La Chine se livre à un exercice d’encerclement total de Taïwan

La Chine a procédé dans le détroit de Taïwan à des exercices « d’encerclement total » de l’île, a annoncé la télévision d’Etat chinoise, au premier jour de manoeuvres militaires qui dureront jusqu’à lundi.

« L’exercice d’aujourd’hui se concentre sur la capacité à prendre le contrôle de la mer, de l’espace aérien et de l’information (…) afin de créer une dissuasion et un encerclement total » de Taïwan, a précisé CCTV. Des destroyers, des vedettes rapides lance-missiles, des avions de chasse, des ravitailleurs et des brouilleurs sont notamment mobilisés.

La localisation exacte de ces opérations n’est pour l’heure pas connue.

Les manoeuvres « servent de sérieux avertissement contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant +l’indépendance de Taïwan+ et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices », avait averti plus tôt dans la journée un porte-parole de l’armée chinoise, Shi Yi. Ces opérations, qui comprennent également des « patrouilles », sont « nécessaires pour sauvegarder la souveraineté et l’intégralité territoriale de la Chine« , a justifié ce porte-parole.

Des exercices à tirs réels se tiendront lundi dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l’île, ont par ailleurs indiqué les autorités maritimes locales.

Ces exercices, qui revêtent une dimension « opérationnelle », sont destinés à démontrer que l’armée chinoise sera prête, « si les provocations s’intensifient », à « régler une fois pour toutes la question de Taïwan », a indiqué à l’AFP l’analyste militaire Song Zhongping.

Taïwan a estimé que ces manoeuvres menacent la « stabilité et la sécurité » dans la région Asie-Pacifique. Sa présidente, Tsai Ing-wen, a dénoncé samedi un « expansionnisme autoritaire » de la part de la Chine et assuré que le territoire « continuerait à travailler avec les Etats-Unis et d’autres pays (…) pour défendre les valeurs de liberté et de démocratie ». Le ministère taïwanais de la Défense a de son côté indiqué « suivre la situation » et avoir chargé l’armée de « répondre » aux activités militaires chinoises.

Quelques heures après l’annonce par Pékin de la tenue des exercices militaires, Tsai Ing-wen a rencontré une délégation du congrès américain en visite à Taipei. Michael McCaul, à la tête de cette délégation et responsable des ventes de matériel militaire américain à des pays étrangers, a déclaré que Washington s’efforçait de fournir rapidement des armes à Taïwan. « Nous faisons tout ce que nous pouvons au Congrès pour accélérer ces ventes et obtenir les armes dont vous avez besoin pour vous défendre, et nous fournirons une formation à votre armée, non pas pour la guerre, mais pour la paix », a-t-il dit.

« Mesures fermes et énergiques »

Samedi matin à Pingtan, le point le plus proche de Taïwan au sud-est de la Chine, des touristes observaient les eaux agitées de la mer mais aucune activité militaire notable n’était visible.

Ces manoeuvres font suite à la visite cette semaine de Mme Tsai aux Etats-Unis, où elle a rencontré mercredi Kevin McCarthy, le président de la Chambre des représentants. Pékin avait dans la foulée promis des « mesures fermes et énergiques » en représailles.

La Chine voit avec mécontentement le rapprochement à l’oeuvre ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les Etats-Unis, qui malgré l’absence de relations officielles fournissent à l’île un soutien militaire substantiel. La Chine considère Taïwan (23 millions d’habitants) comme l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.

Les Etats-Unis ont reconnu la République populaire de Chine en 1979 et ne doivent en théorie avoir aucun contact officiel avec la République de Chine (Taïwan), en vertu du « principe d’une seule Chine » défendu par Pékin.

La localisation exacte des nouvelles manoeuvres n’est pas précisée, hormis les exercices à tirs réels de lundi, qui auront lieu autour de Pingtan. La partie la plus étroite du détroit entre les côtes chinoises et l’île fait environ 130 kilomètres de large.

« Se bercer d’illusions »

En août, Pékin avait lancé des manoeuvres militaires sans précédent autour de Taïwan lorsque la démocrate Nancy Pelosi, qui a précédé M. McCarthy au perchoir, s’était rendue sur l’île. La réponse à ce stade à la rencontre avec le numéro trois américain n’est pas comparable avec l’été 2022, où des tirs de missiles avaient été effectués.

Le ministère de la Défense taïwanais a affirmé samedi à la mi-journée avoir détecté huit navires de guerre et 42 avions de chasse chinois autour de l’île. Vingt-neuf avions sont entrés au sud-ouest de la zone d’identification de défense aérienne (ADIZ) de Taïwan, a-t-on précisé de même source.

Ces manoeuvres militaires interviennent au lendemain d’une visite d’Etat en Chine d’Emmanuel Macron, au cours de laquelle la question de Taïwan a été évoquée avec le président chinois Xi Jinping. « La conversation a été dense et franche » à ce sujet, a indiqué vendredi l’Elysée.

« Quiconque pense que la Chine va faire des compromis sur Taïwan se berce d’illusions », a réaffirmé jeudi Xi Jinping à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lors d’une rencontre à Pékin, selon des propos rapportés par la diplomatie chinoise.

Taïwan détecte un navire de guerre chinois et 29 avions supplémentaires

Le ministère de la Défense de Taïwan a annoncé avoir détecté un navire de guerre chinois et 29 avions de chasse supplémentaires autour de l’île samedi, au premier jour d’exercices militaires de Pékin dans le détroit de Taïwan. 

Le parti communiste chinois « a délibérément créé une tension dans le détroit de Taïwan (…) ce qui a un impact négatif sur la sécurité et le développement économique de la communauté internationale« , a indiqué le ministère, en précisant que le nombre de navires de guerre détectés autour de l’île à 16H00 locales (10H00, heure de Bruxelles) se montait désormais à neuf, et celui des avions de chasse à 71.

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