Kenya: descendants d’esclaves et toujours esclaves (reportage)
Répondant à une demande accrue liée à des événements comme le Mondial 2022 au Qatar, des Kényans discriminés en tant que descendants d’esclaves rejoignent la Péninsule arabique pour survivre économiquement. Surexploitation, maltraitances, racisme…: partis pour « devenir riches », ils reviennent souvent brisés. Ainsi semble se perpétuer la traite négrière qu’ont connue leurs ancêtres.
En cette fin d’année, Le Vif a décidé de prendre le temps. D’enquêter, de raconter le monde, d’offrir à ses lecteurs des récits qu’ils ne liront pas ailleurs. Retrouvez tous les articles de notre premier mook ici.
« Mon arrière-grand-père était un esclave. Il s’appelait John. Il avait été capturé à Nyasaland, dans l’ancien Malawi, par les Arabes à la fin du XIXe siècle. Lui et mes ancêtres étaient dans un bateau pour être vendus dans la Péninsule arabique quand ils ont été sauvés dans l’océan Indien par le capitaine Sir Bartle Frere, de la marine britannique. Une partie des miens a été amenée ici sur ces terres, dans ce quartier de Mombasa que nous avons construit: Frere Town. Mais toute ma famille n’a pas eu cette chance. Certains ont été vendus comme esclaves à Zanzibar, d’autres à Oman. Je ne pense pas qu’ils [les Arabes] demanderont un jour pardon. » Kamuzu Farrar s’excuse pour son débit de parole lent, un accident vasculaire cérébral a partiellement paralysé son visage. Assis sur une chaise en plastique, le vieil homme de 80 ans regarde avec peine son fils Trance, 28 ans.
Aujourd’hui, la confiscation du passeport a simplement remplacé les chaînes.
Au quartier des anciens esclaves de Mombasa, il n’est pas rare de piétiner des seringues usagées. Frere Town défraie souvent la chronique pour ses guerres de gangs, ses trafiquants de drogue ou ses meurtres. Plus que partout ailleurs sur la côte du Kenya, les perspectives d’avenir pour la jeunesse y sont quasi inexistantes. La cause? Une discrimination des descendants d’esclaves, pas reconnus comme faisant partie intégrante des tribus historiques du pays, mais comme des étrangers venus au Kenya par la contingence des captures de l’ancienne traite négrière arabe (omanaise, saoudienne, qatarie), active jusqu’au début du XXe siècle.
Alors, pour nourrir leurs familles, il n’est pas rare que les jeunes partent là où leurs ancêtres ont été amenés de force, enchaînés, dans la Péninsule arabique. « En plus d’un siècle, rien n’a changé, nous sommes toujours leurs esclaves. Les gens partent malgré notre histoire et les risques de maltraitance parce qu’il n’y a pas de travail ici. C’est différent d’autrefois. Personne ne nous force physiquement. C’est la pauvreté qui nous contraint à partir. C’est de l’esclavage moderne, parce que vous y allez par vous-même. Mon fils a fait des études. Il a été diplômé en 2012, mais jusqu’à maintenant, il n’a pas trouvé d’emploi. Aujourd’hui, il élève des poulets pour gagner sa vie. Mais ils ne l’appâteront pas avec leurs offres d’emploi. Jamais mon fils ne migrera dans le Golfe. Jamais. Je préfère qu’il souffre ici. J’ai peur qu’ils le déshumanisent, qu’ils le détruisent comme par le passé avec nos aïeux », lâche Kamuzu Farrar.
