Alors que l’Europe – groupe de Wisegrad, Autriche, Italie, Flandre et même Allemagne, France, Pays-Bas – s’adonne de plus en plus au populisme, la question qu’on peut se poser est : qui ou qu’est-ce qui arrêtera cette inextinguible vague, ce cri lancé dans la nuit par des Européens inquiets pour la pérennité de leur civilisation ?
Tentons d’abord de définir ce à quoi nous avons affaire, à l’heure où certains voient l’extrême droite à tous les coins de rue. Qu’est-ce que le populisme ? Personne ne l’a réellement défini. Trop souvent, c’est apporter, à une question qui fâche, une réponse différente de celle des médias et des experts.
Exemple : la différence salariale entre hommes et femmes. Réponse des éditorialistes mainstream (peu soupçonnables de populisme) : elle est due à la discrimination contre les femmes. Réponse plus prosaïque : l’écart de salaires s’explique par une multitude de facteurs dont la discrimination basée sur le genre n’est qu’un aspect, notamment : le rapport des femmes au carriérisme et au pouvoir, la maternité, un choix personnel pour des carrières « sociales » ou mi-temps de facto moins rémunératrices, le fait de pouvoir compter sur un conjoint qui gagne davantage, des raisons bio-physiologiques, le refus de s’imposer sur un ring de boxe obéissant à des codes masculins, etc. Dans La Domination masculine n’existe pas, la philosophe des sciences Peggy Sastre rappelle que le pouvoir des hommes n’est en fait que la domination de quelques hommes sur tous leurs semblables, hommes ou femmes.
Prenons maintenant le taux d’emploi inférieur chez les jeunes issus de la diversité. Réponse mainstream : discrimination à l’embauche et délit de faciès ; réponse du pragmatique : un manque de formation ou des formations en inadéquation avec les exigences du monde du travail (cas patent en Région bruxelloise qui cherche vainement, selon BECI (Brussels Entreprises Commerce and Industry) des milliers de jeunes spécialisés en mécanique).
Conclusion : Il semble qu’à chaque fois qu’une analyse a prise sur le réel, elle soit considérée comme entachée de populisme. Pourtant, comme le rappelle Michel Houellebecq dans une récente interview, les intellectuels populistes ou qualifiés de réactionnaires ne sont souvent que des esprits libres noyés dans le monde du prêt-à-penser.
Maintenant, ceci ne veut pas dire qu’il n’existe pas de vrais populistes, de ceux qui flattent les peurs et les plus bas instincts des peuples, type Pegida, Alternative für Deutschland ou Aube Dorée ou encore les zozos du Mouvement 5 Etoiles.
C’est ceux-là qu’il faut combattre avec la dernière énergie, car ils n’apportent aucune solution aux défis économiques et identitaires de notre continent.
Mais comment combattre ce phénomène ?
La vieille gauche à laquelle j’ai appartenu naguère s’émeut en choeur à chaque fois qu’un démagogue gagne une élection, ce qui est systématique depuis dix ans maintenant.
Or n’est-ce pas une forme de « populisme de gauche » que de répéter que « l’immigration est une chance pour nos pensions », que « le patriotisme économique est parfaitement ridicule », que « toutes les femmes sont des victimes », que « l’impôt est la première des solidarités », que « la délinquance diminue depuis des décennies » ? Cette ancienne gauche qui radote ne fait malheureusement qu’exacerber les peurs ou mépriser les sentiments populaires. En somme : à nous la supériorité analytique et la vraie vérité face à un peuple de beaufs dépourvus de clairvoyance.
Et la droite classique, comment réagit-elle ?
Deux cas de figure se présentent : une certaine droite, soumise à la domination culturelle de la vieille gauche, participe aux mêmes concerts de mises en garde et autres « no pasaran ! », en vain. Aux prochaines élections européennes, on s’attend ainsi à ce que Theo Francken, à force d’être germanisé, voire nazifié, dépasse le million de voix de préférence. C’est cette « droite Merkel », dont on trouve pas mal de représentants à la Commission européenne, qui a envoyé 90 députés d’extrême droite au Bundestag. Elle semble ranimer, hélas, de par son enfer pavé de bonnes intentions, le racisme séculaire européen.
L’autre droite, qu’on dit « décomplexée » (être de droite relève donc d’un complexe d’infériorité), posséderait-elle alors la clé, car elle reconnaît d’emblée la réalité des problèmes soulevés par les enquêtes d’opinion ? Il est clair que comprendre les peurs et une première étape indispensable à la résolution des problèmes. Cette droite a également une capacité de gestion éprouvée et objective ses assertions, évitant tout poujadisme.
En Europe, le Parti populaire européen est traversé par un schisme : y siègent le parti d’Angela Merkel et celui de Viktor Orban. Tous deux entament leur 4e mandat, mais ils ont une vision de l’Europe aux antipodes.
En Wallonie, pour qu’une droite de type classique convainque les habitants de la ceinture « rouge » qui va du Hainaut à Liège d’abandonner le PS sans être tentés par le PTB, elle devra les rassurer quant au maintien des aides sociales en tout genre ou leur offrir des promesses fermes d’emploi.
Toutefois, chercher cette droite n’est pas forcément la trouver, car pour paraphraser un célèbre économiste autrichien : « Si un jour la Fédération Wallonie-Bruxelles devient de droite c’est que l’Europe entière le sera devenue. »
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