present-day Ukraine shows that armed conflict is always the same for the world's smallest citizens -- no matter the where and the when. (Photo by JANEK SKARZYNSKI / AFP) / TO GO WITH AFP STORY by Anna Maria JAKUBEK

La Seconde Guerre mondiale et celle en Ukraine, perçues au travers des dessins d’enfants

Le Vif

Une exposition de dessins d’enfants polonais ayant vécu la Seconde Guerre mondiale et de jeunes Ukrainiens d’aujourd’hui se penche sur le regard des plus jeunes sur la guerre : « Un petit enfant, ça dessine le soleil, des fleurs, des chatons. Mais pas une potence ou des cadavres ».

Dorota Sadowska, la commissaire de cette exposition présentée à Varsovie, l’explique à l’AFP : « La façon dont les enfants perçoivent la guerre, ce qu’ils ressentent, ce qu’ils véhiculent à travers leurs dessins, ça se ressemble beaucoup… C’est de la souffrance, purement et simplement« .

(Photo by JANEK SKARZYNSKI / AFP)

Composée de plusieurs centaines de dessins, l’exposition ambulante parcourt des villes de Pologne mais va aussi à l’étranger, d’un commun effort polonais et ukrainien.  Dessinées et colorées avec des marqueurs, des crayons ou, parfois, avec des outils numériques, les œuvres d’enfants ukrainiens témoignant de l’invasion de leur pays par la Russie viennent de la collection du site « Maman, je vois la guerre ». Ce dernier a rassemblé des milliers de dessins, pour en faire un collage photo numérique permanent en vue d’une vente aux enchères NFT. Les bénéfices serviront à aider les enfants touchés par la guerre.

Le volet polonais de l’exposition, en grande partie au crayon et sur du papier désormais bruni par le temps, présente des dessins réalisés en 1946 pour un concours national organisé à l’époque. Ils ont depuis été conservés aux Archives à Varsovie.

L’idée de l’exposition était que « le monde regarde les enfants, écoute ce qu’ils disent et ressentent », explique Mme Sadowska. « Peut-être qu’alors (le monde) verra qu’en temps de guerre, tout enfant est victime, tout enfant souffre ». Il s’agit aussi d' »inciter les adultes à réfléchir à ce qui peut être fait pour changer cela », insiste-t-elle.

Les dessins représentant des chars, des cadavres, des avions en feu, des bâtiments à trous béants, des soldats, des tortures, des larmes…

(Photo by JANEK SKARZYNSKI / AFP)

« Sensibiliser encore une fois »

Le sujet est difficile à concilier avec l’esthétique de l’art enfantin, souligne Mme Sadowska. Le dessin de Valeria, 14 ans, originaire de Hlevakha près de Kiev, est particulièrement choquant. Il montre un champ rayonnant de tournesols – l’emblème national de l’Ukraine – en jaune et vert vifs, et tout au milieu, un fouillis de cadavres, du sang écarlate coulant des têtes, des bras et des torses déchirés.

Une poussette devant elle, Marina, 34 ans, s’arrête pour jeter un coup d’œil. « Je viens d’Ukraine. J’ai les larmes aux yeux quand je vois ça », avoue cette mère de deux enfants, originaire de la ville portuaire de Kherson (sud), aujourd’hui occupée par les forces russes. « C’est une bonne idée. Pour sensibiliser encore une fois« , estime-t-elle.

Venue voir l’exposition, Wanda Sieminska, une retraitée de Varsovie, note que les deux collections de dessins sont fondamentalement similaires malgré les différences de temps, de lieu et d’outils utilisés. « Le sujet est le même: la tragédie des enfants en temps de guerre », dit à l’AFP cette dame de 85 ans.

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