Le Kenya, marché de substitution
Trance veille sur sa poule et quelques poussins gardés par une cloche grillagée. Le jeune homme est, lui aussi, convaincu qu’un départ pour les pays arabes serait un déshonneur pour l’histoire familiale, mais surtout un risque pour sa vie. « C’est une destination de malheur. Les Arabes, là-bas, ont tendance à nous considérer comme des êtres humains inférieurs. Ils ont fait ça à nos ancêtres parce que notre peau est noire. Ce racisme ne disparaîtra jamais complètement. Aujourd’hui, aucun de ces pays n’a reconnu avoir participé à la traite négrière chez nous. Aujourd’hui, la confiscation du passeport a simplement remplacé les chaînes. S’il n’y avait pas de corruption au Kenya, s’il y avait plus d’opportunités d’emploi, si nous, les descendants d’esclaves, étions reconnus, peut-être aurions-nous gardé cette rancune dans nos coeurs et les gens ne partiraient pas dans ces pays. Si nous avons appris à oublier comment les Arabes ont traité nos ancêtres, c’est à cause de la pauvreté, sans ça il n’y aurait pas de pardon. »
Sur le papier, j’étais un travailleur ; dans les faits, j’étais un esclave.
La demande en main-d’oeuvre venue d’Afrique n’a pas baissé malgré ce lourd passif. Pour l’Exposition universelle de Dubaï de 2020 et la Coupe du monde au Qatar de 2022, les deux pays ont eu besoin de davantage de travailleurs dans le secteur ouvrier et du service. Le canal habituel et naturel de recrutement, le sous-continent indien et les Philippines, dont les gouvernements ont, depuis des décennies, observé les abus habituels sur leurs citoyens immigrés, ont commencé à imposer ici et là de ponctuelles restrictions. Les Emirats arabes unis et le Qatar ont été forcés de se tourner vers d’autres solutions comme le Kenya. Principalement recrutés comme travailleurs domestiques, ouvriers du bâtiment, nettoyeurs, agents d’accueil, de sécurité ou chauffeurs de taxi, les Kenyans ont l’avantage de parler majoritairement anglais et surtout, principalement dans les zones rurales, d’être moins au fait des difficultés de la vie d’un travailleur étranger dans le Golfe. Aujourd’hui, environ 300 000 Kényans officient majoritairement aux Emirats arabes unis, au Qatar et en Arabie saoudite sur plus de trois millions d’Africains, venus de l’est du continent.
Pénibles conditions de travail
Arnest Mbotela, 30 ans, est parti travailler presque trois ans aux Emirats arabes unis. Habillé d’une longue dishdasha blanche, ce colosse fait rouler une brouette sur un chantier de Frere Town. L’homme s’assoit quelques minutes sur un canapé poussiéreux. Ses longues jambes, à l’étroit, trahissent un impressionnant double mètre. « Lorsque j’étais à Dubaï, je n’ai pas pensé à mon arrière-arrière-grand-père esclave. Je voulais gagner le plus d’argent possible pour construire quelque chose ici…, avoue-t-il sous les regards de quelques connaissances curieuses d’écouter son expérience. Je chargeais des cargaisons lourdes dans les vols commerciaux à l’aéroport international. Je travaillais de 6 heures du matin à 6 heures du soir avec seulement trente minutes de repos au milieu de ma journée, pendant vingt jours par mois, parfois vingt-huit quand je voulais me faire plus d’argent. J’étais littéralement courbé toute la journée, dans une terrible chaleur. Si vous vous plaignez qu’il n’est pas permis par la loi de travailler dehors en été en pleine journée, vous risquez d’être expulsé. Beaucoup de ceux qui ont commencé avec moi n’ont pas tenu les cadences et sont rentrés. Sur le papier, j’étais un travailleur ; dans les faits, j’étais un esclave. De l’esclavage moderne, parce que vous travaillez beaucoup, sans repos, sans droit et sans considération et que votre salaire est très bas. Je gagnais en moyenne 1 500 dirhams émiriens (350 euros) par mois. A l’aéroport, dès le premier jour, vos employeurs prennent votre passeport parce que le passeport, c’est la liberté et qu’avec, vous pouvez quitter votre travail pour en trouver un meilleur. Sans, vous n’avez pas le choix, vous êtes corvéable pour une seule entreprise. Ce n’est que lorsque vous êtes sur le point de quitter le pays et de rentrer chez vous qu’ils vous le rendent. »
