« Je pensais que j’allais mourir »: Alexandria Ocasio-Cortez raconte l’assaut du Capitole (vidéo)
La démocrate Alexandria Ocasio-Cortez raconte comment elle a vécu de l’intérieur l’assaut du Capitole, le 6 janvier dernier. Elle pointe notamment du doigt les responsabilités des républicains.
La démocrate Alexandria Ocasio-Cortez (AOC), a décidé de se confier, via un live sur Instagram, sur ce qu’elle a vécu et ressenti lors de l’assaut du Capitole le 6 janvier dernier.
« Film de zombies »
Pour rappel, des partisans de Donald Trump étaient rentrés dans le bâtiment, tandis que d’autres manifestaient à l’extérieur, le jour de la certification des résultats de l’élection présidentielle. AOC décrit le chaos qui s’en est suivi comme un « film de zombies ». Elle raconte la peur ressentie durant l’attaque et comment elle a dû se cacher.
AOC explique qu’elle venait de rentrer à son bureau après avoir reçu la deuxième dose de son vaccin Covid-19 lorsqu’elle, et son directeur législatif, ont entendu des bruits de porte dans le couloir. « J’entends d’énormes coups violents sur ma porte, puis sur toutes les portes de mon bureau. Comme si quelqu’un essayait de défoncer la porte. Et il n’y avait pas de voix. Il n’y avait pas de cris. Personne ne disait qui il était, personne ne s’identifiait. »
Je n’ai jamais été aussi silencieuse de toute ma vie. J’ai retenu mon souffle
« J’ai retenu mon souffle »
Elle est entrée dans le bureau de son directeur législatif, qui lui a dit de se cacher. Elle s’est d’abord cachée dans la salle de bain du bureau avant d’essayer de traverser la pièce pour aller dans un placard. Finalement, elle a décidé de rester dans la salle de bain après avoir estimé qu’il était trop tard pour bouger. Cachée derrière la porte, elle a aperçu un homme entrer dans son bureau en criant : « Où est-elle ? Où est-elle ? » Elle explique qu’il s’agissait d’un officier de la police du Capitole, mais qu’elle a ressenti dans son regard « colère et hostilité ». Ce dernier ne s’est pas identifié comme un membre des forces de l’ordre, son équipe et elle ne savaient donc pas si l’officier était là pour « nous aider ou nous faire du mal. »
« Je n’ai jamais été aussi silencieuse de toute ma vie. J’ai retenu mon souffle », confie-t-elle. « C’était le moment où je pensais que tout était fini. » Ce n’est que quelques instants plus tard, lorsqu’un membre du personnel lui a dit qu’elle pouvait sortir, qu’elle a réalisé que l’homme était un officier de la police du Capitole.
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Insécurité
L’officier de police lui a dit, ainsi qu’à son personnel, de « descendre » et de « se rendre dans cet autre bâtiment », dont elle a délibérément omis le nom pour des raisons de sécurité. « La situation était si explosive que j’ai pris mon sac et nous avons commencé à courir vers ce bâtiment. » En courant sans escorte vers l’autre bâtiment, ils ont réalisé qu’on ne leur avait pas dit où aller.
Sans endroit pour se mettre à l’abri, AOC raconte qu’elle et son assistant législatif ont essayé de trouver un endroit pour se cacher dans le bâtiment. Ils se sont rendus à plusieurs étages et ont frappé aux portes de plusieurs bureaux avant de trouver la représentante Katie Porter, une démocrate californienne. Une fois à l’intérieur du bureau de Porter, elle explique que les employés avaient barricadé la porte et qu’ils avaient trouvé des vêtements casual pour se fondre dans la masse et être plus mobile au cas où elle devrait s’échapper. « J’ai commencé à fouiller dans le bureau de Katie comme une folle, j’ai ouvert tous les placards, regardé dans les moindres recoins en cherchant où je pourrais bien me cacher quand ils entreraient dans le bureau. J’ai pensé que j’allais mourir. »
J’ai regardé dans les moindres recoins en cherchant où je pourrais bien me cacher quand ils entreraient dans le bureau. J’ai pensé que j’allais mourir.
Elle a estimé qu’elle était restée dans le bureau de Porter pendant environ cinq heures jusqu’à ce que les membres puissent finir de certifier les résultats de l’élection. Katie Porter a confirmé le récit par AOC dans une interview accordée à la chaîne MSNBC. Elle se souvient avoir été marquée, car Alexandria Ocasio-Cortez, « généralement toujours très polie et agréable », ne lui a presque pas adressé la parole à ce moment-là. « Elle ouvrait des portes et m’a dit qu’elle cherchait un endroit où se cacher quand je lui ai proposé mon aide. »
Elle précise également qu’elle ne s’était pas sentie en sécurité dans les jours précédant l’assaut et avait demandé à son personnel d’établir un plan de sécurité pour le 6 janvier, en anticipant cette sorte d’incident.
Des comptes à rendre
Émue, elle raconte son traumatisme, sa peur, mais aussi la crainte de ne pas être crue. « Pour beaucoup de gens, si vous avez vécu un traumatisme quelconque, le simple fait de le reconnaître et de l’admettre, c’est déjà un grand pas. Surtout dans un monde où les gens essaient constamment de vous dire que vous n’avez pas vécu ce que vous avez vécu ou que vous mentez. »
Révélant en parallèle avoir subi une agression sexuelle par le passé, elle accuse les républicains de détourner les responsabilités des émeutiers du Capitole. « Je suis une survivante d’une agression sexuelle et je n’en ai pas parlé à grand monde dans ma vie », a-t-elle poursuivi, dressant un parallèle entre les parlementaires qui souhaitent « passer à autre chose » après l’assaut du Capitole et la tactique du déni qu’utilisent les auteurs d’agressions. « En tant que survivante, je lutte avec l’idée d’être crue. »
« Ils essaient de nous dire de passer à autre chose sans qu’il y ait de comptes à rendre, sans que la vérité soit dite ou sans faire face aux dégâts extrêmes, à la perte de vies humaines, au traumatisme », s’est-elle insurgée.
En tant que survivante, je lutte avec l’idée d’être crue.
Les républicains « responsables »
Elle accuse les conservateurs qui s’opposent à la destitution de Donald Trump d’encourager la violence qui a conduit à cette attaque sanglante. Elle fustige les républicains conservateurs, comme le sénateur du Texas Ted Cruz, pour avoir nié ce qu’elle décrit comme leur responsabilité dans l’évènement qui a fait cinq morts. « Vous m’avez presque fait assassiner il y a trois semaines », lui a-t-elle d’ailleurs rétorqué la semaine dernière, alors qu’ils se mettaient d’accord sur une question de politique générale.
Dans son live Instagram intitulé « What Happened at the Capitole » (« Ce qu’il s’est passé au Capitole »), elle a également critiqué Chip Roy, un membre du Congrès du Texas, pour avoir exigé qu’elle s’excuse auprès de Cruz. « Ce sont les tactiques des abuseurs. Ou plutôt, ce sont les tactiques que les abuseurs utilisent. »
Son intervention dépasse désormais le million de vues et a été saluée pour son courage et son honnêteté.
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