Kyriakos Mitsotakis, « l’héritier » de droite qui a fait tomber Tsipras
Héritier d’une dynastie politique, Kyriakos Mitsotakis, que les Grecs ont choisi dimanche pour être leur prochain Premier ministre, s’est hissé au pouvoir à la faveur d’un climat anti-Tsipras et sur la promesse d’en finir avec une décennie de crise.
En Grèce, son patronyme est loin d’être inconnu : son père Konstantinos Mitsotakis a été Premier ministre conservateur de 1990 et 1993, sa soeur Dora Bakoyannis, née Mitsotakis, a été ministre des Affaires étrangères et maire d’Athènes. Et le nouveau maire de la capitale élu début juin, Costas Bakoyannis, n’est autre que son neveu.
« Certes, je descends d’une famille politique et je suis très fier de mon héritage », a souligné le leader du parti conservateur ND dans un entretien à l’AFP. « Mais en même temps, j’ai beaucoup changé (le parti) Nouvelle Démocratie, ce n’est pas le même qu’il y a quatre ans », a estimé M. Mitsotakis, qui a pris en 2016 les rênes du parti précédemment dirigé par son père.
L’héritier du patriarche, qui se définit pourtant comme un « outsider, un franc-tireur », a promis du sang neuf en présentant de nombreux candidats de moins de 40 ans aux élections de dimanche, et dans son futur gouvernement, avec des personnalités « de sa génération ou plus jeunes ».
Dans un pays où le népotisme est une tradition, celui qu’Alexis Tspiras a baptisé « le prince » a aussi juré de ne pas nommer de membres de sa famille dans son cabinet, et se défend d’être élitiste.
« Jugez moi sur mon CV, et non par mon nom », a répété à l’envi ce diplômé d’Harvard et de Stanford, qui ne rechigne pas à être comparé à Emmanuel Macron, dont il se dit proche politiquement.
Perçu comme un réformateur, proche des milieux des affaires, cet ancien consultant chez McKinsey à Londres a notamment été ministre de la réforme administrative sous le dernier gouvernement conservateur d’Antonis Samaras (2012-2014).
« D’ailleurs, où que j’aille, tout le monde m’appelle par mon prénom, Kyriakos. Cela montre qu’ils me reconnaissent pour ce que je suis, et non parce que je suis le descendant d’une dynastiee », dit-il.
« Main forte »
Ce père de famille de 51 ans, fan de basket, qui a adopté la chemise sans cravate à l’instar M. Tsipras, entend mener son pays d’une « main forte » pour relancer l’économie et créer de meilleurs emplois.
Mais en tant que ministre de la réforme administrative en 2014, en plein coeur de la crise, il avait été chargé de licencier 15.000 fonctionnaires sous la pression des créanciers du pays.
La réduction des effectifs a été interrompue par les élections anticipées de janvier 2015, mais l’étiquette de Mitsotakis en tant qu’homme de poigne a perduré.
Le Premier ministre sortant Alexis Tsipras l’a accusé de vouloir lâcher un « Armageddon » sur les travailleurs. « Quant (Mitsotakis) parle de réformes, il faut comprendre qu’il y aura un coût humain. (…) Il a personnellement licencié des milliers de personnes », a-t-il fustigé sur CNN, promettant « le retour des heures sombres de l’austérité » si son adversaire était élu.
A gauche, Kyriakos Mitsotakis est vu comme celui qui a changé son parti en un mélange nationaliste et néolibéral. Dès son élection en 2016 à la tête de ND, il a nommé comme vice-président du parti Adonis Georgiadis, ancien membre d’un parti d’extrême droite, LAOS.
Georgiadis avait dû faire des excuses publiques en 2017 pour avoir fait la publicité d’un ouvrage antisémite dont il affirmait que c’était son « livre préféré ».
Un autre ancien membre de LAOS, Makis Voridis, qui a dirigé un groupe de jeunesse nostalgique de la dictature militaire en Grèce, a été également membre du cabinet de Mitsotakis.
Père de trois enfants, Kyriakos Mitstotakis est marié à Mareva Grabowski, cocréatrice d’une marque de vêtements de luxe.
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