Fin 2015, quand Arnest Mbotela rentre à Frere Town, l’homme n’a pu épargner que quelques mois de salaire. Le reste, pendant toutes ces années de labeur, il l’a envoyé à sa famille pour qu’elle puisse vivre avec le minimum. « Avec ce que je gagnais là-bas, même au Kenya vous ne pouvez pas survivre avec une famille à charge. Heureusement, je ne suis pas marié et je n’ai pas d’enfant. Donc j’envoyais ma paie à mes parents. » Après son retour, l’ancien manutentionnaire est rejeté et incompris par sa communauté. La jeune génération qu’il côtoie ne comprend pas son échec à n’avoir pu économiser assez pour se marier, se faire construire une maison ou ouvrir un commerce tandis que l’ancienne, toujours hantée par les fantômes de la traite négrière, le blâme pour avoir trahi la mémoire des ancêtres. « C’est une erreur. Je n’aurais jamais dû aller là-bas. La plupart des gens qui partent dans ces pays ne réussissent pas. Quand ils reviennent, ils sont brisés. J’ai été leur esclave, mes aïeux aussi et je pense qu’aujourd’hui, ils doivent s’excuser pour tout ce qu’ils nous ont fait subir. »
Dépendance économique
Aucun pays du Golfe n’a reconnu officiellement avoir participé à la traite négrière. Une question sensible qu’aucune pétromonarchie ne souhaite aborder publiquement. « C’est compliqué, analyse Faisal Abualhassan, doctorant saoudien en histoire afro-arabe à l’université Johns-Hopkins, à Baltimore, aux Etats-Unis. « Si vous vous demandez si elle est discutée et reconnue comme un crime de la même manière qu’en Occident, la réponse est non. Beaucoup de gens dans le Golfe ont sciemment oublié le recours à l’esclavage à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. L’idée qu’on se fait encore dans la région de ce trafic humain est à l’image de celle des célèbres savants orientalistes de l’Occident qui décrit « l’esclavage islamique » comme n’étant pas un esclavage productif consacré aux durs labeurs, ou à l’agriculture, mais plutôt un « esclavage de consommation » utilisé par les élites et les membres de la famille royale et l’Etat en tant qu’entourage, administrateurs ou soldats. C’est historiquement incorrect, mais cela correspond bien à l’idée générale de progrès depuis l’indépendance des pays du Golfe. L’esclavage est ainsi relégué dans l’histoire prémoderne. La reconnaissance publique de la traite négrière est d’autant plus difficile à évoquer qu’elle impliquerait de discuter de mères, de grands-mères ou d’autres histoires familiales intimes de concubinage et d’asservissement sexuel. Ces sujets ne peuvent être abordés en public avec des personnes extérieures à la famille. Je pense qu’il est donc plus approprié de parler d’ignorance dans les sociétés du Golfe plutôt que de déni. »
La faim efface de nos mémoires ce que ces pays ont fait à nos ancêtres.
Cette ignorance généralisée entretient une impunité et une banalisation des violences verbales, physiques et sexuelles à l’encontre des travailleurs étrangers venus d’Afrique et d’Asie. La faiblesse diplomatique et la dépendance économique des Etats d’où vient la main-d’oeuvre est une autre explication. Malgré des lois (2007-2014), insuffisantes, encadrant l’envoi de travailleurs kényans dans les pays du Golfe, malgré la fermeture d’agences de recrutement aux pratiques illégales et l’interdiction ponctuelle (2012-2014) signifiée aux pays du Golfe de recruter des domestiques, premières victimes des violences, les gouvernements kényans se sont surtout illustrés par leur désir de ne pas compromettre leurs partenariats économiques. Fait rare, en septembre 2021, le ministère kényan des Affaires étrangères, par la voix de son secrétaire général Macharia Kamau, a accusé le ministère du Travail ainsi que les agences nationales de recrutement de « flouer » les travailleurs expatriés. Depuis le début 2021, selon lui, quarante-et-un domestiques sont décédés rien qu’en Arabie saoudite dans des circonstances « suspectes », soit dix fois plus qu’en 2019. « Ce n’est pas possible que ces jeunes soient tous morts d’un arrêt cardiaque », a-t-il précisé, en référence à l’argument invoqué par l’Etat saoudien. Un moratoire sur l’envoi de ces travailleurs à Riyad devait être acté dans la foulée mais semble avoir été rattrapé par les intérêts économiques mutuels.
