La réalité cachée par Poutine : une étude dévoile l’état de l’économie russe
L’économie russe a été «paralysée» de façon « catastrophique » depuis l’introduction des sanctions occidentales et le départ de plus d’un millier d’entreprises internationales suite à l’invasion de l’Ukraine. C’est ce que révèle une étude de l’Université de Yale (Etats-Unis).
L’étude a été publiée au préalable sur le Réseau de recherche en sciences sociales américain (SSRN) et n’a pas encore été examinée par d’autres scientifiques. Le général de corps d’armée Marc Thys, le numéro deux de la Défense en Belgique, qualifie déjà l’enquête de « papier très intéressant » qui montre que les sanctions fonctionnent, « malgré les bonnes nouvelles soigneusement construites de Moscou ».
Selon les chercheurs, le Kremlin n’a diffusé que des informations positives sur l’économie russe depuis l’invasion de l’Ukraine et a écarté les statistiques défavorables. L’idée selon laquelle le front international contre la Russie s’est transformé en une guerre d’usure économique qui provoque des ravages sur l’Occident, en raison de la résilience de l’économie russe, « n’est pas correcte. » Les projections économiques favorables basées sur les chiffres du Kremlin sont irréalistes pour la Russie, affirme l’étude.
Economie russe: pénuries généralisées et peur des consommateurs
Quel est donc l’état réel de l’économie russe, cinq mois après l’invasion et l’introduction des sanctions occidentales ? Particulièrement mauvais, selon les données des chercheurs de l’université de Yale.
Par exemple, la position stratégique de la Russie en tant qu’exportateur de matières premières s’est irrémédiablement détériorée. « Elle doit maintenant contrer la perte de ses marchés clés dans une position de faiblesse. Le pays est également confronté à des défis majeurs alors qu’il s’oriente vers l’Asie, avec des exportations non remplaçables telles que le gaz », décrit l’étude.
Les importations russes se sont également largement effondrées. « La Russie doit maintenant obtenir les pièces essentielles et la technologie dont elle a besoin auprès de partenaires commerciaux réticents. Cela conduit à des pénuries d’approvisionnement généralisées dans l’économie nationale», indique le rapport.
Pendant ce temps, la production nationale s’est complètement arrêtée. « Poutine ne parvient pas à remplacer les entreprises, les produits et les talents perdus, malgré ses illusions sur l’autosuffisance et le remplacement des importations. Tout cela a entraîné une hausse des prix et la peur des consommateurs », peut-on lire.
Une perte colossale des investissements étrangers pour l’économie russe
Selon les calculs des chercheurs, le millier d’entreprises internationales qui ont déjà quitté la Russie représentent environ 40 % du produit intérieur brut (PIB). « En conséquence, presque tous les investissements étrangers des trois dernières décennies ont été perdus. Dans le même temps, une fuite sans précédent de capitaux et de population s’est produite. Il s’agit d’un exode massif de la base économique du pays. »
Mesures insoutenables
En réponse, Poutine aurait recours à « des mesures fiscales et monétaires drastiques et clairement insoutenables ». « Mais cela ne suffit pas à contrer le déficit budgétaire du gouvernement, une première depuis des années, ainsi que l’épuisement de ses réserves de change. Malgré les prix élevés de l’énergie, les finances du Kremlin sont dans un état bien pire qu’on ne le pense généralement. »
Les marchés russes, les moins performants au monde cette année
Cela fait des marchés financiers nationaux russes les moins performants au monde cette année, malgré des contrôles de capitaux stricts. « Ils reflètent la faiblesse persistante de l’économie, avec une contraction des liquidités et du crédit. De plus, la Russie est coupée des marchés financiers internationaux, ce qui limite sa capacité à exploiter les capitaux », analyse l’étude.
L’avenir ne s’annonce pas très brillant non plus. « Tant que l’Occident continuera à s’unir pour maintenir et augmenter la pression des sanctions, il n’y aura pas de retour de l’oubli économique pour la Russie », concluent les chercheurs. « Quiconque prétend que l’économie russe a rebondi ne dit pas la vérité. Elle est sous le choc et [pour l’Occident], ce n’est pas le moment de freiner. »
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