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La mère d’Oussama Ben Laden parle pour la première fois: « C’était un si gentil garçon »

Muriel Lefevre

La mère du cerveau des attaques du 11 septembre 2001 qui vont tuer près de 3000 personnes s’était terrée dans la honte et le silence. Jusqu’à aujourd’hui. Le Guardian vient de publier sa première interview. « C’était un si gentil garçon, jusqu’à ce qu’il rencontre les mauvaises personnes », dit-elle.

Assise majestueusement dans un fauteuil clinquant et parée d’une tenue chatoyante, Alia Ghanem pose avec le portrait de son premier né d’un côté et une boîte de Kleenex de l’autre. Ces deux autres fils, Ahmad et Hassan (les demi-frères d’Oussama), l’accompagnent et se tiennent dans un coin du salon.

Elle parle encore avec amour de son fils, avant de concéder que, à un moment donné, il a perdu son chemin. « J’ai eu une vie très difficile, parce qu’il était toujours si loin de moi », dit la femme qui a aujourd’hui dans les 70 ans. « C’était un garçon tellement gentil, qui aimait vraiment sa mère. Mais lorsqu’il a eu 20 ans, il a rencontré les mauvaises personnes. Il a été endoctriné. Oui, on peut dire que c’est une secte. »

Oussama est né à Riyad en 1957. Lorsqu’il a trois ans, ses parents se séparent. Le père d’Oussama va avoir 54 enfants avec au moins 11 femmes. Avant de se lancer dans le terrorisme, Oussama Ben Laden était un riche homme d’affaires issu d’une très influente famille saoudienne proche de la famille royale. Oussama Ben Laden sera abattu le 2 mai 2011 lors d’une opération des forces américaines.

« Avant, Oussama était un garçon timide, qui réussissait bien à l’école. Il est ensuite devenu un jeune homme fort, bien élevé et pieux. Mais lorsqu’il rejoint l’université (Ben Laden a étudié l’économie, NDLR), il se radicalise. Certaines personnes l’ont changé. Il est devenu un autre homme.  »

Une de ces personnes est Abdullah Azzam, un membre des Frères musulmans qui a ensuite été expulsé d’Arabie saoudite et qui est devenu l’un des conseillers spirituels de Ben Laden. « Je lui ai toujours dit de rester loin de ces hommes. Il ne pouvait jamais m’avouer ce qu’il faisait, parce qu’il m’aimait tellement. Ghanem n’a jamais cru un seul instant que son fils deviendrait un terroriste. « Lorsque je l’ai appris, j’ai été envahie par la colère. Cela me semblait impossible. Comment pouvait-il tout rejeter de cette façon ? « 

https://twitter.com/guardian/status/1025267626149326850The Guardianhttps://twitter.com/guardian

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La famille a vu Oussama pour la dernière fois en 1999, en Afghanistan. « Il était si heureux de nous recevoir. Il a joué au guide tous les jours, il a tué un animal et nous avons organisé une grande fête. »

Ghanem quitte alors la pièce pour se reposer et ce sont ses deux fils qui reprennent la conversation. « Au début des années 1980, Oussama s’est rendu en Afghanistan pour combattre l’occupation russe. Tous ceux qui l’ont rencontré à ce moment-là le respectaient », raconte Hassan. « Au départ, nous étions très fiers de lui. Même le gouvernement saoudien le traitait avec respect. Et puis est venu Oussama le moudjahid.  »

« Il est important de savoir », dit encore Ahmad, « qu’une mère est rarement un témoin objectif. Les attaques ont eu lieu il y a presque dix-sept ans, mais elle reste pourtant dans une phase de déni au sujet de son fils. Elle l’aimait tellement et elle refuse de le blâmer. Elle préfère s’en prendre à son entourage. Elle ne connaît que son bon côté, celui qu’il nous montrait. Mais il avait aussi un autre côté. »

Ghanem continue de voir encore très régulièrement les quatre épouses de son fils. La famille Ben Laden reste également très influente en Arabie Saoudite. Elle peut aujourd’hui voyager presque librement même si elle a longtemps été sous très haute surveillance du gouvernement. Si la plupart des membres de la famille souhaitent plus que tout tourner la page, l’un de fils d’Oussama, Hamza, inquiète cependant les membres du clan. Ce jeune homme de 29 ans semble vouloir suivre les traces de son père et le venger.

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