La censure n’est pas là où on le prétend
Contrairement à l’idée reçue qu’on ne peut plus rien dire, « beaucoup d’horreurs peuvent aujourd’hui être dites publiquement », observe Sébastien Fontenelle dans On ne peut pas tout dire.
. Le journaliste et essayiste liste les propos racistes, sexistes, discriminatoires proférés ces dernières années en France par des personnalités médiatiques – Eric Zemmour, Alain Finkielkraut, Hélène Carrère d’Encausse, Jean-François Kahn… – « sous le couvert d’une impunité dont la presse et les médias dominants, arbitres complaisants de leurs propres manquements, ont été les premiers garants ».
Or, beaucoup de ces polémistes ont prétendu par le passé ou prétendent encore être victimes de la censure de la bien-pensance, et en particulier, depuis quelque temps, de la cancel culture développée par des activistes progressistes. Sébastien Fontenelle rappelle que « la réprobation des mensonges négationnistes et des anathèmes liés à la race ou au genre n’est en aucun cas une censure ».
Il estime que « l’installation dans le débat public d’une parole qui a longtemps été contenue (celle des victimes d’agressions et de discriminations) vient désormais saper le magistère de ceux qui jusque-là la contrôlaient ». C’est pour cette raison, selon lui, que les attaques contre la culture de l’annulation ou le wokisme, « un fantasme réactionnaire » en France, sont si virulentes. Sous couvert de combat contre une censure imaginaire, elles visent, dans le chef des polémistes d’extrême droite, à occulter la réalité des discriminations. Aussi réfuter « leurs appels à la guerre de tous contre tous » est « une exigence démocratique dont la légitimité ne devrait plus être questionnée », conclut, non sans pertinence, l’essayiste.
On ne peut pas tout dire. Petit éloge de la « censure », par Sébastien Fontenelle, Michel Lafon, 192 p.
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