Des milliers d’esclaves enterrés
Il faut plusieurs heures de marche à travers la brousse sèche depuis Kilifi pour accéder au village de Sosoni. De grands baobabs aux troncs larges et aux branches sèches trônent sur les collines. L’océan Indien pointe à l’horizon. Autrefois, la mer y tendait son bras par un estuaire. Elle venait y chatouiller les aspérités de cette campagne et les bateaux omanais en profitaient pour charger les esclaves capturés dans les alentours. Edward Muzungu Kiringi est le dernier gardien des lieux. Ce chef du hameau peuplé de quelques maisonnettes de boue marche difficilement, aidé d’une béquille. A mesure qu’il avance sur le sol rouge jonché d’herbes rampantes sèches, ses mains tremblantes pointent ici et là de petites pierres plus ou moins ancrées dans le sol. Pas de nom, pas d’inscription, pas de date. « Il y a environ dix mille esclaves enterrés sous nos pieds », croit savoir le vieil homme. Morts de mauvais traitement ou de la lèpre avant l’embarquement pour le Golfe, femmes, enfants et hommes ont été enterrés là, sur ces collines tristes. « Vous voyez ces grottes, les Omanais avaient établi un camp en attendant que les bateaux se chargent. Ce qui est impensable, c’est qu’ils continuent à faire travailler nos filles comme leur domestique…, se lamente Edward Muzungu Kiringi. Je n’irai jamais de ma vie dans ces pays, ni aucun membre de ma famille. »
A Sosoni, la population n’est pas toute au courant de l’existence du charnier et encore moins de l’identité des auteurs. « Quand nous étions à l’école, notre professeur nous emmenait ici, sur place », se souvient le chef du hameau. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Aucun panneau n’indique le lieu, tombé dans l’oubli. Seuls les anciens portent les cicatrices invisibles de leurs aïeux six pieds sous terre. Les populations rurales paysannes environnantes, aux salaires ne dépassant pas un dollar par jour, sont revenues à de dures réalités: manger à leur faim, payer les frais scolaires des enfants. La haine et la colère sont passées au second plan.
Ma fille a retrouvé une famille où elle souffre, car elle travaille toute la semaine et tous les week-ends, mais au moins elle n’est pas malmenée.
Karisa Rachidi a accompagné Edward Muzungu Kiringi lors de sa visite, avec une machette posée sur le coin de son épaule. L’homme de 34 ans n’a pas dit un mot. Depuis ses problèmes de santé, il pense à envoyer travailler sa plus jeune fille comme domestique à Oman, en Arabie saoudite ou aux Emirats arabes unis. Dans les rigoles de l’estuaire, là où ses ancêtres montaient pour être envoyés là où ira sa chair, l’homme raconte ses doutes: « Je suis malade. Je dois me faire opérer et je n’ai pas les moyens. Chaque jour, je souffre. Je ne suis plus en mesure de travailler et d’apporter un salaire à ma famille. Ma fille est d’accord pour partir. Je sais qu’il y a beaucoup de personnes qui sont maltraitées là-bas. J’espère que la chance sera avec nous, qu’elle trouvera une bonne maison et qu’elle y travaillera en toute sécurité. Mais je suis inquiet. Dernièrement, les autorités ont rapatrié les corps de personnes. Nous connaissions certaines d’entre elles. » L’homme marque un temps, essoufflé par son récit, il contemple un petit ruisseau et son débit apaisant. « Rien n’a changé. Avant nous étions vendus comme esclaves. Aujourd’hui, nous partons comme esclaves et nous sommes donnés à des familles. Si vous tombez sur la mauvaise, alors vous subirez les mêmes tortures qu’autrefois. » Le père prend le temps de la réflexion. Il se redresse puis lance: « Je vais peut-être finalement la décourager d’aller dans le Golfe… »
