Taïwan: des sanctions contre Nancy Pelosi, la Chine freine sa coopération avec les USA
La Chine a annoncé « imposer des sanctions » à la cheffe des députés américains Nancy Pelosi et à sa « famille proche » après sa visite à Taïwan, qui a déclenché la colère de Pékin et le lancement de vastes manoeuvres militaires.
Avec sa visite, Mme Pelosi s’est « gravement ingérée dans les affaires intérieures de la Chine et a porté atteinte à sa souveraineté et à son intégrité territoriale », a indiqué le ministère des Affaires étrangères, sans donner de détails sur ces sanctions.
Ces dernières années, la Chine a imposé des sanctions à de nombreux représentants américains pour avoir agi, selon elle, contre ses intérêts et s’être exprimé sur les droits de l’Homme concernant Hong Kong et le Xinjiang (nord-ouest), parfois sans spécifier la nature de ces sanctions. En mars, Pékin avait appliqué des restrictions de visas à une liste non rendue publique de fonctionnaires américains qui auraient « inventé des mensonges sur des questions de droits de l’Homme impliquant la Chine ». L’ex-secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, ainsi que Peter Navarro, qui avait été conseiller commercial auprès de Donald Trump, ont eux aussi été sanctionnés par le passé: ils ont interdiction d’entrer en Chine ou de faire des affaires avec des entreprises chinoises.
La Chine a également annoncé vendredi mettre fin à la coopération avec les Etats-Unis sur plusieurs dossiers après la visite cette semaine à Taïwan de Nancy Pelosi, présidente américaine de la Chambre des représentants. La Chine va « suspendre les négociations sino-américaines sur le changement climatique » et annuler un entretien entre les dirigeants militaires ainsi que deux réunions sur la sécurité, a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères, invoquant le « mépris » dont a fait preuve Mme « Pelosi quant à la forte opposition de la Chine » à sa visite à Taïwan.
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a fustigé vendredi les manoeuvres militaires de la Chine autour de Taïwan, « des provocations » qui représentent « une escalade importante » des tensions. Le chef de la diplomatie américaine a rappelé qu’il n’existait pour Pékin « aucun prétexte » pour initier des exercices dans le détroit de Taïwan.
Depuis jeudi, la Chine organise de gigantesques manoeuvres, mobilisant aviation, marine et missiles balistiques, dans six secteurs maritimes tout autour de Taïwan en réponse à la visite sur l’île, cette semaine, de la présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis Nancy Pelosi. « Ces provocations représentent une escalade importante. Vous pouvez voir comment Pékin a essayé de changer le status quo sur Taiwan depuis quelques temps (…) Maintenant, ils conduisent des actions dangereuses à un nouveau niveau », a déclaré Antony Blinken, depuis Phnom Penh où il a rencontré des représentants de l’Asean.
« La Chine a choisi de sur-réagir et d’utiliser la visite de Mme Pelosi comme un prétexte. (…) Le fait est que sa visite a été pacifique. Il n’existe aucune justification pour cette réponse militaire extrême, disproportionnée et qui alimente l’escalade », a prolongé le ministre. « Nous avons anticipé que la Chine allait réagir de cette manière. En fait, nous l’avions décrit dans ce scénario exact », a-t-il encore dit.
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