L’inquiétude permanente
Mwanza Mungiri, lui, s’en veut d’avoir laissé partir sa fille. L’homme de 51 ans est assis sur une chaise en bois, à l’entrée de sa maisonnette. Le soleil s’est couché derrière les collines, laissant l’obscurité s’installer et les animaux sauvages de la campagne du comté de Kilifi murmurer à la nuit. C’est à cette heure tardive que ce père de famille, habillé d’un imperméable trop long et d’une casquette, peut appeler sa fille Zainab, domestique en Arabie saoudite. Avant chaque appel, son coeur s’emballe. Va-t-elle répondre? Son kafil (employeur) a-t-il exigé d’elle du travail supplémentaire? L’a-t-il maltraitée? Est-elle seulement encore en vie? Pendant que son téléphone sonne dans le vide, Mwanza prononce avec peine ses regrets: « Ma fille a dû s’enfuir de chez son premier patron. Elle était maltraitée et n’avait aucun moment pour se reposer. Elle a retrouvé une famille où elle souffre, car elle travaille toute la semaine et tous les week-ends, nuit et jour, mais au moins ils ne la malmènent pas. Le problème, c’est que son passeport est toujours chez son premier kafil. Je me sens si mal à propos de ce qui lui arrive… Elle doit rentrer à la fin de son contrat, en décembre, et après cela, je ne lui permettrai jamais d’y retourner. » Quand sa fille décroche enfin, l’homme est rejoint par sa femme et ses autres enfants. La lumière du smartphone éclaire les sourires de la famille, soulagée de pouvoir discuter enfin quelques minutes avec elle. La conversation se concentre autour des dernières nouvelles au village et de la routine de la jeune domestique de 25 ans qui ne se plaint pas, sûrement pour ne pas davantage inquiéter sa famille. Son père révélera plus tard qu’elle fut hospitalisée à la suite des sévices subis chez son premier kafil.
Non loin de là, à Tswaka, les anciens n’ont pas oublié. Il faut plusieurs minutes de pistes à moto à travers les cocotiers, une végétation de type jungle et une terre rouge pour rejoindre le village de pêcheurs. Hamadi Hamisi Supi, 70 ans, habillé d’un costume gris usé, tresse des cordes en feuilles de cocotier devant sa petite maison construite de bois et de boue. Des enfants titubant de leur jeunesse extrême viennent le déranger dans son entreprise. « Cela fait six mois que je ne dors plus la nuit. Je demande à chaque instant à ma fille d’appeler sa soeur pour vérifier si elle va bien, si elle est en vie. Ma femme aussi est inquiète. Quand je trouve enfin le sommeil, c’est elle qui me réveille pour avoir de ses nouvelles. » Leur fille Zeddy a quitté la tranquillité de Tswaka pour aller travailler comme domestique dans une famille bahreïnie. « Cela ne fait que quelques mois qu’elle est là-bas mais elle a déjà eu des problèmes. La famille dans laquelle elle était la faisait travailler ailleurs, dans deux autres maisons. » Sa seconde fille, Zaitun Hamadi, jeune femme trapue de 23 ans, abonde: « Elle s’occupait en réalité de trois familles différentes. Elle n’avait aucun temps mort, aucun répit, pas de week-end, pas de vacances. Jamais! » Malgré ça, Hamadi Hamisi Supi sait qu’il ne pourra empêcher sa seconde fille de partir pour la Péninsule arabique. « La faim efface de nos mémoires ce que ces pays ont fait à nos ancêtres. Croyez-moi, lorsque vous donnez naissance à un enfant et qu’il meurt parce que vous n’avez pas fait ce qu’il faut, le passé, vous le mettez de côté… »
Un article de Quentin Müller, à Nairobi, Mombasa et Kilifi, au Kénya. Photos: Sébastien Castelier.
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